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Le Parti social-démocrate allemand célèbre ses 160 ans

Le chancelier Olaf Scholz mardi, lors de la célébration du 160e anniversaire du Parti social-démocrate (SPD), auquel il appartient, © picture alliance/dpa | Kay Nietfeld
Le 23 mai 1863, Ferdinand Lassalle fondait à Leipzig l’Association générale des travailleurs allemands (ADAV). Le Parti social-démocrate allemand (SPD), qui en est issu, fêtait mardi ses 160 ans.
« Le progrès a besoin de justice » : c’est sur ce thème que le Parti social-démocrate allemand (SPD) a célébré mardi le 160e anniversaire de la fondation à Leipzig de son ancêtre, l’Association générale des travailleurs allemands (ADAV), créée le 23 mai 1863 par Ferdinand Lassalle. Plusieurs personnalités du parti, dont le chancelier Olaf Scholz, se sont exprimées à la tribune. Au programme, ni fête populaire, ni colloque historique, mais des débats. Et une exposition de 16 portraits de femmes ayant marqué l’histoire de la social-démocratie à la Maison Willy Brandt, à Berlin.
Un défenseur de la démocratie en Allemagne
« 160 ans (…), c’est une longue période », a relevé M. Scholz. « Aucun autre parti en Allemagne ne possède une histoire comparable. » Le chancelier a relié le passé et le présent. Il a rappelé que la tension entre l’exigence du programme et la nécessité d’agir de manière pragmatique avait accompagné le parti tout au long de son histoire. Il importe d’en faire « toujours une tension productive », a-t-il dit.
Au présent, il a évoqué les défis du changement climatique et de la transformation numérique. Il importe d’y faire participer la société, a-t-il souligné. « Ce vaste nouveau départ ne réussira que si les citoyennes et les citoyens ont confiance que l’issue en sera positive. »
Le plus ancien parti d’Allemagne a également reçu l’hommage du chef de l’opposition, Friedrich Merz. Historiquement, le parti de centre-gauche est « un indispensable combattant pour la justice et la démocratie », a salué le président du Parti chrétien-démocrate (CDU). « Les sociaux-démocrates ont été persécutés et assassinés en défendant leur cause. Le SPD a toujours ressuscité ».
Le plus ancien parti d’Allemagne

De fait, l’histoire du parti a suivi les méandres de l’histoire de la démocratie. Elle débute le 23 mai 1863. La création d’un mouvement des travailleurs répond aux conséquences de la révolution industrielle, qui paupérise les ouvriers et restructure l’économie en profondeur. Ferdinand Lassalle donne pour slogan à l’Association générale des travailleurs allemands « Liberté, justice, solidarité – l’unité rend fort ». Il meurt dès l’année suivante, mais le mouvement lui survit.
En 1875, lors d’un congrès à Gotha (Thuringe), l’ADAV s’unit au Parti social-démocrate des travailleurs allemands, fondé six ans plus tôt par August Bebel et Wilhelm Liebknecht, deux partisans de Karl Marx. L’ensemble forme le Parti socialiste des travailleurs allemands. Il prendra le nom de Parti social-démocrate allemand (SPD) en 1891.
Après s’être divisé pendant la Première Guerre mondiale, le SPD fournit à la République son premier président, Friedrich Ebert (1919-1925). Il est interdit par les nazis dès l’été 1933. Mais il renaît après la Seconde Guerre mondiale sous l’impulsion de Kurt Schumacher, puis d’Erich Ollenhauer en République fédérale. Dans la zone d’occupation soviétique, il se voit contraint de fusionner avec le parti communiste pour former le parti unique SED.
En République fédérale, le SPD devient un grand parti moderne de centre gauche. Il abandonne toute référence au marxisme lors du congrès de Bad Godesberg, en 1959. Il accède à la chancellerie fédérale pour la première fois dix ans plus tard avec Willy Brandt (1969-1974), auquel succède un autre social-démocrate, Helmut Schmidt (1974-1982). Depuis 1949, il a participé à 13 gouvernements sur 25. Il en a dirigé huit, dont l’actuelle coalition du SPD, des Verts et des libéraux emmenée depuis fin 2021 par Olaf Scholz.
Depuis 1863, plusieurs de ses figures ont laissé une trace dans l’histoire : August Bebel, Philipp Scheidemann (qui a proclamé la République lors de la Révolution de 1918), Friedrich Ebert (premier président de la République de Weimar), le député Otto Wels (qui prononça au Reichstag le dernier discours avant le vote des pleins pouvoirs aux nazis et la fin de la République de Weimar), Kurt Schumacher (qui a redressé le parti après avoir survécu à dix années en camp de concentration) ou encore Willy Brandt (maire de Berlin pendant la Guerre froide, puis chancelier partisan d'« oser plus de démocratie » et de l'Ostpolitik).
A.L.