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Face à l’inflation, Olaf Scholz va réunir les partenaires sociaux

L’inflation (7,9 % sur un an en mai) grignote sérieusement le pouvoir d’achat des consommateurs allemands. Le gouvernement propose de mettre autour d’une table les syndicats et le patronat pour trouver des solutions, © picture alliance / pressefoto_korb | Micha Korb
En Allemagne, l’inflation a atteint en mai son niveau le plus élevé (7,9 %) depuis l’hiver 1973/74. Malgré les 30 milliards d’euros d’aides votés par le gouvernement, le pouvoir d’achat des ménages souffre. Le chancelier Olaf Scholz va réunir les partenaires sociaux.
Le chancelier Olaf Scholz a annoncé mercredi, dans un discours au Bundestag, qu’il allait réunir autour d’une table les représentants du patronat et des syndicats pour discuter des moyens de soutenir le pouvoir d’achat des ménages face à l’inflation.
« Nous voulons organiser une action concertée contre la pression des prix », a-t-il déclaré. « Nous avons besoin d’un grand effort ciblé face à une situation tout à fait exceptionnelle ».
Le pouvoir d’achat grevé par l’inflation
Selon l’Office fédéral des statistiques (destatis), la hausse des prix sur un an a atteint 7,9 % en mai. C’est son niveau le plus élevé en Allemagne depuis l’hiver 1973/74 et le premier choc pétrolier. Or, malgré des augmentations de salaire, le pouvoir d’achat des ménages n’a pas suivi la hausse des prix. Les salaires réels ont baissé de 1,8 % au premier trimestre.
Résultat : les ménages se serrent la ceinture et la consommation décline. Le chiffre d’affaires réel (c’est-à-dire hors inflation) du commerce de détail a chuté de 5,4 % en avril. Les Allemands réduisent jusqu’à leurs dépenses alimentaires, qui affichent leur plus forte baisse depuis 1994 (- 7,7 %). « Cette évolution est probablement due à la forte hausse des prix alimentaires [+ 8,6 % sur un an au mois d’avril] », avance destatis.
« Le moral des consommateurs est très bas depuis plusieurs semaines dans le contexte de la guerre en Ukraine », confirme Stefan Genth. Pour le directeur général de la Fédération du commerce allemand (HDE), « il ne faut pas attendre de sursaut notable de la consommation dans un délai prévisible ». Le baromètre GfK affiche en mai un record à la baisse du moral des consommateurs. Et selon un sondage Forsa, 56 % des Allemands s’attendent à ce que les prix continuent leur ascension. Seuls 6 % anticipent une évolution à la baisse.
30 milliards d’euros d’aides débloquées
Face à cette situation, le gouvernement fédéral n’est pas resté inactif. Deux paquets d’aides aux ménages ont été votés depuis le début de l’année. Leur montant total : 30 milliards d’euros.

Cette semaine, deux mesures phares sont entrées en vigueur. Premièrement, une baisse des taxes sur les carburants. Elle s’est immédiatement répercutée sur les prix à la pompe dans de nombreuses stations-service, en ramenant bien souvent le prix du litre de super sous la barre des deux euros. Deuxièmement, un « ticket à 9 € ». Il s’agit d’un abonnement aux transports en commun subventionné par l’État. Il permet de voyager sur les réseaux locaux et régionaux pour 9 € par mois. Les deux mesures sont en vigueur pour trois mois.
Selon l’enquête Forsa, toutefois, seul un quart des Allemands (26 %) les jugent suffisantes. 65 % des sondés estiment que le gouvernement doit faire plus. Ce dont Olaf Scholz a conscience. « Les problèmes sont réels et tangibles », a-t-il affirmé cette semaine dans la presse. « Beaucoup de produits se renchérissent, de l’essence aux dépenses de la vie courante. Les citoyens attendent à raison de nous que nous ne les laissions pas seuls. Si la situation l’exige, nous prendrons à nouveau des décisions pour alléger très concrètement » le coût de la vie, assure-t-il.
Les partenaires sociaux bientôt autour d’une table
La lutte contre l’inflation est « une priorité », confirme également le ministre des Finances, Christian Lindner. Quel sera l’enjeu de la réunion du gouvernement et des partenaires sociaux autour d’une table ? Il ne s’agira pas d’un substitut de négociation salariale, préviennent les autorités. D’une part, parce qu’en Allemagne, le principe de l’autonomie tarifaire exclut l’État des négociations salariales, qui sont exclusivement du ressort des partenaires sociaux. De l’autre, parce que le gouvernement entend éviter le scénario d’une « spirale prix-salaires » dans lequel les salaires suivent l’inflation, mais l’alimentent en retour.
Autre certitude, le gouvernement entend mettre fin à la libéralité en matière budgétaire et revenir dès 2023 dans les clous du frein à l’endettement. « Des subventions permanentes à crédit ne constituent pas une solution, d’autant que nous respecterons à nouveau » l’an prochain ce mécanisme constitutionnel, a dit M. Scholz au Bundestag.
L’action concertée devrait donc se concentrer sur la recherche de solutions communes efficaces pour surmonter cette période d’inflation. Il pourra y avoir des mesures de l’État en faveur des salariés, a avancé Robert Habeck. Le ministre fédéral de l’économie identifie deux objectifs. Il faut « éviter que l’inflation ne conduise à une récession », dit-il. Et il faut préserver le pouvoir d’achat des ménages et « faire régner la justice » en répartissant équitablement le fardeau.
Le gouvernement souligne le caractère « exceptionnel » de la situation. Cette hausse des prix résulte de la conjugaison de facteurs « externes », « au tout premier rang desquels la guerre déclarée par la Russie », a dit Olaf Scholz au Bundestag. Cette guerre a fait flamber les prix de l’énergie et des matières premières. S’y ajoutent la perturbation des chaînes d’approvisionnement liées à la pandémie, notamment en Asie, et les plans de relance de plusieurs milliards d’euros adoptés par plusieurs pays qui ont fortement stimulé la demande de matières premières.
A.L.