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Le « Plan d’action pour l’Afghanistan » fête ses six mois

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock lors d’une conférence de presse sur l’Afghanistan

La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock lors d’une conférence de presse sur l’Afghanistan, © Felix Zahn/photothek.net

27.06.2022 - Article

Les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août 2021. Depuis, la situation politique et humanitaire est extrêmement précaire. Le 23 décembre 2021, Annalena Baerbock a présenté son « Plan d’action pour l’Afghanistan ». L’heure du bilan est venue : on constate des zones de lumière et d’ombre.

Le 15 août 2021, les talibans ont pris le contrôle de Kaboul et, en conséquence, le pouvoir en Afghanistan. La situation économique et humanitaire du pays s’est depuis détériorée et les droits humains ont été fortement restreints.

Peu de temps après sa prise de fonctions en tant que ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock a présenté, le 23 décembre dernier, son « Plan d’action pour l’Afghanistan ». L’objectif de celui-ci : soutenir la population civile et évacuer plus rapidement les anciens recrutés locaux et les Afghanes et Afghans nécessitant une protection particulière et qui sont sous la responsabilité de l’Allemagne. Quelles sont les avancées des six derniers mois ? Quels objectifs reste-t-il encore à atteindre ? Dans quels domaines y a-t-il eu des revers ?

Accélération des évacuations

Passeports afghans à l’ambassade d’Allemagne à Islamabad 
Passeports afghans à l’ambassade d’Allemagne à Islamabad© Felix Zahn/photothek.net

Environ deux tiers des personnes ayant reçu une autorisation d’accueil de la part de l’Allemagne ont été évacuées d’Afghanistan. Il s’agit là de plus de 21 000 Afghanes et Afghans qui travaillaient comme recrutés locaux ou qui s’engageaient pour la démocratie et les droits humains en Afghanistan. La majorité des recrutés locaux, environ 75 %, sont parvenus à quitter l’Afghanistan. Par ailleurs, la quasi-totalité des ressortissants allemands sont sortis du pays avec leur famille. Toutefois, quelque 10 000 personnes attendent toujours de pouvoir elles aussi quitter l’Afghanistan. Cela vaut surtout pour celles figurant sur la liste dite « liste des défenseurs des droits de l’Homme » et qui sont donc particulièrement vulnérables. Parmi celles-ci, seule la moitié ont réussi à partir.

Obstacles et solutions possibles

Les obstacles pour quitter l’Afghanistan sont nombreux : afin de pouvoir quitter le pays par voie aérienne, les talibans exigent un passeport que nombre de personnes vulnérables n’ont pas. Les pays voisins de l’Afghanistan insistent également sur la nécessité de présenter un visa, ce qui peut être très coûteux et requiert d’avoir un passeport. Environ deux tiers des évacuations se sont faites via le Pakistan. Un réseau désormais rodé, composé de la GIZ et d’ONG, intervient pour aider les personnes à sortir de l’Afghanistan et pour organiser des hébergements intermédiaires à Islamabad ainsi que des vols de correspondance vers l’Allemagne. Afin de financer toutes ces mesures, le ministère fédéral des Affaires étrangères a octroyé à la GIZ 32 millions d’euros ; il s’agit du plus grand projet jamais mis en place en matière d’évacuations organisées. Ces mesures ont permis d’accélérer considérablement les évacuations depuis le mois de janvier par rapport à l’année précédente : quelque 12 000 personnes ont pu sortir de l’Afghanistan depuis le début de l’année.

Grâce à une coopération fructueuse avec le gouvernement pakistanais, plusieurs milliers de personnes ont également pu être évacuées sans passeport en étant munies de leur carte d’identité afghane. Cette mesure a été rendue possible grâce à une disposition particulière convenue avec le gouvernement pakistanais, qui a depuis été prolongée. Plus de 2 600 personnes ont également quitté l’Afghanistan via l’Iran. Des négociations intenses sont par ailleurs menées avec d’autres pays de la région, notamment l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Qatar, pour pouvoir permettre une évacuation via ces pays.

Allègement des formalités administratives et création d’un programme d’accueil fédéral

Plusieurs formalités administratives ont été supprimées afin de faciliter l’entrée des Afghanes et Afghans sur le territoire allemand. Cela inclut entre autres l’abandon provisoire des examens de langue pour les membres de la famille ainsi qu’une vérification simplifiée des documents officiels. Pour accélérer les procédures de visa, les autorités compétentes coopèrent avec des prestataires externes et les représentations allemandes qui sont fortement sollicitées délèguent la décision d’octroi de visa à des acteurs en Allemagne.

Cependant, le programme d’accueil fédéral pour l’Afghanistan convenu dans l’accord de coalition est toujours en voie d’élaboration. Le Bundestag a débloqué des fonds à cet effet et le ministère fédéral de l’Intérieur ainsi que le ministère fédéral des Affaires étrangères sont en train de se concerter à ce sujet. Jusqu’à la concrétisation du programme, une procédure simplifiée d’octroi de visas humanitaires a été convenue pour les cas d’urgence particulière. Il est également primordial d’associer la société civile à ce processus. Ainsi la cheffe de la diplomatie allemande et la ministre fédérale de l’Intérieur ont-elles rencontré des représentantes et des représentants d’ONG au mois de mars, et des ONG ont accompagné Mme Baerbock lors de son voyage au Pakistan. La ministre entend poursuivre ce dialogue, y compris avec la société civile afghane.

Un soutien à la société civile pour faire face aux entraves à la liberté et aux droits des femmes en Afghanistan

L’évolution de la situation en Afghanistan est particulièrement préoccupante, notamment en ce qui concerne les droits des femmes qui sont de plus en plus limités. Les lycéennes n’ont par exemple toujours pas le droit d’aller à l’école, les animatrices TV doivent se couvrir le visage et les femmes n’ont plus le droit de voyager seules. La pression politique exercée par la communauté internationale et les incitations économiques proposées par cette dernière n’ont jusqu’à présent pas suffi à induire un changement de comportement des talibans.

La situation humanitaire et économique en Afghanistan reste elle aussi précaire. Environ la moitié des Afghanes et des Afghans sont menacés de faim et dépendent de l’aide humanitaire. C’est pourquoi l’Allemagne a coorganisé une grande conférence des donateurs pour l’Afghanistan, qui a permis de récolter près de 2,4 milliards de dollars US pour de l’aide humanitaire. L’Allemagne s’est engagée à verser 200 millions d’euros supplémentaires pour 2022. Parallèlement, le gouvernement fédéral et ses partenaires internationaux cherchent des moyens de stabiliser la situation économique en Afghanistan, sans que cela ne profite pour autant directement aux talibans. Dans ce contexte, il est essentiel que la communauté internationale soutienne le système de santé afghan.

L’Allemagne a consolidé ses programmes de protection destinés aux étudiantes et étudiants, aux scientifiques et aux travailleuses et travailleurs culturels. Le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement ainsi que la déléguée du gouvernement fédéral à la Culture et aux Médias travaillent conjointement à un programme de protection pour les journalistes menacés afin de soutenir le paysage médiatique sous pression.

Aux côtés d’organisations telles qu’ONU Femmes, le gouvernement fédéral vient en aide des défenseuses des droits humains afghanes en Afghanistan ainsi que dans les pays voisins. Enfin, l’Allemagne œuvre avec ONU Femmes et d’autres organisations à la réouverture d’établissements dont les femmes et les filles ont urgemment besoin, comme des centres de protection et des centres de conseil.

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