Hausse de la production industrielle, baisse du chômage : deux ans après le début de la pandémie, l’économie allemande a renoué avec la croissance. Mais les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine pourraient nettement freiner la reprise, selon les cinq « Sages » du Conseil allemand des experts économiques. Ce groupe d’économistes qui conseille le gouvernement fédéral, a revu cette semaine à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022.

Une croissance de 1,8 % attendue en 2022

Les Sages tablent sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) allemand de 1,8 %. C’est 2,8 points de moins que ce qu’ils prévoyaient en novembre dernier. Pour 2023, ils s’attendent à une croissance plus dynamique de 3,6 %. Ils soulignent toutefois que leurs prévisions sont « soumises à une très grande incertitude », l’évolution et les conséquences de la guerre en Ukraine étant très difficiles à évaluer.

Selon leurs analyses, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a « fortement détérioré » les conditions économiques. Elle a « entravé les chaînes d’approvisionnement, déjà en tension en raison de la pandémie », explique Achim Truger, l’un des membres du Conseil. « Simultanément, la forte hausse des prix du gaz et du pétrole pèse sur les entreprises et sur la consommation privée ».

Forte Inflation

Selon l’Office fédéral des statistiques, l’inflation s’est élevée à 7,3 % en mars. C’est un niveau inédit depuis l’automne 1981 en Allemagne. Selon les Sages, la hausse des prix devrait s’établir à 6,1 % en 2022, et redescendre à 3,4 % en 2023. Mais elle pourrait grimper jusqu’à 7,5 % cette année, voire davantage en cas de forte hausse des prix de l’énergie.

Le gouvernement fédéral prend actuellement des mesures pour réduire la dépendance de l’Allemagne aux importations énergétiques russes. Malgré tout, il existe un « risque substantiel » de récession en 2022, affirme Volker Wieland, l’un des membres du Conseil. En cas d’arrêt des livraisons de gaz et de pétrole russes ou d’embargo occidental, l’évolution économique pourrait être moins bonne que prévu.

Par ailleurs, les Sages prévoient pour l’été une hausse de la consommation de services impliquant des contacts. Mais la pandémie « constitue elle aussi encore un risque pour la croissance ».

En revanche, la reprise devrait se poursuivre sur le marché du travail, affirment les Sages. Le nombre d’actifs devrait augmenter d’environ un demi-million cette année, et d’environ 250 000 personnes en 2023. « Le marché du travail se montre toujours très solide », souligne M. Truger. Par ailleurs, les Sages n’excluent pas que les accords salariaux qui se négocieront à partir du second semestre compensent en partie la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation.

A.L.

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