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« L’activisme peut avoir un effet véritablement libérateur »

Annika Rittmann, porte-parole de Fridays for Future

Annika Rittmann, porte-parole de Fridays for Future, © Jan-Marius Komorek

06.03.2023 - Article

L’activisme contre la peur : une interview d’Annika Rittmann, 20 ans, qui lutte contre le réchauffement climatique au sein de Fridays for Future.

Vous organisez de grandes manifestations contre la crise climatique. Quelles sont vos motivations ?

C’est principalement le sentiment de ne pas avoir d’autre choix. Quand j’observe le monde, je remarque avant tout deux choses : les gens ont peur et sont dépassés par la situation. Et ils ont aussi l’impression d’être laissés pour compte par ceux qui pourraient changer les choses. C’est ce qui me pousse à agir.

Vous diriez donc que les grands défis ont plus tendance à pousser les gens à agir qu’à les paralyser ?

La question est de savoir quoi faire face à ce sentiment d’être dépassés par la situation, que je rencontre effectivement chez beaucoup de jeunes de ma génération. À vrai dire, il est plus facile de faire comme si nous n’étions pas concernés par le chaos qui nous entoure. Mais, si on prend conscience que c’est juste une manière de fermer les yeux, il devient alors plus facile de s’engager. L’activisme peut avoir un effet véritablement libérateur.

L’activisme climatique existe depuis longtemps en Allemagne. Quels sont les points communs et les différences que vous observez par rapport à autrefois ?

J’observe surtout des différences. Bien sûr, la crise climatique est un sujet de discussion depuis des décennies dans notre pays. Mais auparavant, il était assez facile de ne pas se sentir responsables. Aujourd’hui, c’est devenu difficile. Les gens se rendent compte que la crise climatique existe bel et bien, et ce depuis longtemps. Quant à nous, les activistes climatiques, nous sommes davantage pris au sérieux et nous sommes parvenus à amener ce discours au cœur de la société, jusque dans les repas de famille.

Vous ne vous engagez pas seulement pour la protection du climat, vous êtes aussi footballeuse et arbitre. Est-ce que le sport professionnel peut être respectueux du climat ?

Je ne vois pas comment les grands évènements sportifs pourraient être neutres sur le plan climatique, du moins à court terme. Cela ne signifie pas pour autant qu’il serait judicieux d’y renoncer purement et simplement. Les manifestations sportives sont ancrées dans notre culture. Néanmoins, il est là aussi possible de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et de cesser de coopérer avec certains pays et multinationales. Le sport professionnel pourrait ainsi être un vecteur important de changement.

L’activisme climatique est international. Y a-t-il cependant des aspects qui distinguent l’Allemagne d’autres régions du monde ?

Contrairement à d’autres pays, on a ici, en tant que jeune engagé, vraiment énormément de possibilités. Nous avons le droit de manifester, la liberté d’expression, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux autres endroits du monde. En même temps, en tant qu’activistes, nous ressentons aussi une énorme responsabilité historique. Après tout, nous sommes nous aussi responsables des conséquences d’une crise que d’autres doivent subir bien davantage que nous. Il y a là un déséquilibre que nous devons sans cesse pointer du doigt.

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