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L’Afrique, précieux partenaire de la transition énergétique

Le continent du soleil : l’énergie solaire ouvre de nouvelles perspectives à des pays africains

Le continent du soleil : l’énergie solaire ouvre de nouvelles perspectives à des pays africains, © picture alliance / robertharding

22.09.2022 - Article

Comment l’Allemagne et les pays africains œuvrent ensemble à l’abandon des combustibles fossiles dans le cadre de partenariats énergétiques

Stefan Liebing avait un avantage concurrentiel : fin connaisseur de l’Afrique, le président de l’Association économique germano-africaine (Afrika-Verein) savait qu’une centrale hydraulique située en Angola, dans le sud-ouest du continent africain, ne fonctionnait qu’à la moitié de sa capacité. En effet, les turbines du barrage de Laúca, à 200 kilomètres à l’est de la capitale Luanda, pourraient produire en réalité deux gigawatts d’électricité, mais les besoins locaux sont deux fois moindres. Stefan Liebing a trouvé comment obtenir le reste à moindre coût, y voyant une chance unique de réaliser son dessein.

L’hydrogène vert, énergie du futur

Familier de l’Afrique, le responsable de la société de conseil hambourgeoise « Consulta » savait également à quoi se prête cette partie du monde ensoleillée comme nulle autre : à la production d’hydrogène dit « vert », considéré par certains comme l’« énergie du futur » et par d’autres, comme un coûteux « champagne de la transition énergétique ». Du moins jusqu’à l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Depuis ce « changement d’époque », les producteurs d’énergie ont revu leurs calculs et le rôle crucial de l’hydrogène écoresponsable dans l’abandon des combustibles fossiles est désormais largement reconnu.

L’hydrogène s’obtient en le dissociant de l’oxygène contenu dans l’eau. Ce processus d’électrolyse nécessite une grande quantité d’énergie fournie par le gaz naturel ou le pétrole. Il s’agit alors d’hydrogène « brun » ou « gris » dont la production rejette d’importantes quantités de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. L’hydrogène n’est dit « vert » que s’il est produit à partir d’électricité d’origine renouvelable – et c’est là que l’Afrique entre en jeu avec son soleil éclatant, ses vents soufflant en rafales, ses 30 000 kilomètres de côtes et ses fleuves puissants.

L’hydrogène vert d’Angola

L’Angola réunit tous ces atouts. Stefan Liebing se contente dans un premier temps de l’excédent d’électricité du barrage de Laúca et de l’eau du fleuve Dande. En coopération avec le bureau d’études Gauff de Nuremberg et le groupe pétrolier angolais Sonangol, ce docteur en génie énergétique ambitionne la construction de la première usine d’hydrogène du continent. Les infrastructures, dont le coût est estimé à un demi-milliard d’euros, seront implantées sur la côte atlantique, à quelques kilomètres au nord de Luanda, et fabriqueront l’hydrogène nécessaire à la production de 400 mégawatts d’électricité. Si tout se passe comme prévu, le projet sera mis en œuvre dès la fin 2024 et bénéficiera du « partenariat énergétique » conclu entre les gouvernements allemand et angolais. Les premiers navires devraient alors pouvoir quitter Barra do Dande pour acheminer vers l’Allemagne l’ammoniac obtenu en combinant l’hydrogène à de l’azote.

Au cours des dix dernières années, le gouvernement allemand a déjà conclu des partenariats énergétiques avec plus de 20 pays à travers le monde. Ces accords visent à aider tant l’Allemagne que ses partenaires à s’affranchir des combustibles fossiles d’ici, au plus tard, le milieu du 21e siècle. Et surtout, ils sont destinés à accompagner les gouvernements des États partenaires dans le développement d’un secteur de l’énergie respectueux de l’environnement – en participant à la définition d’objectifs et de directives, en lançant des projets, en contribuant à la formation de personnel qualifié et à la construction des infrastructures nécessaires.

Un partenariat entre l’Allemagne et la Namibie pour l’hydrogène

L’extension du port de Lüderitz, une petite ville du sud de la Namibie fondée à l’époque coloniale allemande, en est un exemple. Autrefois dédiée au commerce de diamants et de poisson, la petite ville endormie menaçait de disparaître sous le sable du désert. Aujourd’hui, Lüderitz s’apprête à accueillir la plus grande usine d’hydrogène du continent. C’est là en effet, entre mer et désert, qu’un consortium auquel appartient le fournisseur d’énergie brandebourgeois Enertrag entend y produire, dans trois ans seulement, quelque 300 000 tonnes d’hydrogène par an, soit la quantité nécessaire pour approvisionner presque intégralement une ville comme Berlin en électricité. L’usine, qui comprendra un parc éolien, une ferme solaire, une installation de dessalement de l’eau ainsi qu’une unité d’électrolyse, coûtera près de 10 milliards d’euros. James Mnyupe, le commissaire en charge de l’hydrogène vert en Namibie, veut toutefois aller plus loin. Il souhaite transformer ce pays au cœur du désert en une véritable « centrale pour les carburants synthétiques ». Le partenariat pour l’hydrogène conclu avec l’Allemagne il y a un an doit y contribuer.

Un partenariat énergétique international avec l’Afrique du Sud

L’Allemagne soutient l’Afrique dans sa transition énergétique
L’Allemagne soutient l’Afrique dans sa transition énergétique© picture alliance / imageBROKER

Le géant du continent en matière d’énergie, au sens négatif comme positif, est assurément l’Afrique du Sud. Aujourd’hui encore, ce pays à l’économie florissante couvre près de 90 pour cent de ses besoins en électricité avec le charbon, ce qui fait de lui l’un des douze plus gros émetteurs de CO2 à l’échelle mondiale. Dans le même temps, l’Afrique du Sud, à l’instar de la Namibie, bénéficie d’un ensoleillement plus de deux fois supérieur à celui de l’Allemagne, ainsi que de zones semi-arides et de 2 800 kilomètres de côtes balayées par les vents. Lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue à Glasgow en 2021, les gouvernements des États-Unis, de Grande-Bretagne, de l’Union européenne, de la France et de l’Allemagne ont promis d’aider l’Afrique du Sud à financer sa transition énergétique par le biais d’un partenariat pour une transition énergétique juste (« Just Energy Transition Partnership  »). Dans un premier temps, l’Allemagne y contribuera à hauteur de 800 millions de dollars US.

Cette ambition est également portée par le partenariat énergétique bilatéral conclu avec l’Allemagne dont le champ d’action se décline en six domaines, notamment le stockage de l’énergie, la flexibilité énergétique et l’hydrogène vert. Le Cap de Bonne-Espérance pourrait ainsi devenir un acteur prometteur de la transition énergétique.

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Plus d’informations :

« La clé est la coopération » : Le physicien Solomon Nwabueze Agbo évoque les partenariats sur l’hydrogène conclus par l’Allemagne avec des pays d’Afrique sub-saharienne et de leur rôle dans la transition énergétique.

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