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Les visages du nouveau gouvernement allemand (1)

Le nouveau gouvernement allemand lors de sa nomination par le président fédéral Walter Steinmeier au château Bellevue, © picture alliance/dpa | Bernd Von Jutrczenka
Rajeuni et paritaire : tel est le nouveau gouvernement allemand. Il comprend 16 ministres, plus le chancelier, d’une moyenne d’âge de 50,4 ans (contre 51,2 ans auparavant). Parmi eux, quatre faisaient partie du gouvernement Merkel. Première partie de notre galerie de Portraits.
Olaf Scholz, chancelier fédéral (SPD)
Le nouveau chancelier allemand est né le 14 juin 1958 à Osnabrück (Basse-Saxe). Il a grandi à Hambourg. Juriste de formation, il est devenu avocat en 1985, spécialisé en droit du travail. Il a pris tôt, à 17 ans, sa carte au Parti social-démocrate (SPD). Mais il n’a véritablement débuté sa carrière politique qu’à la quarantaine en devenant député au Bundestag en 1998.
Il a siégé de 1998 à 2001, puis de 2002 à 2011, et a de nouveau décroché une circonscription à Potsdam en septembre dernier. Entre-temps, il a été sénateur de Hambourg à l’Intérieur (2001), ministre du Travail et des Affaires sociales dans la première grande coalition d’Angela Merkel (2007-2009), maire de la ville-État de Hambourg (2011-2018), puis ministre des Finances et vice-chancelier du dernier gouvernement d’Angela Merkel (2018-2021).
Il s’est construit une solide popularité en tant que maire de la ville hanséatique. Il y était loué pour son aspect affable, attentif, ainsi que pour son style sobre, laconique et efficace. Ce caractère peu démonstratif lui a parfois valu le surnom de « Scholzomat » (contraction de « Scholz » et « automate »).
C’est également un stratège et un gestionnaire de crise éprouvé. Ces deux dernières années, il a affronté la crise sanitaire en première ligne, en tant que vice-chancelier et ministre des Finances, responsable du versement des aides à l’économie et de la bonne tenue du budget.
Il est marié à Britta Ernst, ministre régionale de l’Éducation du Brandebourg (SPD), et sans enfant. Bien qu’il soit très discret sur sa vie personnelle, on le sait adepte de la course à pied et de l’aviron.
Robert Habeck, Économie et protection du climat (Verts)
Né en 1969 à Lübeck (Schleswig-Holstein), dans le nord de l’Allemagne, Robert Habeck est entré sur le tard en politique. Docteur en philosophie après des études de lettres et sciences humaines à Fribourg-en-Brisgau, Roskilde (Danemark) et Hambourg, il s’est d’abord fait connaître comme écrivain, auteur notamment de romans à quatre mains avec son épouse Andrea Paluch.
Sa carrière politique a débuté en 2002 au niveau local, à Flensburg (Schleswig-Holstein). Il est rapidement devenu président de la section des Verts dans son arrondissement, puis des Verts du Schleswig-Holstein (2004-2009). En 2009, il est devenu président du groupe parlementaire de son parti à l’assemblée régionale (Landtag) du Schleswig-Holstein (2009-2012). De 2012 à 2018, il a ensuite exercé des fonctions au gouvernement du land en tant que ministre de la transition énergétique, de l’agriculture, de l’environnement et des espaces ruraux. Il est depuis 2018 coprésident des Verts allemands aux côtés d’Annalena Baerbock.
Très populaire dans l’opinion, il incarne une nouvelle génération du parti écologiste, non-idéologique et pragmatique, qui se veut éloignée des querelles passées entre « Fundis » et « Realos ». Il a contribué à ouvrir le parti à de nouvelles catégories de sympathisants.
Christian Lindner, Finances (FDP)
Il avait annoncé dès la campagne électorale qu’il briguait le ministère des Finances. À 42 ans, Christian Lindner a atteint son but. Le natif de Wuppertal (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) parvient au gouvernement pour la première fois après un début de carrière éclair. Encarté chez les libéraux (FDP) dès l’âge de 16 ans, il crée une section des jeunes libéraux. À partir de l’an 2000, il siège à l’assemblée régionale (Landtag) de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, alors qu’il est encore étudiant en sciences politiques, droit public et philosophie. En 2001, il fonde une start-up qui périclitera. Mais sa carrière politique prend son envol : secrétaire général du FDP de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (2004), député au Bundestag (2009), secrétaire général du FDP au niveau national. Après un retour dans sa région d’origine (2011-2013), il prend la présidence du FDP après que le parti libéral a essuyé une défaite historique aux élections législatives, échouant pour la première fois de son histoire à franchir la barre des 5 % pour être représenté au Bundestag. Christian Lindner devient le plus jeune président de l’histoire du parti. Orateur brillant et bourreau de travail, toujours préparé et concentré, il serre les rangs et redresse le FDP, qui obtient 11,5 % des voix aux dernières élections.
Nancy Faeser, Intérieur et Territoires (SPD)
Elle est l’un des nouveaux visages et l’une des surprises du nouveau gouvernement allemand. Âgée de 51 ans, Nancy Faeser était pressentie de longue date au sein du SPD pour occuper un poste à Berlin. Mais jusqu’à présent, la carrière politique de cette juriste et avocate s’était déroulée dans le land de Hesse. Elle y était députée à l’assemblée régionale (Landtag) depuis 2003. Elle a parallèlement exercé les fonctions de secrétaire générale (2014-2019), puis présidente du SPD (depuis 2019) en Hesse. Plutôt classée à la droite du SPD, elle s’est surtout fait un nom en traitant les dossiers de plusieurs affaires criminelles liées à l’extrême droite, tels que les meurtres racistes de la NSU, l’assassinat du préfet de Kassel, Walter Lübke, et l’attentat meurtrier de Hanau. Ministre de l’Intérieur et des Territoires, elle se voit confier un vaste portefeuille qui va de la sécurité intérieure à la promotion du sport en passant par l’intégration et la protection de la Population.
