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Le gouvernement allemand revoit sa prévision de croissance à la baisse

Le gouvernement allemand prévoit une croissance de 2,2 % en 2022, © picture alliance/dpa | Karl-Josef Hildenbrand
Berlin s’attend à une croissance de 2,2 % en 2022, au lieu des 3,6 % prévus en début d’année. « Le poids de la guerre en Ukraine vient s’ajouter à deux années de pandémie », a commenté le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck.
Après la pandémie, la guerre en Ukraine. Deux mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine, le gouvernement allemand a revu à la baisse mercredi ses prévisions de croissance pour l’année 2022.
Berlin table sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 2,2 %, a indiqué mercredi Robert Habeck, ministre fédéral de l’Économie et de la Protection du climat. C’est 1,4 point de moins que ce qui était attendu en début d’année. En 2023, la croissance devrait atteindre 2,5 %. Ces prévisions ne tiennent toutefois pas compte de l’éventualité d’un embargo sur le gaz russe, ni d’une éventuelle rupture d’approvisionnement qui pourraient entraîner « une récession ».
« Les risques conjoncturels sont évidents », a expliqué Robert Habeck. L’attaque russe renforce l’incertitude, qui s’ajoute à la forte hausse des prix de l’énergie et aux effets des sanctions. « Le poids de la guerre en Ukraine vient s’ajouter à deux années de pandémie », souligne le ministre. « La guerre et ses conséquences économiques viennent nous rappeler notre vulnérabilité. »
Réduire la dépendance allemande aux importations d’énergie russe
Pour s’extraire de cette situation, l’Allemagne a commencé à réduire la dépendance de son économie aux importations d’énergie russe. Les livraisons de gaz russe ne représentent plus aujourd’hui que 35 % de l’approvisionnement allemand, contre 55 % en 2021 et environ 40 % en mars dernier, a indiqué Robert Habeck. Et le pétrole russe ne représente plus que 12 % des importations allemandes de pétrole, a-t-il exposé mercredi dans un tweet.
Cette baisse va se poursuivre. Le gouvernement allemand veut réduire la part du gaz russe à 10 % de son approvisionnement d’ici à 2024. Il met actuellement les bouchées doubles pour construire de nouveaux terminaux de livraison de gaz naturel liquéfié (LNG). Il accélère parallèlement le développement des énergies renouvelables. Et « simultanément, le gouvernement fait tout son possible pour préserver la substance de l’économie allemande dans cette période difficile », a souligné M. Habeck.
Hausse des prix
Le conflit a, en effet, fait flamber les prix de l’énergie. Le gouvernement allemand table sur une inflation de 6,1 % en 2022. C’est 2,8 points de plus que ce qu’il anticipait en janvier. « Nous n’avons connu un tel taux d’inflation qu’à l’époque du choc pétrolier ou juste après la Réunification », souligne Robert Habeck. Mais la hausse des prix devrait ralentir et atteindre 2,8 % en 2023, ajoute-t-il.
Pour aider les ménages à faire face, le gouvernement vient d’adopter un deuxième train de mesures (prime énergie, réduction du prix à la pompe, ticket de transport en commun à prix réduit, prime enfant), que le Bundestag doit encore approuver.
Moral en berne chez les consommateurs, stable chez les exportateurs
Pour l’heure, les ménages allemands continuent à consommer, quitte à rogner sur certaines dépenses pour compenser la hausse des prix. Mais le taux d’inflation de 7,3 % enregistré en mars, un record depuis 1981, a marqué les esprits.
Ainsi, si l’on en croit le baromètre GfK, les consommateurs allemands ont le moral au plus bas. L’indice enregistre une chute de 10,8 points au mois d’avril. Il plonge à son plus bas niveau historique (-26,5 points), un niveau inférieur à celui observé durant le confinement. Les anticipations de revenus sont retombées au niveau de février 2003. La propension à réaliser des achats importants retrouve son niveau de 2008, en pleine crise financière. Cela fait craindre aux économistes une chute de la consommation, à moins que la guerre en Ukraine ne prenne fin.
Dans ce tableau morose, le bon moral des exportateurs apparaît comme une lueur d’espoir. Le baromètre Ifo mesuré auprès de 2300 entreprises industrielles tournées vers l’exportation est passé de -2,9 points en mars à +3,5 points en avril. Les exportateurs anticipent à nouveau une hausse de leur activité au cours des mois à venir. « Malgré les incertitudes et les problèmes de logistique se dessine actuellement une stabilisation du moral à l’exportation », souligne Clemens Fuest, président de l’institut Ifo.
La situation est toutefois très variable d’un secteur à l’autre. Dans l’électronique, beaucoup d’entreprises tablent sur une hausse de leur chiffre d’affaires et, selon l’Ifo, « la confiance revient aussi dans la construction mécanique ». Mais l’industrie chimique, l’industrie du plastique et du caoutchouc ainsi que l’industrie automobile et les fabricants de meubles sont plutôt pessimistes.
A.L.
En savoir plus :
Ministère fédéral de l'Économie et de la Protection du climat (en allemand)
Baromètre GfK du moral des consommateurs (en allemand)
Baromètre Ifo du moral des exportateurs (en allemand)