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La conférence sur le climat doit répondre aux attentes

Allocution de Jennifer Morgan, secrétaire d’État au ministère des affaires étrangères et représentante spéciale pour la protection du climat international, le 7 novembre à la COP27 à Charm el-Cheikh

Allocution de Jennifer Morgan, secrétaire d’État au ministère des affaires étrangères et représentante spéciale pour la protection du climat international, le 7 novembre à la COP27 à Charm el-Cheikh, © picture alliance/dpa/Michael Kappeler

09.11.2022 - Article

Tribune de Jennifer Morgan, secrétaire d’État au ministère des affaires étrangères et représentante spéciale pour la protection du climat international, et - notamment - d’Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la transition énergétique.

La crise climatique s’accélère et ses conséquences désastreuses s’aggravent. La sécheresse qui a sévi cette année en Europe, les inondations au Pakistan, les ouragans dans les Caraïbes et en Floride, sans oublier la famine dans la Corne de l’Afrique, sont quelques exemples des effets tragiques du changement climatique.

Les dernières découvertes mondialement reconnues de la science du climat mettent encore plus en évidence l’urgence d’agir. Nous devons profiter de la Conférence sur le climat mondial COP27 qui se déroule ces deux prochaines semaines à Charm el-Cheikh en Égypte pour renforcer nos engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat en 2015 et mettre en œuvre le Pacte de Glasgow pour le climat adopté l’année passée. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps.

Pour y parvenir, nous devons être unis dans quatre domaines.

Premièrement, il est capital de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C. Avec le Pacte de Glasgow pour le climat, il a été acté que cette mesure est indispensable afin de restreindre à la limite du supportable les conséquences du réchauffement climatique qui sont d’ores et déjà immenses.

Le GIEC, le groupe intergouvernemental des experts mondiaux sur l’évolution du climat, a clairement démontré qu’une augmentation de 2 °C aurait déjà de lourdes conséquences pour des milliards de personnes et pour l’intégrité écologique de la planète. Le réchauffement actuel à hauteur de 1,2 °C a déjà de graves effets.

Toutefois, au vu des objectifs climatiques des États, nous nous dirigeons vers une augmentation moyenne de la température d’au moins 2,5 °C. Dans de nombreuses régions, notamment en Afrique, cette augmentation serait nettement plus importante. Comme cela a été décidé à Glasgow, nous tous – mais en particulier les pays du G20 qui sont responsables à eux seuls de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – devons redoubler nos efforts pour atteindre cet objectif de 1,5 °C. Au sein de l’UE, nous négocions actuellement dans le cadre de l’« Ajustement à l’objectif 55 », le paquet législatif le plus complet du monde qui rassemble tous les secteurs et qui vise à réduire les gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport à 1990 et à atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050.

Le Royaume-Uni sortira du charbon d’ici 2024 et tirera 95 % de son électricité de sources sobres en carbone d’ici 2030 grâce à un développement massif des énergies renouvelables. Même si la République des Îles Marshall n’est responsable que d’une part infime des émissions mondiales, elle a déjà soumis deux NDCs (Nationally Determined Contributions ou Contributions déterminées au niveau national) ambitieuses. Mais tout comme de nombreux autres pays en développement, les Îles Marshall ont besoin d’aide pour la décarbonisation.

La crise énergétique mondiale nous incite à accélérer au niveau mondial l’utilisation d’énergies sans émissions de carbone, en premier lieu issues de sources renouvelables, et nous offre l’opportunité de le faire d’une manière équitable. En plus du recours à des solutions technologiques, ceci implique également que nous tirions profit du potentiel des solutions d’origine naturelle, par exemples les forêts, et que nous reconnaissions la valeur des écosystèmes pour la protection du climat.

Deuxièmement, nous devons renforcer les moyens de financement de l’action climatique à l’échelle mondiale. Dès 2009, les chefs d’État et de gouvernement des pays industrialisés se sont engagés à Copenhague à mobiliser ensemble 100 milliards de dollars US par an à partir de 2020 pour financer l’action climatique dans les pays en développement. Les données de l’OCDE pour 2020 montrent qu’avec 83,3 milliards de dollars, cet objectif n’a pas été atteint. Dans le cadre de la COP27, il est indispensable d’atteindre cet objectif au plus vite pour instaurer la confiance nécessaire.

Nous demandons à tous les pays industrialisés de redoubler d’efforts afin de mobiliser l’aide nécessaire à la transition verte. En parallèle, nous devons simplifier et accélérer l’accès à ces moyens de financement internationaux. Il est important que nous intensifions considérablement nos efforts à l’échelle mondiale – y compris la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni – et que nous coopérions avec les institutions de financement internationales afin de piloter les investissements mondiaux vers un développement durable sobre en carbone et résilient face aux changements climatiques.

Afin de permettre la mise en œuvre de plans de transformation ambitieux dans les pays, les investissements requis à cet effet doivent être mobilisés. Les « Partenariats pour une transition énergétique juste » sont ici un modèle prometteur afin d’aider sur un pied d’égalité à la transition vers un développement neutre et résilient sur le plan climatique. Le premier partenariat a été initié l’année dernière entre l’Afrique du Sud et les pays du G7, d’autres sont prévus dans le cadre de la COP27.

Troisièmement, nous devons progresser au niveau de l’adaptation. Parmi les pays menacés et les plus vulnérables, un nombre trop important doit déjà faire face aux conséquences de plus en plus dévastatrices du changement climatique, notamment à des évènements météorologiques catastrophiques, l’érosion des côtes, des mauvaises récoltes, des populations de poissons instables et des températures insupportables.

Avec le Pacte de Glasgow pour le climat, les pays industrialisés s’engagent à multiplier ensemble leurs moyens de financement pour l’adaptation par deux entre 2019 et 2025. Les pays menacés n’ont plus le temps d’attendre. Lors de la COP27, nous devons tout faire à l’échelle mondiale pour avancer vers cet objectif.

Enfin, la gestion des pertes et préjudices est également décisive. À Charm el-Cheikh, nous devons trouver des solutions de financement pour combler les lacunes existantes. Une partie de la solution est d’étendre les instruments existants tels que les systèmes d’alerte précoce et les assurances. Nous devons, en Égypte, progresser au niveau du financement des pertes et préjudices liés au changement climatique, dans le périmètre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au-delà.

Les jalons nécessaires pour rester à portée de l’objectif du 1,5 °C doivent être posés maintenant, afin d’atténuer les conséquences dramatiques du changement climatique et de nous adapter, afin de progresser substantiellement au niveau du financement nécessaire de la lutte contre le changement climatique et afin d’accélérer nettement la protection du climat. Les générations futures attendent beaucoup de Charm el-Cheikh et nous ne pouvons nous permettre de les décevoir.


Tribune dans DER TAGESSPIEGEL et LE MONDE de Jennifer Morgan, secrétaire d’État au ministère des affaires étrangères et représentante spéciale pour la protection du climat international, Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la transition énergétique, Maisa Rojas Corradi, ministre chilienne de l’environnement, Alok Sharma, président de la COP26, Tina Stege, Chargée de la protection du climat des Îles Marshall et M. Lee White, ministre de l’eau, des forêts, des océans et de l’environnement du Gabon.

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