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Olaf Scholz : « L’Europe doit se tourner vers le monde »

Discours du chancelier Olaf Scholz au Parlement européen, à Strasbourg, mardi 9 mai, à l’occasion de la Journée de l’Europe

Discours du chancelier Olaf Scholz au Parlement européen, à Strasbourg, mardi 9 mai, à l’occasion de la Journée de l’Europe, © picture alliance/dpa | Kay Nietfeld

09.05.2023 - Article

A l’occasion de la Journée de l’Europe, le 9 mai, le chancelier allemand a exposé sa vision de l’Europe devant le Parlement européen, à Strasbourg. Il a plaidé pour une Union européenne assumant ses responsabilités sur la scène mondiale, réformée, élargie et ouverte à l’avenir.

Le 9 mai 1950, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, proposait de mettre en commun les productions française et allemande de charbon et d’acier. L’objectif de cette proposition révolutionnaire : rendre « toute guerre entre la France et l’Allemagne […] non seulement impensable, mais matériellement impossible ». Une nouvelle ère s’ouvrait. La déclaration Schuman est devenue la première pierre de la construction européenne.

Discours du chancelier Olaf Scholz au Parlement européen, à Strasbourg, mardi 9 mai, à l’occasion de la Journée de l’Europe
Discours du chancelier Olaf Scholz au Parlement européen, à Strasbourg, mardi 9 mai, à l’occasion de la Journée de l’Europe© picture alliance/dpa | Kay Nietfeld

73 ans plus tard, le 9 mai est la Journée de l’Europe. C’est l’occasion qu’a choisie le chancelier allemand, Olaf Scholz, pour exposer sa vision de l’Europe devant le Parlement européen, à Strasbourg. Moins d’un an après son discours de Prague, en août 2022, il a appelé l’Union européenne à se « tourner vers le monde ». L’Europe a une mission qui va au-delà de la pacification à l’intérieur de ses frontières, a-t-il expliqué : elle « porte une responsabilité globale ».

Selon le chancelier, « le monde du 21e siècle sera multipolaire. Il l’est déjà depuis longtemps ». De nouvelles puissances économiques, démographiques et politiques émergent de l’Asie à l’Afrique à l’Amérique du Sud. L’Europe représente aujourd’hui 5 % de la population mondiale. Elle doit se transformer pour demeurer en bonne position dans le monde, « sur un pied d’égalité avec d’autres, et à leurs côtés. »

Ainsi, « nous avons besoin d’une Union européenne (UE) géopolitique, d’une UE élargie et réformée et, tout particulièrement, d’une UE ouverte à l’avenir », a exposé M. Scholz.

Pour une « UE géopolitique »

Premièrement, l’Europe doit parler d’une seule voix pour être entendue. Elle n’a jamais été aussi rassemblée que depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le chancelier propose de tirer les leçons de cette expérience pour créer une « UE géopolitique ». Pour cela, il a appelé de ses vœux une meilleure articulation des efforts de défense et le développement d’une économie européenne intégrée dans ce domaine. Il a souligné l’importance de poser maintenant les jalons de la reconstruction de l’Ukraine, ce qui représente une grande chance « pas seulement pour l’Ukraine mais pour l’Europe dans son ensemble. »

Enfin, il a mis en avant la nécessité pour l’Europe de rester compétitive face à la concurrence d’autres grandes puissances. Les Etats-Unis restent le principal allié de l’Europe, a-t-il affirmé. Quant à l’attitude que l’Europe doit adopter vis-à-vis de la Chine, M. Scholz est sur la même longueur d’ondes que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : « pas de découplage, mais une limitation intelligente des risques » de dépendance économique.

Olaf Scholz a, par ailleurs, souhaité la conclusion rapide de nouveaux accords de libre-échanges avec le Sud global : l’Amérique du Sud (Mercosur), le Mexique, l’Inde, l’Indonésie, l’Australie et le Kenya, en particulier. Ces pays et organisations constituent de nouveaux partenaires dont nous devons prendre en considération les inquiétudes et les intérêts légitimes, a-t-il plaidé. Or, négocier pendant de nombreuses années sans aboutir à un accord aurait pour conséquence de nous laisser dicter les règles par d’autres, notamment en matière sociale et environnementale.

Pour une Europe élargie et réformée

Deuxièmement, l’Europe doit, selon M. Scholz, s’élargir et se réformer. « Nous avons opté pour une grande Europe », a exposé le chancelier. L’Europe doit tenir ses promesses vis-à-vis des Balkans occidentaux, de l’Ukraine, de la Moldavie et, à plus long terme, de la Géorgie. L’élargissement de l’Europe n’est pas une question d’altruisme, a-t-il fait valoir. Il en va de « notre crédibilité et de la raison économique », ainsi que « de garantir durablement la paix en Europe après le changement d’ère que constitue la guerre d’agression menée par la Russie. »

Mais « une UE élargie doit être une UE réformée », a-t-il poursuivi. Olaf Scholz propose notamment d’étendre le champ des décisions prises à la majorité qualifiée plutôt qu’à l’unanimité au sein du Conseil des ministres de l’Union européenne. Il a cité deux domaines auxquels une telle réforme pourrait s’appliquer : la politique étrangère et les questions fiscales. Il a, par ailleurs, souhaité que l’UE veille davantage au respect des principes démocratiques et de l’Etat de droit par ses Etats-membres, notamment en engageant plus systématiquement des procédures d’infraction en cas de manquements.

« Nous devons nous ouvrir sans réserve à l’avenir »

Enfin, le chancelier a souhaité que l’Europe s’ouvre à l’avenir. « Nous, Européens, devons nous ouvrir sans réserve à l’avenir », a-t-il affirmé. Cet avenir sera celui de la neutralité carbone. Mais il passera aussi par la résolution des problèmes anciens, tels que la question des migrations.

Dans ce domaine, Olaf Scholz a souhaité que la réforme du système d’asile européen soit adoptée avant les élections européennes de 2024. Nous sommes d’accord sur l’objectif « de mieux contrôler et ordonner les migrations irrégulières sans trahir nos valeurs », a-t-il dit. A l’heure où de nombreuses régions d’Europe ont besoin de main-d’œuvre, tout le monde peut être gagnant si les opportunités de migration régulière vont de pair avec l’exigence adressée aux pays d’origine et de transit de reprendre les migrants sans permis de séjour et avec un contrôle efficace des frontières extérieures de l’UE.

A.L.

Plus d'informations (en allemand)

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