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Grève dans les transports pour de meilleurs salaires

Des quais déserts à la Gare centrale de Berlin : une grève massive a paralysé les transports lundi 27 mars en Allemagne

Des quais déserts à la Gare centrale de Berlin : une grève massive a paralysé les transports lundi 27 mars en Allemagne, © picture alliance/dpa | Robert Michael

28.03.2023 - Article

Une grève d’ampleur inhabituelle a paralysé les transports, lundi, en Allemagne. Les syndicats des transports et de la fonction publique réclament de meilleurs salaires en compensation de l’inflation. Mardi, le trafic était revenu à la normale.

Une mobilisation très forte était attendue. Lundi, l’Allemagne a connu l’une de ses grèves les plus importantes depuis plusieurs années. Les transports ont été paralysés. Aucun train n’a circulé sur les lignes régionales et interrégionales. Les avions sont restés cloués au sol dans la plupart des grands aéroports, dont celui de Francfort-sur-le-Main, le plus grand du pays. Les ports et les voies navigables ont cessé leur activité. Les transports en commun de proximité ont été touchés dans sept länder sur seize. Mardi, le trafic était globalement revenu à la normale, malgré des perturbations dans la matinée.

Perte de pouvoir d’achat face à l’inflation

Cette mobilisation inhabituelle est née à l’appel des syndicats des transports Ver.di et EVG (Syndicat du rail et des transports). Ils sont en pourparlers avec la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn et 50 autres compagnies de transport. Ils réclament de meilleurs salaires en vue de compenser la forte inflation (6,9 % en 2022) pour près de 350 000 salariés. Leur revendication : une augmentation pour tous de 650 € par mois, ou alternativement 12 % de plus pour les salaires plus élevés. La Deutsche Bahn propose une augmentation de 5 % en deux étapes, assortie d’une prime de 2 500 €.

La compagnie ferroviaire juge les revendications excessives, et estime qu’elles nuisent à la crédibilité des syndicats. Ces derniers répondent qu’il y a « de la pression dans la marmite », les salariés ne supportant plus la dégradation des conditions de travail et la vacance de nombreux postes. Ils espèrent que les employeurs tiendront compte du « signal » envoyé lundi sur les 800 piquets de grève. Ils ont toutefois annoncé qu’ils ne renouvelleraient pas le mouvement ni à Pâques, ni avant Pâques. La prochaine session de négociation est prévue pour fin avril.

La fonction publique également concernée

Le conflit salarial touche, par ailleurs, la fonction publique. Les syndicats Ver.di et dbb (Fédération allemande des fonctionnaires) ont ouvert lundi la phase finale de leurs négociations salariales avec l’État fédéral et les communes. Quelque 2,5 millions de salariés sont concernés. Les syndicats demandent 10,5 % d’augmentation sur douze mois, avec un plancher de 500 € mensuels supplémentaires pour tous. Les employeurs proposent 5 % sur 27 mois. L’État fédéral comme les communes refusent un plancher d’augmentation. Ils proposent une prime de 2 500 € versée en deux fois.

Selon le président du dbb, Ulrich Silberbach, un échec de la négociation, qui se termine ce mercredi, n’est pas à exclure. Syndicats et employeurs publics se dirigeraient alors vers une procédure de concertation, durant laquelle la loi impose un « devoir de paix sociale » (Friedenspflicht) sans manifestations.

Bilan

En attendant, l’Allemagne fait le bilan de la mobilisation de lundi. Exceptionnelle par son ampleur, elle n’a pas conduit au chaos redouté sur les routes. Les grandes grèves des transports publics n’ont plus le même impact que dans les années 1970, 1980 ou 1990, notent les observateurs. La flexibilité du travail, en particulier le télétravail ont changé la donne. Selon Andreas Knie, spécialiste de la mobilité interrogé par la chaîne publique ARD, environ 40 % des salariés allemands travaillent aujourd’hui depuis chez eux. Et ce, en moyenne 2,5 jours par semaine.

Par ailleurs, les salariés disposent aujourd’hui d’autres leviers de négociation, souligne Marcel Fratzscher. « La vaste pénurie de main-d’œuvre qualifiée donne aujourd’hui du pouvoir aux salariés, et ce faisant la possibilité d’imposer des accords salariaux plus généreux », explique le directeur de l’institut économique DIW dans le quotidien « Rheinischer Post  ».

A.L.

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