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Sylt, le Saint-Tropez de la mer du Nord

L’île de Sylt, en mer du Nord, est connue pour être très prisée du gratin de la société. Mais elle réserve aussi des vacances abordables et au calme pour le plus grand nombre, © picture alliance / Zoonar | Thorsten Schier
De longues plages de sable blanc, des sites sauvages préservés, des maisons traditionnelles, mais aussi des restaurants de luxe, des casinos et des spots de surf : l’île de Sylt, en mer du Nord, est un lieu de vacances très prisé en cette saison. Par les stars. Mais pas seulement.
Kampen affiche les prix immobiliers les plus élevés d’Allemagne. Ce charmant village entouré d’une lande verdoyante, de falaises rougeoyantes et d’interminables plages de sable blond ne compte que quelques centaines d’âmes à l’année. Mais il abrite les villas d’une pléiade de vedettes de l’art, des affaires et du show-business. C’est, depuis les années 1960, l’un des endroits à la mode de la jet-set internationale, popularisé en leur temps par Günter Sachs et Brigitte Bardot. Un Saint-Tropez allemand, en quelque sorte. Et l’une des adresses les plus chics de Sylt. La plus septentrionale des îles allemandes lui doit sa réputation de paradis des riches et des « beautiful people ». Mais ce joyau de la mer du Nord a également d’autres richesses à offrir.
D’une superficie de 99 km2, Sylt est la plus vaste des îles frisonnes. C’est la quatrième île allemande la plus étendue après Rügen, Usedom et Fehman. Elle a la forme d’une bande de terre allongée selon un axe nord-sud, située au large des côtes allemandes et danoises. Elle est célèbre pour ses interminables plages de sable fin, qui courent sur près de 40 kilomètres. Sa côte est baigne dans la mer des Wadden, classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un cadre idyllique pour les promeneurs, les randonneurs et les cyclistes.
Entre jet-set et terres sauvages

Riche de ses stations balnéaires huppées, Sylt n’a pas renoncé à son authenticité. 45 % de son territoire est situé en zone naturelle protégée. Elle offre des paysages variés : landes, dunes de sables, falaises d’argile tirant sur le rouge (suite à une réaction avec l’oxygène de l’air), côte en forme de coude découvrant une baie, des ports et des phares. On y croise des phoques. On y pratique des loisirs de plein air : surf, voile, yoga sur la plage. On y assiste à des concerts en plein air.
Depuis le milieu du XIXe siècle, le tourisme y a peu à peu supplanté les activités traditionnelles. Sylt passe d’environ 18 000 habitants à l’année à 150 000 à la belle saison. 60 000 lits y sont disponibles pour accueillir les non-insulaires. Les hôtels et les immeubles se concentrent surtout dans la partie centrale de la côte ouest (Westerland), de même que les restaurants gastronomiques, cinéma, boutiques chics, discothèques et autres casinos. Mais à Keitum, petit village de marins qui a conservé son charme historique, on peut encore admirer des maisons frisonnes traditionnelles.
Une longue tradition touristique
Dans le centre de Sylt, on trouve aussi des villas de l’époque wilhelminienne. Elles sont les témoins de l’histoire touristique de l’île. Dès 1855, le Westerland est devenu un lieu de cure pour la bourgeoisie, puis pour les classes moyennes allemandes. La physionomie de l’île s’est alors enrichie de lieux de divertissement. Il fallait occuper les curistes, qui passaient plusieurs semaines coupés du monde.
En 1913, un projet de raccordement de l’île au continent a été voté. Il a été interrompu par la Première Guerre mondiale. Mais au début des années 1920, cette entreprise titanesque est devenue le plus vaste chantier d’Europe. D’un point de vue technique, les ingénieurs ont avancé en terrain inconnu. Ils ont rivalisé d’imagination face à l’imprévisibilité des marées, des dépôts de sable et de la mer des Wadden. Ils ont aussi dû convaincre la population, qui était partagée entre les perspectives de gains financiers et la préservation de la vie insulaire. En 1927, une chaussée de onze kilomètres supportant une voie ferrée a été inaugurée. Baptisée Hindenburgdamm, elle relie le centre de l’île et la côte allemande.
Rendez-vous d’artistes et d’intellectuels
Sous la République de Weimar, Sylt est aussi devenu un havre prisé des artistes et des intellectuels. Les éditeurs Ferdinand Avenarius et Peter Suhrkamp, les peintres Emil Nolde ou Anita Rée, des écrivains comme Thomas Mann, des danseurs, des hommes de théâtre et de cinéma l’ont fréquentée. Ils furent rejoints dans les années 1930 par des dignitaires nazis, tandis que la majorité des hôtels de l’île se fermaient aux juifs.
Après le coup d’arrêt de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle Sylt a été déclarée zone interdite, le tourisme a repris progressivement à partir du printemps 1946. Il a pris son essor dans les années 1960 et 1970 en devenant « the place to be » pour l’élite économique, culturelle, artistique et médiatique. Mais Sylt n’est pas pour autant fermée aux classes moyennes et populaires. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses sur cette île aussi branchée que sauvage.
A.L.