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Intelligence artificielle : Berlin souhaite un cadre réglementaire clair

Le gouvernement allemand souhaite l’élaboration d’un cadre réglementaire clair autour des applications de l’intelligence artificielle

Le gouvernement allemand souhaite l’élaboration d’un cadre réglementaire clair autour des applications de l’intelligence artificielle, © © picture alliance / Alexander Limbach/Shotshop

20.04.2023 - Article

Depuis sa sortie, il est dans toutes les conversations. Ou presque… L’agent conversationnel ChatGPT a accéléré le débat sur les applications de l’intelligence artificielle. À Berlin, le gouvernement souhaite l’élaboration d’un cadre réglementaire clair au niveau européen.

C’est l’une des innovations incontournables de ces derniers mois. Production de textes élaborés, rédaction de devoirs scolaires, résolution de problèmes mathématiques, etc. : la sortie de l’agent conversationnel d’Open AI ChatGPT révèle l’ampleur de possibilités de l’intelligence artificielle (IA). Il fascine. Mais il inquiète aussi. L’Italie a ainsi décidé d’interdire ChatGPT. Un millier d’experts technologiques demandent un moratoire sur le développement de l’IA. À Berlin, le gouvernement fédéral souligne les potentiels de l’IA, mais il souhaite l’élaboration rapide d’un cadre réglementaire.

Selon Volker Wissing, ministre fédéral du Numérique et des Transports, « interdire n’est pas la bonne solution
Selon Volker Wissing, ministre fédéral du Numérique et des Transports, « interdire n’est pas la bonne solution ». Si tous les pays européens interdisent les applications de l’intelligence artificielle, comme l’Italie l’a fait pour ChatGPT, « nous n’[en] développerons pas en Europe » et resterons dépendants des systèmes américains et chinois© picture alliance / PublicAd | Olaf Kosinsky

« Ce que l’intelligence artificielle parvient aujourd’hui à faire est à couper le souffle », applaudit Volker Wissing. Pour le ministre fédéral du Numérique et des Transports, « l’IA est entrée dans le quotidien. Elle va bouleverser nos vies d’une manière positive ». Mais, ajoute-t-il, dans le journal «  Bild am Sonntag », « nous devons réagir avec sagesse et réglementer l’IA de manière raisonnable avant qu’il ne soit trop tard. »

Le ministre plaide pour que l’Europe élabore sans tarder un cadre juridique pour les applications de l’intelligence artificielle. Il s’agit, dit-il, de « s’assurer que cette nouvelle technologie ne peut être utilisée que si elle respecte les valeurs européennes telles que la démocratie, la transparence et la neutralité. Les systèmes d’IA ne doivent pas nous manipuler. Ils doivent nous aider ».

« Un grand potentiel » pour la société

Le gouvernement allemand juge « fondamentalement que les applications d’IA ont un grand potentiel pour la société numérique », renchérit une porte-parole du ministère fédéral de l’Intérieur dans le quotidien « Handelsblatt ». « La question essentielle est de trouver un équilibre entre l’ouverture à l’innovation et un cadre juridique clair définissant les normes d’une IA digne de confiance ».

Selon cette porte-parole, cela pose des questions de principe, des problèmes touchant à la protection des données, ainsi que la question de savoir comment l’on peut éviter les erreurs et les discriminations. Un aspect majeur est la lisibilité des productions de l’IA, explique-t-elle. Il importe que l’IA ne produise pas seulement un résultat, mais que l’on soit capable de retracer la manière elle y est parvenue.

Interdire, une mauvaise solution

Par contre, le gouvernement allemand refuse l’idée d’une interdiction. « C’est une très mauvaise solution », affirme M. Wissing. « Si tous les pays européens [interdisaient ChatGPT] aucune intelligence artificielle ne serait développée chez nous. Et alors nous en serions réduits à l’avenir à utiliser les systèmes américains et chinois. [Car] les gens ne renonceront pas à utiliser cette technologie ».

Saskia Esken, co-présidente du Parti social-démocrate (SPD) et informaticienne de formation, va dans le même sens. Commentant le débat autour de l’utilisation de ChatGPT par les élèves, elle souligne : « la solution ne peut pas être l’interdiction d’utiliser ces programmes ». Il convient plutôt de former les enseignants et de rendre les cours d’informatique obligatoire pour les élèves.

Faire évoluer l’école

Mme Esken plaide pour que l’école évolue face au développement de la technologie. Selon elle, « la transmission et l’examen de connaissances ne devraient déjà plus jouer un rôle aussi important depuis longtemps ». C’est sur le développement d’un rapport critique et responsable des élèves aux outils et aux informations qu’il convient de miser davantage aujourd’hui.

« De manière générale », ajoute-t-elle, « il nous faut renforcer à l’école toutes les capacités qui nous différencient en tant qu’humains de la machine, et qui nous renforcent dans nos rapports avec elle, c’est-à-dire la communication, la collaboration, la créativité et l’esprit critique. »

Conseil d’éthique

Récemment, le Conseil d’éthique allemand a publié un rapport sur le développement de l’intelligence artificielle. Il plaide pour une réglementation stricte de son utilisation. « L’utilisation de l’IA doit épanouir l’humain, non l’amoindrir », souligne sa présidente, Alena Buyx.

A.L.

En savoir plus :

L’intelligence artificielle : prometteuse mais pas sans risque (en français)
Interview du ministre fédéral du Numérique et des Transports, Volker Wissing (en allemand)

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