Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères
Ensemble face à l’inflation
Quelles solutions face à une inflation s’inscrivant dans la durée ? Comment éviter une spirale prix-salaire qui entretiendrait le phénomène ? Tels sont les enjeux de l’Action concertée lancée lundi par le gouvernement allemand, © picture alliance / pressefoto_korb | Micha Korb
Le chancelier Olaf Scholz a réuni lundi ministres, experts et partenaires sociaux pour réfléchir à des solutions face à l’inflation. Son message : « Nous sommes solidaires. Et nous voulons que tous les citoyens parviennent à traverser cette période. »
Avec un taux de 7,6 % sur un an enregistré au mois de juin, l’inflation grignote le pouvoir d’achat des ménages et les marges des entreprises. Le gouvernement d’Olaf Scholz a adopté depuis le début de l’année deux trains d’allègements d’un montant total de 30 milliards d’euros pour y répondre. Mais le phénomène semble devoir s’inscrire dans la durée. Quelles solutions pour préserver les ménages et les entreprises, sans risquer de créer une « spirale prix-salaires » ? Lundi, M. Scholz a inauguré une large concertation avec les partenaires sociaux.
« Action concertée » face à un « défi historique »
Cette « Action concertée » s’inspire directement d’un format imaginé en 1967 par le ministre de l’Economie Karl Schiller. A l’époque, il s’agissait de rétablir un équilibre optimal entre la croissance, l’emploi et prix. L’Allemagne du « miracle économique », en pleine surchauffe, connaissait ses premiers heurts sous la forme d’inflation et de chômage. Il convenait d’éviter que la hausse des salaires n’alimente l’inflation dans une spirale délétère pour l’économie.
L’époque a changé, mais le format demeure. L’Action concertée réunit autour du chancelier des ministres, des responsables syndicaux et patronaux, des économistes ainsi qu’un représentant de la Bundesbank, la banque centrale allemande. L’objectif est d’engager une réflexion commune pour trouver des solutions pragmatiques d’ici l’automne.
Elaborer des solutions d’ici l’automne
La première réunion n’avait donc pas pour enjeu d’annoncer des résultats immédiats. Il s’agissait surtout de parvenir à une compréhension commune de la situation, et d’affirmer la volonté d’y remédier ensemble.
« Nous sommes face à un défi historique », a ainsi souligné le chancelier Scholz. La guerre menée par la Russie en Ukraine change tout. Les fortes hausses de prix liées à la guerre, s’ajoutant à la perturbation persistante des chaînes de production liée à la pandémie, constituent un problème économique et social sérieux. De nombreuses personnes en souffrent dans leur vie quotidienne. Or, « nous devons nous attendre à ce que la situation ne change pas dans un délai prévisible. »
Le diagnostic était partagé par les partenaires sociaux. Selon le président de la Fédération du patronat allemand (BDA), Rainer Dulder, « nous devons nous attendre à des années difficiles. » Pour la présidente de la Fédération allemande des syndicats (DGB), Yasmin Fahimi, il s’agit « d’éviter une récession, de stabiliser les sites de production, de préserver les chaînes de valeur et de sécurité l’emploi » dans la perspective de 2023.
« Solidaires »
Le message des uns et des autres était donc clair. « Nous sommes solidaires » face à l’inflation. « Nous voulons que tous les citoyens parviennent à traverser cette période », a dit Olaf Scholz. « Les écoliers comme les retraités. Les entreprises comme les salariés ». Selon le chancelier, « notre société est forte, bien plus forte qu’on ne le suggère parfois. » La société allemande se distingue par la volonté de « préserver un juste équilibre entre les intérêts, dans l’esprit de l’intérêt commun. Il faut renforcer cet esprit ».
Les salaires n’alimentent pas l’inflation
L’enjeu des prochaines semaines sera donc d’élaborer les instruments économiques susceptibles de soulager les ménages et les entreprises. Le tout, sans tomber dans l’engrenage d’une hausse massive des salaires. Car une telle hausse alimenterait l’inflation en retour, dans une spirale difficile à arrêter. Or, actuellement, les salaires n’alimentent pas l’inflation, s’accordent les participants.
En vertu de l’autonomie tarifaire, principe intangible en Allemagne, l’Etat n’interviendra pas dans la fixation des rémunérations. Mais il peut adopter des mesures d’accompagnement qui reste à définir. Soutenir le pouvoir d’achat via des accords salariaux comme le réclament les syndicats ? Privilégier des primes ponctuelles ? Réduire la fiscalité ? L’augmenter ? Contrôler les prix ? Adopter de nouveaux allègements ? Les concentrer sur les plus modestes ? Les idées avancées sont nombreuses. Et les économistes s’accordent sur un point : la panacée n’existe pas.
A.L.