Annalena Baerbock, Affaires étrangères (Verts)
Première femme à la tête de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock est depuis 2018 co-présidente des Verts allemands aux côtés de Robert Habeck. Née en 1980 à Hanovre, elle s’est intéressée tôt à la politique. Après des études de sciences politiques à Hambourg et de un master de droit international public à la London School of Economics and Political Science (2000-2005), elle a débuté sa carrière comme collaboratrice et cheffe de bureau de la députée européenne Elisabeth Schroeter (2005-2008). En 2005, elle a 25 ans quand elle prend sa carte des Verts. C’est le début d’une ascension rapide. En 2008-2009, elle exerce comme conseillère pour les questions relatives à la politique étrangère et de sécurité du groupe parlementaire des Verts. Elle préside ensuite le parti des Verts dans le Brandebourg (2009-2013), puis devient députée au Bundestag en 2013. Si elle n’a pas encore pas d’expérience directe au gouvernement, Annalena Baerbock est reconnue pour sa maîtrise précise et approfondie des dossiers, notamment environnementaux, son expérience internationale et son fort ancrage européen. Cette mère de deux jeunes enfants et travailleuse acharnée jouit en outre d’une grande popularité dans l’opinion publique pour son dynamisme et son authenticité.
Marco Buschmann, Justice (FDP)
Né à Gelsenkirchen, au cœur de la Ruhr, et âgé de 44 ans, Marco Buschmann est un collaborateur très proche du président du parti libéral (FDP), Christian Lindner. Encarté au FDP depuis 1994, ce juriste de formation a débuté sa carrière comme avocat dans un cabinet international à Düsseldorf. Il a soutenu sa thèse de doctorat en 2016 sur le droit de propriété dans l’Union européenne. Au sein du FDP, il a occupé très tôt des fonctions importantes chez les Jeunes libéraux et dans les sections locales. Elu député au Bundestag de 2009 à 2013, puis à nouveau depuis 2017, il a s’est surtout spécialisé dans les questions juridiques. Il est avec Christian Lindner l’un des artisans du redressement du FDP après sa sévère défaite aux élections législatives de 2013, d’abord comme secrétaire exécutif du parti, puis comme coordinateur du groupe parlementaire du FDP au Bundestag. Ce stratège, réputé être une « grosse tête » qui aime aussi lire des livres de philosophie, a modernisé le travail parlementaire, notamment grâce aux outils numériques.
Hubertus Heil, Travail et Affaires sociales (SPD)
Âgé de 49 ans et originaire de Basse-Saxe, il est le seul ministre du gouvernement précédent à être reconduit au même portefeuille. Diplômé de sciences politiques et de sociologie, il a pris sa carte au Parti social-démocrate (SPD) à l’âge de 16 ans. Il y a occupé plusieurs fonctions éminentes au fil des ans : secrétaire général du parti (2005-2009 et en 2017), membre de la direction (depuis 2011), vice-président du SPD (depuis décembre 2019). Il siège au Bundestag en tant que député depuis 1998. En mars 2018, il a pris la succession d’Andrea Nahles à la tête ministère du Travail et des Affaires sociales et conserve ce poste dans le nouveau gouvernement. Dans ce domaine qu’il connaît bien, il allie une forte réputation de compétences et une volonté de défendre les valeurs de la social-démocratie. Au cours de la précédente législature, il a fait adopter des projets de loi tels que la pension de base. Puis, il a eu à gérer les conséquences de la crise sanitaire sur le monde du travail en instaurant le dispositif d’activité partielle, en défendant le recours au télétravail et en plaidant pour de meilleurs salaires pour les soignants. Il portera dans les prochains mois l’un des projets phares du gouvernement Scholz : la hausse du salaire minimum de 9,60 € à 12 €. Deux autres « gros » dossiers lui reviendront également : la stabilisation du niveau des retraites et la création d’une « allocation citoyenne » pour remplacer le très décrié minimum social « Hartz IV ».
Christine Lambrecht, Défense (SPD)
Juriste âgée de 56 ans, Christine Lambrecht était ministre de la Justice (2019-2021) et de la Famille (2021) dans le précédent gouvernement. Entrée au Parti social-démocrate (SPD) en 1982, elle a enseigné le droit commercial et des sociétés à l’Académie professionnelle de Mannheim. Elle s’est ensuite tournée vers le barreau à partir de 1995. Elle a aussi siégé comme députée au Bundestag de 1998 à 2021. Au sein du groupe parlementaire du SPD, elle a exercé plusieurs fonctions, dont celles de vice-présidente du groupe parlementaire du SPD (2011-2013 et 2017-2018) et de première secrétaire d’État parlementaire. Après un passage au ministère des Finances en tant que secrétaire d’État parlementaire, elle a succédé à Katarina Barley au ministère de la Justice. Désormais ministre de la Défense, elle devra aborder un domaine nouveau pour elle et remédier aux difficultés que traverse la Bundeswehr, par exemple en matière d’équipement.
A.L.
Retrouvez les « Nouvelles d’Allemagne » vendredi 17 décembre pour la deuxième partie de notre galerie de portraits du nouveau gouvernement !