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Inflation, salaires : les grèves se multiplient en Allemagne

Grève d’avertissement à l’aéroport BER de Berlin lundi 13 mars

Grève d’avertissement à l’aéroport BER de Berlin lundi 13 mars, © picture alliance/dpa | Fabian Sommer

15.03.2023 - Article

Une grève a fortement perturbé le trafic aérien lundi en Allemagne. Mardi et mercredi, c’est au tour du secteur de la santé de cesser le travail. Les salariés et les syndicats réclament de fortes revalorisations des rémunérations pour compenser l’inflation.

Le taux d’inflation a atteint 6,9 % en 2022, selon les derniers chiffres de l’Office fédéral des statistiques (destatis). En février 2023, il s’élevait à 8,7 % sur un an. Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’Allemagne connaît des niveaux d’inflation inédits depuis les chocs pétroliers des années 1970. Résultat : lorsqu’ils font leurs courses, les ménages constatent que leur pouvoir d’achat a baissé. Et de fortes attentes pèsent sur les négociations salariales Elles se déroulent actuellement dans des secteurs clés, dont la fonction publique. La difficulté à s’accorder se traduit par une multiplication des mouvements sociaux.

Quatre aéroports paralysés

Lundi, une grève d’avertissement a ainsi paralysé de larges pans du trafic aérien. Dans les quatre aéroports de Hambourg, Hanovre, Brême et Berlin, des centaines de vols ont été retardés ou annulés. Rien qu’à Berlin, près de 200 vols ont été annulés, selon l’aéroport BER. La grève a aussi touché environ un tiers des 200 atterrissages prévus. Quelque 27 000 passagers ont été affectés. Les halls habituellement bien remplis étaient quasi-déserts. La compagnie allemande Lufthansa a maintenu ses vols vers Berlin et Hambourg. Mais elle a invité les passagers au départ de ses villes à se tourner vers d’autres moyens de transport.

Des négociations tarifaires en cours dans la fonction publique

Une partie du mouvement reposait sur des revendications catégorielles. Les agents de régulation du trafic aérien réclament une prime pour les heures de travail effectuées la nuit, le week-end et les jours fériés.

Mais la principale raison de la grève résidait dans le bouclage des négociations tarifaires dans la fonction publique, fixé au 27 mars. D’ici là, le syndicat Ver.di entend faire pression sur la négociation, qui concerne 2,5 millions de salariés contractuels de la fonction publique fédérale et municipale. Le syndicat réclame une augmentation des rémunérations de 10,5 %, avec un montant plancher de 500 € pour toutes les catégories de salariés. L’employeur public propose une augmentation de 5 % en deux étapes, assortie d’une prime de 2 500 €.

La grogne dans les aéroports est ainsi loin d’être isolée. Sur fond de négociations salariales, elle s’exprime dans beaucoup de secteurs. En ce milieu de semaine, elle touche les hôpitaux, les services de psychiatrie, les maisons de retraite et les services d’urgence. 30 hôpitaux et cliniques de Bavière enregistrent des débrayages. Un scénario qui se répète au grand centre hospitalier universitaire de la Charité, à Berlin, et dans plusieurs hôpitaux à Berlin, Kassel ou Hanovre.

Santé, éducation, transports, ramassage des ordures…

Le syndicat Ver.di a lancé des appels à la grève d’avertissement dans l’éducation, les transports, les casernes de pompiers ou encore l’administration. Certains secteurs en sont au stade de la réflexion. Selon la presse, les syndicats Ver.di et EVG (Syndicat rail et transports) envisageraient de lancer un mouvement dans les transports à la fin du mois. Il pourrait affecter les chemins de fer, mais aussi d’autres moyens de transport dépendant du secteur public. Les grèves se multiplient, par ailleurs, au niveau municipal pour faire pression sur les communes. Les éboueurs de plusieurs métropoles de la Ruhr ont, par exemple, récemment observé des arrêts de travail de plusieurs jours.

Accord salarial à la Deutsche Post

Certains conflits sociaux aboutissent heureusement à un accord. À la Poste allemande (Deutsche Post), les syndicats et le patronat se sont accordés dimanche après quatre sessions éprouvantes de négociations. Ils ont évité de justesse une grève illimitée pour laquelle près de 86 % du personnel s’était prononcé.

L’accord prévoit pour les 160 000 facteurs et employés de l’entreprise une prime non imposable de 3 000 € versée en trois fois (1 020 € en avril, puis 180 € par mois de mai 2023 à mars 2024). À cela s’ajoutera une revalorisation des salaires de 340 € par mois au 1er avril 2024. Cela représente une hausse des rémunérations de 11,5 % en moyenne. Mais la hausse culmine à 20 % pour les catégories de revenus les moins élevées.

A.L.

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