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Déclaration de politique générale du chancelier fédéral : « La cohésion est notre atout le plus précieux »

Lors de sa déclaration de politique générale, le chancelier allemand Olaf Scholz a exposé les principes qui « guident notre action depuis le début de la guerre »

Lors de sa déclaration de politique générale, le chancelier allemand Olaf Scholz a exposé les principes qui « guident notre action depuis le début de la guerre », © Gouvernement fédéral/Kugler

07.02.2023 - Article

En amont du Conseil européen extraordinaire, le chancelier fédéral Olaf Scholz a prononcé au Bundestag une déclaration de politique générale. Il y a esquissé les sujets qui seront au menu de la réunion à Bruxelles.

Lors de la déclaration de politique générale qu’il a prononcée en amont du Conseil européen extraordinaire, le chancelier fédéral Olaf Scholz a en premier lieu évoqué les tremblements de terre catastrophiques qui ont frappé la Turquie et la Syrie. « Nous sommes choqués par le nombre de morts et de blessés, par l’étendue de la souffrance et de la destruction causées », a‑t‑il déclaré avant d’ajouter que le gouvernement fédéral s’était immédiatement engagé à fournir de l’aide. D’autres informations sur la catastrophe et sur les mesures de soutien de l’Allemagne sont disponibles dans cet article (en allemand).

Un an de souffrance pour la population ukrainienne

Le Conseil européen se penchera une fois de plus sur la guerre d’agression russe contre l’Ukraine que le chancelier allemand a qualifiée de « catastrophe provoquée par l’homme ». Dans quelques jours, cela fera un an que la Russie a commencé à envahir son pays voisin. « Cela signifie que chaque jour depuis douze interminables mois, les Ukrainiennes et les Ukrainiens redoutent de nouvelles attaques russes, s’inquiètent pour leurs proches, pleurent ces derniers et craignent également pour leur propre vie », a déclaré Olaf Scholz. Il a ensuite souligné : « Nous exprimons toute notre compassion et notre solidarité à l’Ukraine et à ses courageux citoyens et citoyennes. »

À elle seule, l’Allemagne a débloqué l’année dernière quelque 12 milliards d’euros pour venir en aide à l’Ukraine. « Ce soutien, nous le renouvellerons en 2023 », a déclaré le chancelier fédéral avant de préciser que l’Allemagne participait à la reconstruction ainsi qu’à la stabilisation du budget national ukrainien et de l’économie du pays. Par ailleurs, l’Allemagne fournit de l’aide humanitaire et « est de loin le pays en Europe continentale qui livre le plus d’armes et de munitions », a‑t‑il souligné. Depuis le premier jour de la guerre, « la cohésion au sein de nos partenariats et de nos alliances est notre atout le plus précieux. Cette cohésion, nous la maintenons et la renforçons en préparant nos décisions de manière confidentielle avant de les rendre publiques. » En revanche, ce qui nuit à cette cohésion, c’est une « surenchère publique », a poursuivi le chancelier allemand.

Trois principes guident notre action depuis le début de la guerre

Ayant déclaré qu’il était de sa responsabilité d’écarter tout dommage du peuple allemand, le chancelier fédéral a précisé que de cette responsabilité découlaient trois principes qui « guident notre action depuis le début de la guerre » :

  • Nous refusons que les principes fondamentaux de notre ordre de paix en Europe soient remis en cause. Nul pays n’a le droit d’annexer par la force des parties d’un autre pays. Par conséquent, l’UE durcira encore une fois les sanctions à l’égard de la Russie et elle continuera par ailleurs de soutenir l’Ukraine, « aussi longtemps qu’il le faudra ».
  • Aucune décision ne sera prise qui ferait entrer l’OTAN dans cette guerre. « Ce n’est pas l’OTAN qui mène une guerre contre la Russie ; c’est la Russie qui a envahi l’Ukraine », a déclaré Olaf Scholz. « C’est donc à la Russie de terminer cette guerre. Plus cela se fera rapidement, mieux ce sera pour l’Ukraine, pour la Russie et pour le monde entier. »
  • « Dans toutes nos actions, nous agissons de concert avec nos partenaires et nos alliés. C’était le cas pour toutes les décisions majeures que nous avons prises ces douze derniers mois et cela continuera de l’être », a poursuivi le chancelier. Les citoyennes et citoyens en Allemagne peuvent être certains « que nous resterons prudents et que nous garderons notre sang‑froid pour faire des choix réfléchis au sujet de la guerre et de la paix ».

L’Ukraine fait partie de l’Europe

Le Conseil européen extraordinaire discutera de la marche à suivre. Les cheffes et chefs d’État et de gouvernement en profiteront également pour réitérer leur promesse de juin dernier : « L’Ukraine fait partie de l’Europe, son avenir réside dans l’Union européenne ! Et cette promesse, nous la tiendrons ! », a souligné Olaf Scholz.

