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Engagement de l’Allemagne au Sahel : le Bundestag débat au sujet des missions de la Bundeswehr

La ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock visite un centre médical au Camp Castor à Gao au Mali le 11 avril 2022, © Florian Gaertner / photothek
L’Allemagne souhaite continuer d’assumer certaines responsabilités au Sahel, en particulier dans le cadre de la mission des casques bleus des Nations Unies. Le Bundestag allemand a débattu le 11 mai de l’engagement de la Bundeswehr dans le cadre de deux missions dans la région.
Malgré l’engagement de la communauté internationale, la situation en matière de sécurité continue de se détériorer au Sahel : depuis plusieurs années, la région est en proie à des conflits ethniques et des affrontements entre agriculteurs et éleveurs par rapport aux ressources limitées. Le terrorisme et la criminalité organisée foisonnent, tandis que les répercussions de la crise climatique s’y font vivement ressentir. Elles aggravent des conflits existants dans les pays du Sahel, alors que ceux-ci comptent déjà parmi les plus pauvres au monde.
Dans certains pays de la région, les systèmes politiques sont également déjà touchés par cette instabilité. L’armée a ainsi commis plusieurs coups d’État au Mali et la transition visant le retour aux structures démocratiques est lente. De graves violations des droits de l’homme n’ont toujours pas pu être suffisamment tirées au clair.
Un engagement de la Bundeswehr dans le cadre de deux missions différentes
La situation en matière de sécurité au Sahel ne revêt pas uniquement une grande importance pour la population sur place et la stabilité du continent africain, ses répercussions se font ressentir jusqu’en Europe. L’Allemagne apporte donc son soutien aux pays du Sahel pour la mise en place et le renforcement de structures et d’institutions étatiques opérationnelles.
L’Allemagne participe également depuis 2013 à deux missions militaires au Mali. En raison de l’évolution des conditions, le gouvernement fédéral a donc soigneusement contrôlé son engagement actuel, effectué les modifications de mandat nécessaires et décidé le 11 mai de demander au Bundestag la reconduction des missions jusque fin mai 2023.
Mission MINUSMA de l’ONU
La mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) participe à la mise en œuvre du processus de paix interne au Mali ainsi qu’à la stabilisation des territoires centraux du Mali. L’un des principaux éléments consiste à protéger la population civile dans les régions particulièrement instables. Les militaires engagés dans cette mission permettent également de sécuriser la distribution d’aide humanitaire.
La ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est rendue au Sahel en avril de cette année et elle a décrit ses impressions de ce voyage devant le Bundestag le 11 mai :
La situation au Mali est tout sauf simple. Chères et chers collègues qui m’accompagnaient, c’est un constat que nous avons également fait ensemble sur place à Bamako. J’ai donc signalé tout à fait clairement au président de transition Assimi Goïta ainsi qu’au ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop de ce gouvernement installé au pouvoir à la suite d’un coup d’État : la transition vers un gouvernement élu ne doit pas continuer à traîner. Il ne s’agit pas là d’une revendication purement européenne, elle est également soutenue par la CEDAO et le Conseil de sécurité de l’ONU.
Je souhaite toutefois être claire sur un point ici : la MINUSMA ne protège pas le gouvernement malien. Cette mission a pour objet de soutenir la population malienne : des habitants qui souhaitent se rendre sur le marché, des enfants qui veulent enfin retourner à l’école.
Nous sommes bien entendu conscients que l’armée ne suffira pas à garantir la stabilité. Cette mission ne réussira pas à elle seule à stabiliser la région. Mais, inversement, sans un minimum de sécurité, sans ce minimum de protection militaire, le travail politique, notamment le travail de la communauté internationale, ne pourra pas véritablement continuer sur place.
La cheffe de la diplomatie allemande a en outre souligné que la protection des soldates et soldats allemands était absolument prioritaire. Si cette protection ne peut plus être assurée convenablement, « nous adapterons bien entendu notre engagement et, si besoin, nous y mettrons fin », a-t-elle assuré.
La motion du gouvernement fédéral prévoit un engagement futur maximum de 1 400 militaires allemands dans le cadre de l’opération des Nations Unies.
Indépendamment des forces de la Bundeswehr, 20 policières et policiers allemands au maximum peuvent également servir dans le cadre de la MINUSMA. Cet engagement se base sur une décision du gouvernement fédéral datant de l’année 2015.
EUTM Mali : la mission de formation de l’Union européenne au Mali et au Niger
La mission EUTM Mali dirigée par l’UE forme et conseille depuis 2013 des forces armées maliennes afin de leur permettre d’assurer seules la sécurité dans ce grand pays et d’endiguer la menace terroriste. Un contingent de la Bundeswehr se consacrait à soutenir les tâches d’EUTM Mali. Dans le contexte politique actuel, l’Union européenne a décidé début avril 2022 d’interrompre de manière temporaire, progressive et réversible des éléments clefs de la mission de formation et d’entraînement au Mali. Cela s’est traduit par la réduction à une présence minimale de la part de formateurs allemands engagés au Mali dans le cadre de la mission de formation de l’UE ainsi qu’à la suspension jusqu’à nouvel ordre de la formation et des missions de conseil tactique. Les effectifs allemands engagés dans la mission de formation sont plafonnés en tout à 300 soldates et soldats. La majeure partie de ces militaires sont déployés au Niger.
Poursuite du processus
Suite au traitement du dossier en conseil des ministres et à la première lecture des motions au Bundestag le 11 mai, celles-ci ont été transmises aux comités parlementaires pour qu’ils poursuivent les discussions. L’assemblée plénière du Bundestag décidera définitivement fin mai 2022 en deuxième lecture de la reconduction des deux mandats.