Les 13 et 14 février, la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock se rendra en Finlande et en Suède. Ce n’est un secret pour personne que l’Allemagne, la Finlande et la Suède sont très proches d’un point de vue politique et culturel. Les deux pays nordiques sont considérés comme des précurseurs en matière de politique sociale et éducative, de politique environnementale et climatique ainsi que de droits humains et de libertés civiles. Dans le cadre de l’UE et de l’ONU, ces deux pays suivent souvent le vote de l’Allemagne et vice-versa. Il existe cependant un domaine où la Finlande et la Suède ont jusqu’à présent misé sur l’autonomie : leur politique de sécurité et de défense.

Le Grand Nord est également en plein tournant historique

Cela fait près de deux cents ans que la Suède est non alignée et la Finlande, quatre-vingts. Mais là aussi, la guerre d’agression russe contre l’Ukraine a entrainé un changement de paradigme. Une grande majorité de la population et les dirigeants politiques des deux pays envisagent désormais l’avenir de la Finlande et de la Suède au sein de l’OTAN. En mai 2022, les deux États ont ainsi déposé leur demande d’adhésion à l’Alliance atlantique. Les raisons en sont évidentes. Ils sont tous les deux voisins de la Russie. La Finlande partage même une frontière de 1 343 km avec elle. Quant à la Suède, elle s’inquiète pour Gotland, une de ses îles situées en mer Baltique qui revêt une importance stratégique. C’est à proximité de celle-ci que des avions de combat russes ont récemment violé l’espace aérien suédois et que la marine russe a renforcé sa présence.

L’Allemagne soutient pleinement l’accession des deux pays à l’OTAN. Cela offrirait non seulement plus de sécurité à la Finlande et à la Suède, mais renforcerait également l’alliance de défense. Les deux pays disposent en effet d’une armée considérable, bien équipée et entraînée. Les pays nordiques seraient alors pour la première fois tous réunis au sein de l’OTAN. De même que le soutien commun apporté à l’Ukraine, cette thématique sera donc largement abordée lors des entretiens politiques de la cheffe de la diplomatie allemande à Helsinki et Stockholm.

Ce que nous pouvons apprendre de nos partenaires scandinaves en matière de sécurité globale

Aussi bien en Finlande qu’en Suède, la sécurité joue un rôle important, même au-delà du domaine militaire. Les deux pays poursuivent une approche de sécurité globale qui intègre aussi bien des domaines tels que la défense civile, la résilience des infrastructures critiques ou l’ouverture des routes commerciales. L’abri de défense civile « Merihaka » à Helsinki ainsi que le brise-glace « Polaris », que M^me Baerbock visitera dans le cadre de son déplacement, en sont des exemples. En Suède, ce concept est appelé «  totalförsvaret » et en Finlande «  kokonaismaanpuolustus », ce qui peut se traduire par « défense totale du territoire ».

Penser conjointement la sécurité intérieure et extérieure semble pertinent. Par conséquent, un nouveau concept global de sécurité doit être ancré dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale du gouvernement fédéral qui est actuellement en cours d’élaboration sous l’égide du ministère fédéral des Affaires étrangères.

UE, OSCE ou encore Conseil des États de la mer Baltique : le multilatéralisme est inscrit dans l’ADN de la Finlande et de la Suède

La Finlande et la Suède jouissent, tout comme l’Allemagne, d’une longue tradition d’engagement au sein de formats et d’organisations à l’échelle internationale. La Suède assure actuellement la présidence du Conseil de l’UE, tandis qu’en juillet, la Finlande reprendra la présidence du Conseil des États de la mer Baltique à l’Allemagne. En 2025, elle assurera également la présidence de l’OSCE. La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock discutera aussi avec ses homologues de la manière de renforcer ces trois organisations à l’aide de réformes. Il sera ainsi question de la mise en place de votes à la majorité qualifiée dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE, de possibles issues au blocage russe d’importants organes de l’OSCE et d’une réorientation du Conseil des États de la mer Baltique après le retrait de la Russie en 2022.

© Ministère fédéral des Affaires étrangères