Le chancelier fédéral a par ailleurs esquissé les autres sujets dont débattront les cheffes et chefs d’État et de gouvernement lors du Conseil européen extraordinaire, notamment la migration et la compétitivité, deux dossiers qui, selon lui, ont le potentiel de diviser l’Union européenne : « Une Union européenne géopolitique devra surmonter ce désaccord pour rester une force créatrice dans ce monde multipolaire du 21e siècle. »

Faire avancer une politique migratoire commune

Le chancelier allemand a ensuite remercié tous les bénévoles, la société civile ainsi que les villes et les communes pour leur engagement sans relâche dans le cadre de la crise ukrainienne. Ces derniers ont en effet souhaité la bienvenue à plus d’un million de réfugiés ukrainiens et ont organisé et arrangé des offres de soutien : « C’est une profonde marque d’humanité pour laquelle je vous remercie de tout cœur ! » La Fédération continuera d’appuyer les länder et les communes : « Nous ne les abandonnerons pas à leur sort ! », a souligné le chef du gouvernement allemand.

Selon lui, le contrôle efficace des frontières extérieures européennes constitue également un élément important de la politique migratoire. Aussi un soutien accru aux États membres de l’UE est‑il essentiel, qu’il s’agisse d’un soutien matériel ou financier ou de l’accueil volontaire de demandeurs d’asile par d’autres pays de l’UE. Le mécanisme de solidarité volontaire mis en place au sein de l’UE ouvre une voie nouvelle pour parvenir à cet objectif.

Le chancelier fédéral est confiant qu’une « réforme du système d’asile européen est encore possible pendant la législature européenne actuelle ». Le fait que l’Allemagne et de plus en plus de pays de l’UE soient tributaires de travailleurs de pays tiers peut également jouer un rôle à cet égard.

Il n’en reste pas moins que « ceux qui n’ont pas le droit de rester en Allemagne doivent quitter le pays », a énoncé clairement le chancelier. À l’avenir, les possibilités de migration légale seront davantage conditionnées au fait que les pays d’origine reprennent leurs ressortissants ne disposant pas du droit de rester en Allemagne. Un premier accord a déjà été conclu avec l’Inde. Afin d’en préparer d’autres, le gouvernement fédéral a nommé Joachim Stamp comme représentant spécial. « Cela nous permettra d’obtenir l’adhésion qui, dans notre pays, existe aussi bien autour de la libre circulation au sein de l’UE que d’une immigration de travailleurs judicieusement choisie. »

Renforcer la compétitivité de l’Europe

Par ailleurs, Olaf Scholz échangera avec les cheffes et chefs d’État et de gouvernement européens sur la compétitivité de l’Europe. Sur la base de propositions de la Commission, le Conseil européen réfléchira à la manière de faciliter la transition des entreprises européennes vers la neutralité climatique.

Convaincu que « l’Allemagne et l’Europe vont dans la bonne direction » sur cette question, le chancelier a ensuite énuméré plusieurs exemples. Il a précisé que les prix de gros de l’énergie étaient retombés au niveau d’avant la guerre en Ukraine, que l’inflation en Europe baissait et que la politique industrielle demeurait stable. La croissance économique européenne aurait même légèrement augmenté ce dernier trimestre et le nombre de travailleurs employés en Allemagne et dans l’UE aurait atteint un niveau record. En matière de diversification des chaînes d’approvisionnement et des débouchés, le chancelier a indiqué que des progrès avaient également été réalisés. À ses yeux, nous sommes pareillement sur la bonne voie en ce qui concerne les accords de libre‑échange entre l’UE et des États tiers, par exemple avec les pays du MERCOSUR.

En annonçant des programmes de soutien pour l’industrie verte, les États‑Unis ont provoqué un débat sur les répercussions de cette politique en Europe. Le chancelier estime néanmoins qu’il s’agit d’une bonne chose que les États‑Unis abordent enfin la question de la transition vers la neutralité climatique aussi résolument que nous le faisons. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à soutenir la transformation verte de leur économie, puisque des milliards d’euros provenant de fonds européens ont été débloqués pour les entreprises européennes. Parmi les instruments de soutien européens figurent le Fonds de cohésion et les ressources issues du pacte vert, de même que la facilité pour la reprise et les programmes REPowerEU et InvestEU. Le chef du gouvernement allemand tire le bilan suivant : « L’Europe n’a pas à se cacher. » Néanmoins, cela ne nous empêche pas d’examiner de près ces programmes pour y identifier d’éventuelles lacunes et des moyens de les combler le cas échéant.

Pour le chancelier fédéral, il importe d’assouplir la législation européenne en matière de subventions pour renforcer l’économie européenne, « en particulier dans les secteurs dont nous avons besoin pour la transformation ». Par ailleurs, il est selon lui nécessaire d’accroître les capacités de production des technologies modernes et propres, notamment dans les secteurs de l’énergie, de la construction et des transports. Des échanges commerciaux libres et équitables sont eux aussi essentiels ; les accords de libre‑échange conclus ou prévus avec des États tiers constituent à cet égard un instrument primordial.

Le chef du gouvernement allemand a achevé sa déclaration en évoquant un principe de la politique étrangère et européenne allemande : « Ce ne sont non pas les exigences rapides et tonitruantes qui l’emportent, mais les idées réfléchies et bien concertées, donc des idées solides. Œuvrer à cela, tel doit être à mes yeux également le rôle de l’Allemagne en Europe. »

© Gouvernement fédéral


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