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Une jeunesse en « mode crise »
Frustrated man with nervous problem feel anxiety and confusion of thoughts. Mental disorder and chaos in consciousness. Indoor studio shot isolated on blue background || Modellfreigabe vorhanden, © picture alliance / Zoonar | Khosrow Rajab Kordi
Climat, guerre, inflation, pandémie : les crises à répétition mettent le psychisme des jeunes à rude épreuve. En Allemagne, beaucoup sont anxieux, mais ils demeurent majoritairement satisfaits de leur vie, révèle une étude. 16 % se disent toutefois en détresse psychique.
Comment les jeunes Allemands traversent-ils les crises qui se succèdent ? C’est ce que sondent chaque semestre depuis 2020 Simon Schnetzer et Klaus Herrelmann, deux chercheurs spécialistes de la jeunesse. Leur dernière étude est parue cette semaine. Elle a été menée du 4 au 21 octobre dernier auprès de 1 027 jeunes âgés de 14 à 20 ans. Elle révèle une jeunesse anxieuse, mais qui reste majoritairement positive. Beaucoup de jeunes se sont habitués à vivre en « mode crise » de manière permanente.
L’inflation, préoccupation n°1
L’inflation arrive en tête de leurs inquiétudes (71 %). Plus de la moitié des adolescents et des jeunes adultes sondés (55 %) déclare baisser le chauffage ou prendre des douches froides pour économiser l’énergie face à la hausse des prix. 51 % sont plus attentifs aux promotions sur l’alimentation. Un quart a réduit sa consommation de produits bio.
Le retour de la guerre en Europe (64 %) et le changement climatique (55 %) préoccupent également la grande majorité. 38 % des jeunes se disent « très inquiet » ou « plutôt inquiet » d’une extension à toute l’Europe de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine. 27 % se disent peu inquiets, et 35 % ni inquiet, ni rassuré.
De manière générale, les jeunes Allemands jugent que la situation politique, économique et sociale s’est dégradée au cours des six derniers mois. Ils sont moins optimistes pour l’avenir qu’ils ne l’étaient au printemps dernier. Ils craignent que la fin des années de prospérité n’ait sonné.
Plus de jeunes résilients, une forte minorité en détresse
Beaucoup disent ainsi souffrir de problèmes psychiques comme le stress ou l’apathie. La situation semble toutefois s’être un peu détendue depuis le printemps. La proportion de jeunes qui ont appris à vivre en « mode crise » sans développer de problèmes psychiques est en légère augmentation. « Une certaine routine s’est installée face au caractère exceptionnel de la situation, et une capacité de résilience s’est développée », indique l’enquête.
Une forte minorité (16 %) traverse toutefois une phase de détresse psychique. 10 % des adolescents et des jeunes adultes font même état de pensées suicidaires. C’est « un fort signal d’alarme », soulignent les auteurs de l’étude, d’autant que le chiffre est en augmentation de trois points sur six mois.
La majorité reste satisfaite de sa situation personnelle
Malgré tout, la majorité des jeunes Allemands se déclare satisfait de sa situation personnelle (opportunités d’emploi, reconnaissance sociale, situation financière, santé physique et psychique). « On peut en conclure qu’il existe toujours une base solide pour que les jeunes gardent un bon moral à titre personnel, malgré la situation dégradée », indiquent les auteurs. Un fait inquiète toutefois : un jeune sur cinq (20 % des sondés) dit avoir des dettes.
A.L.