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Olaf Scholz : « L’industrie doit sortir renforcée de cette période de mutations »

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’industrie allemande sont l’un des thèmes principaux des Journées du patronat allemand, en ce début de semaine, © picture alliance / SVEN SIMON | Frank Hoermann / SVEN SIMON
Guerre en Ukraine, transition énergétique, climat, numérisation, pandémie : à l’occasion des Journées de l’industrie allemande, le chancelier Olaf Scholz a évoqué les grands défis de la période actuelle. L’essentiel est de résoudre les problèmes « ensemble », a-t-il exposé.
Quelles perspectives pour l’industrie allemande ? À l’heure de la guerre en Ukraine, le patronat allemand de l’industrie a revu ses prévisions de croissance à la baisse, de 3,5 % à 1,5 % pour l’année 2022. Il craint une récession en cas d’arrêt total de l’approvisionnement en gaz russe. Il s’inquiète, par ailleurs, des conséquences de la pandémie, notamment en Chine, sur les chaînes d’approvisionnement. Pour ne rien dire de l’enjeu climatique, ni de l’inflation. Ces crises multiples étaient au centre des Journées de l’industrie allemande, lundi et mardi, à Berlin.
Le président de la Fédération du patronat de l’industrie (BDI), Siegfried Russwurm, a fait son autocritique. « Accepter de se rendre massivement dépendants en contrepartie de coûts avantageux et d’économies d’échelle était, vu d’aujourd’hui, aussi erroné que le fait, pour notre pays, de renoncer à investir suffisamment dans sa défense », a-t-il dit. « Nous avons économisé sur les pompiers parce que nous avons tenu pour négligeable le risque d’incendie. Et maintenant, cela flambe ».
Élaborer en commun des réponses aux crises

Plusieurs membres du gouvernement sont venus participer à la discussion avec les représentants de l’industrie. Olaf Scholz a réaffirmé son objectif de voir l’industrie allemande prendre le chemin de la neutralité carbone tout en restant compétitive. « L’industrie doit sortir renforcée de cette période de mutations », a souligné le chancelier.
Selon lui, « le changement d’ère » auquel nous assistons « a de nombreuses facettes » : « le climat, la transition énergétique, la numérisation, et désormais la guerre meurtrière de Poutine avec toutes ses conséquences sur le commerce, l’alimentation et la stabilité au niveau mondial ». « Nous sommes à l’aube de grands bouleversements tels que nous n’en avons jamais vécu de manière aussi concentrée », a-t-il dit.
À ses yeux, l’important est construire ensemble des réponses à ces multiples défis. Le chancelier réunira le 4 juillet prochain le patronat et les syndicats pour réfléchir à une « action concertée » contre l’inflation et le risque de spirale inflationniste. Il mettra également sur pied avec les partenaires sociaux une « Alliance pour la transformation » économique.
L’inflation érode les fondements de toute l’activité économique, a souligné Christian Lindner. Le ministre des Finances a présenté sa réponse aux industriels : des priorités budgétaires, la remise à plat des subventions et la remise en vigueur dès 2023 du frein constitutionnel à l’endettement.
L’énergie employée comme arme
De son coté, le ministre de l’Économie, Robert Habeck, a abordé les conséquences de la guerre en Ukraine. « La réduction des livraisons de gaz russe constitue une attaque envers nous », a-t-il déclaré. Le schéma est toujours le même : l’objectif de la Russie est de faire monter les prix en Europe.
Ainsi, « le débat sur l’approvisionnement énergétique est nécessaire », a-t-il dit. « Nous parlons du fait que l’agression est menée avec l’énergie employée comme arme ». Berlin veut y répondre par un appel aux économies d’énergie et au renforcement de l’efficacité énergétique. Si cette stratégie fonctionne, les réservoirs de gaz seront pleins pour l’hiver. Cela mettrait l’Allemagne à l’abri de coupures franches de la part de Moscou.
Toutefois, « il n’existe pas de garanties », a souligné M. Habeck. Le ministre a remercié les industriels pour leur soutien aux sanctions contre la Russie. « La liberté a un prix. La démocratie, la solidarité avec nos amis et partenaires ont un prix. Et nous sommes prêts à payer ce prix », a-t-il déclaré.
« Poutine a provoqué une guerre parce qu’il ne peut supporter la liberté des gens ». Les dictateurs craignent la liberté des sociétés libres. Et c’est pourquoi Vladimir Poutine ne doit pas gagner, a dit M. Habeck.
Défi climatique
Quant à l’enjeu du climat, le gouvernement a réaffirmé les engagements pris : développement accéléré des énergies renouvelables, stabilisation des tarifs par la suppression de la taxe verte sur l’électricité, accélération des procédures de planification et d’autorisation pour les investissements.
« Le principe est le suivant », a déclaré le chancelier Scholz : « l’utilisation des énergies renouvelables est éminemment d’intérêt public, et sert la sécurité ». Berlin vise 80 % des besoins électriques et 50 % des besoins en chaleur couverts en 2030. Davantage d’énergies renouvelables accroîtront la sécurité d’approvisionnement et la souveraineté énergétique de l’industrie, a souligné M. Scholz.
G7 : « Club pour le climat »
Enfin, le chancelier lancera dans quelques jours son projet de création d’un « Club pour le climat » à l’occasion du sommet du G7, qui se tient du 26 au 28 juin à Elmau, dans les Alpes bavaroises. Il s’agira d’un club ouvert, y compris aux pays émergents. Il encouragera la coopération et la fixation de normes comparables en matière de mesures climatiques. « En définitive, on ne servira la protection du climat et notre économie que si un nombre toujours croissant d’États voient un avantage concret à s’engager dans la voie de la neutralité carbone », a souligné M. Scholz.
A.L.