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L’Allemagne accroît son indépendance envers les importations d’énergie russe

Le ministre fédéral de l’Economie, Robert Habeck, lors du lancement du chantier de construction d’un terminal méthanier à Wilhelmshaven

Le ministre fédéral de l’Economie, Robert Habeck, lors du lancement du chantier de construction d’un terminal méthanier à Wilhelmshaven, © picture alliance/dpa | Sina Schuldt

12.05.2022 - Article

Construction de terminaux méthaniers, redéploiement des achats de pétrole, réserves de gaz, développement accéléré des énergies renouvelables, promotion de l’efficacité énergétique : l’Allemagne accroît peu à peu son indépendance envers les importations d’énergie russe.

Réduire la dépendance de l’Allemagne aux importations d’énergie russe : telle est plus que jamais la priorité du gouvernement allemand après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Un nouveau pas a été franchi cette semaine. Le conseil des ministres a adopté une note d’orientation pour la rédaction d’une loi visant à accélérer la construction de terminaux méthaniers. Le projet simplifiera les procédures d’autorisation, d’attribution et de vérification. La construction de terminaux méthaniers et de gazoducs devrait pouvoir débuter dès cet été, espère le gouvernement.

Construction de terminaux méthaniers

Démarrage des travaux de construction d’un terminal méthanier à Wilhelmshaven, sur les rives de la mer du Nord
Démarrage des travaux de construction d’un terminal méthanier à Wilhelmshaven, sur les rives de la mer du Nord© picture alliance/dpa | Sina Schuldt

Il y a quelques jours, déjà, le ministre fédéral de l’Économie, Robert Habeck, avait assisté à Wilhelmshaven, sur les rives de la mer du Nord, au lancement de la construction d’un terminal flottant pour l’importation de gaz naturel liquéfié (LNG). Il s’agit de la première installation de ce type en Allemagne. Elle permettra d’importer du gaz naturel par bateau depuis des pays qui ne sont pas accessibles par gazoduc. M. Habeck espère voir les premiers navires méthaniers décharger leur cargaison à Wilhelmshaven dès la fin de l’année.

D’autres terminaux méthaniers sont également en projet. Plusieurs sites d’implantation ont été identifiés sur la mer du Nord à Stade (Basse-Saxe), Brunsbüttel (Schleswig-Holstein) et Hambourg/ Moorburg, ainsi que sur la mer Baltique à Rostock ou Lubmin (Mecklembourg-Poméranie occidentale). Le 5 mai, le gouvernement fédéral a ainsi signé un accord avec le land de Basse-Saxe en vue de construire des infrastructures d’importation de gaz naturel liquéfié et de gaz vert. Une enveloppe de 2,94 milliards d’euros a été débloquée pour la location de quatre terminaux méthaniers flottants.

Fait notable : la question de l’environnement est d’emblée intégrée à la réflexion. Le gaz naturel est une technologie de transition, souligne Berlin, qui prévoit d’atteindre la neutralité carbone en 2045. Il est ainsi prévu que les terminaux méthaniers soient reconvertis le moment venu en infrastructures pour l’importation d’hydrogène, une technologie prometteuse pour la protection du climat.

La dépendance allemande déjà en forte baisse

Selon Robert Habeck, les efforts déployés / consentis pour réduire la dépendance allemande aux importations d’énergie russe portent leurs fruits. Les livraisons de gaz russe ne représentent plus que 35 % de l’approvisionnement allemand. Leur part s’élevait à 55 % en 2021 et à environ 40 % en mars dernier.

La même tendance s’observe pour tous les types d’énergies fossiles. La part du pétrole russe représentait 35 % des importations allemandes en 2021. Elle a chuté à 25 % il y a cinq semaines, et à 12 % aujourd’hui. Le gouvernement estime réaliste d’envisager la fin de la dépendance de l’Allemagne au pétrole russe à la fin de l’été. Quant au charbon russe, sa part est passée depuis le début de l’année de 50% à 8 %.

« Toutes ces actions représentent un effort immense pour tous les acteurs concernés, et aussi un coût que les entreprises et les consommateurs ressentent », a toutefois reconnu M. Habeck.

Cette semaine, le ministre s’est ainsi rendu à Schwedt, ville du Brandebourg qui accueille la dernière raffinerie allemande important encore du pétrole russe. L’usine et ses 1 200 salariés constituent un acteur économique important de la région. Ils fournissent 90 % des dérivés pétroliers (essence, diesel, etc.) consommés dans la région de Berlin et du Brandebourg. Le ministre a voulu rassurer les salariés, au moment où la perspective d’un embargo européen sur le pétrole russe se précise. L’Allemagne réoriente actuellement ses importations de pétrole (en provenance du Kazakhstan, des pays de l’OPEP, de la Norvège ou du Royaume Uni, par exemple). Mais le gouvernement donnera des perspectives d’avenir au site de Schwedt.

Stockage du gaz, énergies renouvelables et économies d’énergie

Ainsi, malgré l’ampleur du défi à relever, le gouvernement allemand se veut confiant. L’approvisionnement du pays en gaz reste assuré, a fait savoir le ministère fédéral de l’Économie, alors qu’une baisse des livraisons de gaz russe transitant par l’Ukraine était constatée cette semaine.

L’Allemagne travaille en outre à accroître les réserves nationales de gaz. Le taux de remplissage des réservoirs est passé de 24 % à plus de 34 % entre la mi-mars et le début du mois de mai, a fait savoir le ministère de l’Économie. Des propositions sont par ailleurs attendues à l’échelon européen ces prochains jours.

« Si nos réservoirs de gaz sont pleins à la fin de l’année, si, d’ici là, nous avons connecté au réseau deux à quatre terminaux méthaniers flottants et si nous faisons d’importantes économies d’énergie, nous réussirons tant bien que mal à passer l’hiver même si les livraisons de gaz s’interrompent », a résumé hier M. Habeck.

Car le gouvernement allemand mise aussi sur un autre axe majeur pour réduire sa dépendance aux importations de Russie : les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables. Il a récemment adopté un ensemble / train de mesures pour donner un puissant coup d’accélérateur au développement des énergies éolienne et solaire. Et, si l’industrie et les ménages réduisent leur consommation d’énergie de 10 %, estime M. Habeck, « ce seront les pourcents décisifs pour ne pas se retrouver dans une situation critique. Tout le monde doit participer ».

A.L.

En savoir plus : l'Allemagne accélère sa transition énergétique (en français)

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