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« La COP de la solidarité »

Anna Lührmann, ministre adjointe chargée des affaires européennes et du climat 

Anna Lührmann, ministre adjointe chargée des affaires européennes et du climat , © Dominik Butzmann

06.10.2022 - Article

La ministre adjointe Anna Lührmann s’exprime sur les objectifs de l’Allemagne et sur la nécessité de se montrer solidaires lors la prochaine Conférence mondiale sur les changements climatiques (COP 27).

Depuis décembre 2021, Anna Lührmann est ministre adjointe chargée des affaires européennes et du climat au ministère fédéral des Affaires étrangères. Elle nous parle des objectifs de l’Allemagne pour la Conférence mondiale sur les changements climatiques qui se tiendra en novembre en Égypte, de la solidarité qu’il conviendra d’afficher lors de cette COP 27 ainsi que des risques pour la sécurité en raison du changement climatique dans le monde.

Madame la Ministre, quels objectifs le gouvernement fédéral s’est-il fixés pour la COP 27 ?
Je vois clairement trois priorités pour la prochaine COP : Tout d’abord, il est important de rétablir la confiance dans les processus multilatéraux. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine l’a en partie remise en question. Si nous réussissons à coopérer en tant que communauté internationale sur cet enjeu crucial pour l’humanité qu’est le changement climatique, nous aurons déjà fait un grand pas.

Deuxièmement, cette COP doit être celle de la solidarité. La crise climatique touche certes tout le monde, mais les pays les plus pauvres sont particulièrement impactés. Les États qui sont en grande partie à l’origine de cette crise doivent maintenant leur venir en aide.

Troisièmement, nous devons mettre en œuvre concrètement nos promesses de réduction des gaz à effet de serre. C’est le seul moyen de maîtriser un tant soit peu la crise climatique.

Comment réussir à rassembler la communauté internationale ?
Cette année, tout particulièrement, a clairement montré que nous sommes tous dans le même bateau. Les conséquences catastrophiques de la crise climatique se sont fait ressentir aux quatre coins du monde : inondations au Pakistan, sécheresse en Europe, absence de récoltes en Afrique ou encore phénomènes météorologiques extrêmes en Amérique. Partout dans le monde, les gouvernements sentent qu’il s’agit là de questions existentielles et donc, également, de questions de sécurité. Je pense que cette prise de conscience des conséquences du changement climatique peut nous aider à nous unir en tant que communauté d’États. 

Par ailleurs, en tant que pays industrialisés, nous devons également soutenir financièrement nos partenaires du Sud sur la voie de la neutralité climatique. Et nous devons montrer que nous pouvons construire un modèle économique et de prospérité attrayant par le biais d’une transformation verte. 

Quelle peut être, concrètement, la solidarité évoquée ?
Le financement du changement climatique est une tâche essentielle et nous devons nous montrer solidaires dans ce domaine. Les partenariats pour une transition énergétique juste (« Just Energy Transition Partnerships ») constituent à cet égard un instrument concret et, à mes yeux, précurseur. Il existe déjà un partenariat de ce type avec l’Afrique du Sud et d’autres devraient suivre, notamment avec l’Indonésie. Les pays du G7 y travaillent. Il y est question d’aides financières importantes, mais aussi de transferts de technologies. D’une part, les pays partenaires s’engagent à faire progresser leurs mesures en faveur de la transition énergétique – par exemple en accélérant l’abandon de la production d’électricité à partir du charbon. En contrepartie, les pays du G7 les aident en leur fournissant des moyens financiers et des savoir-faire. 

Anna Lührmann avec son homologue française Laurence Boone, secrétaire d’État chargée de l’Europe
Anna Lührmann avec son homologue française Laurence Boone, secrétaire d’État chargée de l’Europe© picture alliance / photothek
Vous êtes ministre adjointe chargée des affaires européennes et du climat. Quelle est l’importance du rôle de l’UE, en particulier dans les conférences sur les changements climatiques ?L’UE joue un rôle très important puisqu’elle négocie au nom de ses 27 États membres. En tant que gouvernement fédéral, nous nous engageons pour que l’Union européenne aborde les négociations avec des objectifs ambitieux. Cela signifie par exemple que nous mettons à l’ordre du jour le thème de la solidarité en cas de dommages et de pertes dus à la crise climatique. Cela veut dire aussi que l’Europe montre l’exemple et qu’elle base ses propres objectifs climatiques sur des mesures ambitieuses.

Quelle est le rôle du transfert de technologie dans la lutte pour une meilleure protection du climat ? Et, d’autre part, en quoi est-il important que les pays trouvent leur propre voie ?
La lutte contre la crise climatique ne peut progresser sans nouvelles technologies. En Europe, on observe de plus en plus l’émergence de nouveaux marchés pour les voitures électriques et les panneaux solaires. Par ce biais, ces technologies peuvent devenir moins chères et meilleures – et donc être plus facilement utilisées dans d’autres pays.

Sur cette question, il est important que tous les pays soient sur un pied d’égalité. Il s’agit aussi d’un apprentissage mutuel. Nous pouvons par exemple apprendre des pays du Sud quelles méthodes de construction permettent une meilleure climatisation. 

En outre, les solutions doivent toujours être adaptées aux conditions locales. Nous le constatons déjà lorsqu’il s’agit d’améliorer le bilan climatique du ministère des Affaires étrangères. Il est par exemple absurde d’exiger que chaque mission diplomatique à l’étranger fasse l’acquisition de vélos. Dans certains pays, les déplacements professionnels à vélo sont courants tandis que dans d’autres, c’est tout simplement impossible pour des raisons de sécurité.

La crise climatique est considérée partout dans le monde comme l’une des plus grandes menaces pour la sécurité. Pourquoi ?
Cela touche au niveau de sécurité le plus fondamental : les conditions de vie des humains doivent être sûres. Toutefois, celles-ci sont de plus en plus menacées lorsque la planète se réchauffe, que le niveau de la mer monte ou que la sécheresse sévit. En outre, dans certaines régions, de nouveaux conflits peuvent éclater précisément parce que les moyens d’existence tels que l’eau ou la nourriture se raréfient. 

Comment l’Allemagne fait-elle face à ce risque ?
Notre principale tâche consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’atténuer autant que possible les effets de la crise climatique. Cela concerne tant la politique intérieure que la politique étrangère. En matière de politique climatique extérieure, nous nous fixons actuellement trois objectifs : nous voulons tout d’abord que la COP 27 en novembre aboutisse à un résultat satisfaisant. Nous plaçons en outre la protection du climat au cœur de notre politique étrangère en abordant systématiquement ce thème lors de discussions et de rencontres internationales et en recherchant d’autres possibilités de coopération. Enfin, nous avons pris la résolution de réduire les émissions dans toutes les représentations du ministère des Affaires étrangères à l’étranger.

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