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Le G7 et la crise climatique

Jennifer Morgan, secrétaire d’Etat des Affaires étrangères

Jennifer Morgan, secrétaire d’Etat des Affaires étrangères, © picture alliance/dpa

24.06.2022 - Article

« Le G7 doit être un moteur et un pionnier dans la lutte contre la crise climatique dans le monde. » Jennifer Morgan, la secrétaire d’État des Affaires étrangères pour la politique climatique internationale, à propos du G7 et de ses missions au sein du gouvernement allemand.

Mme Morgan, l’Allemagne mise également sur la diplomatie climatique dans la lutte contre la crise climatique. Qu’est-ce que cela signifie ?

Les interactions entre paix, indépendance énergétique, crise climatique et de la biodiversité et nécessité de sortir des carburants fossiles sont plus évidentes que jamais. Il est donc logique que la crise climatique soit placée au centre de la politique étrangère. Avec sa nouvelle diplomatie climatique, l’Allemagne actionne tous les leviers diplomatiques pour parvenir à des progrès dans la protection du climat et dans la lutte contre la crise climatique. Nous voulons devenir le moteur d’une transition énergétique globale et d’une plus grande justice climatique en Europe et dans le monde. J’estime qu’il est particulièrement important d’être solidaires des personnes touchées par la crise climatique.

Votre poste de secrétaire d’État pour la politique climatique internationale est nouveau. Quelle est votre mission ?

L’une de mes attributions consiste à lancer de nouveaux partenariats et de nouvelles alliances pour promouvoir la protection du climat. J’étais en Indonésie il y a quelques semaines pour discuter avec le gouvernement indonésien de l’accélération de la mise en œuvre des énergies renouvelables et de l’arrêt précoce des centrales au charbon. Notre objectif est de conclure des partenariats avec des pays tels que l’Indonésie afin de passer à la vitesse supérieure dans la protection du climat. Parallèlement, nous voulons soutenir ceux qui sont déjà particulièrement touchés par la crise climatique. Au Sahel et au Bangladesh, j’ai échangé avec des gens qui ont dû quitter leur terre natale en raison de cette crise. Nous devons préparer plus rapidement notre adaptation aux conséquences du changement climatique et nous avons besoin de nouvelles solutions pour gérer les pertes et dommages causés par la crise climatique – deux sujets importants pour la conférence de l’ONU sur le changement climatique, la COP27, qui aura lieu en Égypte.

Comment pouvez-vous convaincre des pays partenaires en votre qualité de diplomate du climat ?

Il est très important que l’Allemagne et l’Europe donnent l’exemple et montrent qu’investir dans des technologies durables peut déboucher sur un avenir prospère et équitable. Aujourd’hui, alors que nous sommes témoins d’une terrible guerre dans notre voisinage proche, nous devons accélérer la transition énergétique afin de nous rendre le plus rapidement possible indépendants des importations d’énergie fossile, et pas seulement de celles en provenance de Russie. Parallèlement, nous étendons nos partenariats dans le monde. Avec des programmes comme l’Initiative internationale de protection du climat lancée par le gouvernement fédéral, nous pouvons apporter une aide très concrète pour mieux protéger le climat.

Dans vos fonctions de directrice générale de Greenpeace International, vous avez surtout fait progresser les pays industrialisés. Comment voyez-vous votre nouveau rôle et votre changement de perspective après six mois à ce nouveau poste ?

Jennifer Morgan au Niger
Jennifer Morgan au Niger© picture alliance/dpa

Mon rôle a changé, pas ma perspective. Je défends toujours les mêmes valeurs et poursuis les mêmes objectifs. J’incite les autres à aller vers une meilleure protection du climat et je peux solliciter mes réseaux à cet effet. L’important, c’est que nous comprenions enfin ce qu’est la crise climatique : une crise existentielle qui exige de nous tous des solutions et des réponses déterminées. Pour moi, de nous tous signifie en étroite coopération avec le monde politique, la société civile, l’économie et toutes les autres parties prenantes.

Quel rôle jouent les pays du G7 dans la protection du climat ?

Le G7 doit être un moteur et un pionnier dans la lutte contre la crise climatique dans le monde. Nous voulons aller de l’avant ensemble pour réduire aussi rapidement que possible les émissions dans le secteur énergétique, les transports et l’industrie et pour sortir du charbon. Il s’agit de créer ensemble une vague d’ambitions climatiques plus élevées et d’entraîner d’autres pays. Nous avons aussi besoin d’un élan en faveur d’une plus grande justice climatique et de progrès clairs dans le financement de la lutte contre la crise climatique.

Quels progrès dans la protection du climat la présidence allemande du G7 apportera-t-elle ?

Les chefs d’État et de gouvernement du G7 se réunissent au château d’Elmau
Les chefs d’État et de gouvernement du G7 se réunissent au château d’Elmau© picture alliance/dpa

Fin mai, pour la première fois, les ministres du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement des pays du G7 ont déclaré explicitement vouloir soutenir les pays dans leur gestion des pertes et dommages liés au climat. C’est un immense pas en avant et une main tendue aux pays particulièrement vulnérables. Le « club climatique » et les futurs partenariats pour le climat qui seront soutenus par des membres du G7, représentent également de grands progrès. Le G7 envoie un message important au monde, notamment aux pays pauvres : vous n’êtes pas seuls, nous vous soutenons pour mieux vous adapter aux conséquences dramatiques de la crise climatique et tirer parti des nouvelles opportunités de développement.

La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a-t-elle un impact sur la diplomatie climatique ?

La guerre d’agression russe marque elle aussi un changement d’époque pour la politique climatique mais là, différentes forces tirent dans des directions divergentes. Nous voulons porter au niveau international l’ambition avec laquelle nous accélérons la transition énergétique en Allemagne. Une nouvelle dynamique est apparue dans le monde avec la guerre d’agression russe car, désormais, chacun a compris les interactions entre paix, indépendance énergétique, crise climatique et crise de la biodiversité. Nombre de pays misent sur le développement des énergies renouvelables. Mais on voit également des forces, sous prétexte de sécurité énergétique, profiter de la guerre pour étendre les infrastructures utilisant du pétrole, du gaz et des énergies fossiles. Il est donc d’autant plus important de mobiliser tous les canaux diplomatiques afin de définir les orientations favorables à une plus grande protection du climat et à une accélération de la transition énergétique globale.

Le monde peut-il encore atteindre l’objectif du 1,5 °C ?

La science nous dit que nous pouvons encore l’atteindre. Ce dont nous avons maintenant besoin, c’est de changements importants et rapides. Des changements qui interviennent en réaction au point de rupture que constitue la guerre et nous préparent à un avenir climatiquement neutre. Les potentiels pour une plus grande protection du climat sont énormes. Je reviens tout juste de Jordanie où toute une région a décidé d’aller vers davantage d’énergies renouvelables. Celles-ci sont plus abordables que jamais. Les opportunités d’un approvisionnement énergétique durable et équitable et d’une meilleure protection du climat n’ont jamais été aussi vastes.

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