Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères

Dialectes et accents régionaux

Stephan Elspaß est chercheur en linguistique à l’université de Salzbourg

Stephan Elspaß est chercheur en linguistique à l’université de Salzbourg, © Privée

06.12.2022 - Article

Combien y a-t-il de dialectes en Allemagne ? Où constate-t-on les différences régionales les plus importantes ? Le chercheur en linguistique Stephan Elspaß explique les particularités de la langue allemande.

Stephan Elspaß, chercheur en linguistique à l’université de Salzbourg, est co-éditeur de l’ouvrage intitulé « Atlas zur deutschen Alltagssprache ». Cet atlas coopératif recense les dialectes et met en lumière leur diversité au sein de l’espace germanophone.

Monsieur Elspaß, combien y a-t-il de dialectes allemands ?

Personne ne peut le dire exactement. Autrefois, chaque village avait son propre dialecte. Aujourd’hui, il en existe des variétés à plus grande échelle. Et chez certaines personnes qui ne s’expriment pas en dialecte, le haut allemand présente néanmoins des spécificités régionales. On parle alors d’« accents régionaux » et de « régiolectes ».

Quelles sont ces spécificités régionales ?

Ce sont d’une part des caractéristiques sonores, c’est-à-dire un certain accent en haut allemand. Et d’autre part, le vocabulaire. Ces deux points permettent de reconnaître assez facilement d’où vient une personne. En réalité, il n’y a pas d’allemand véritablement standard.

Où observe-t-on les différences régionales les plus importantes : entre le nord et le sud ou entre l’est et l’ouest ?

Entre le nord et le sud. Il existe une frontière que nous, les linguistes, appelons la « ligne du Main », également connue sous le nom d’« équateur du boudin blanc ». Comme son nom l’indique, elle longe à peu près le fleuve du Main et, à partir de son embouchure, elle s’infléchit à l’ouest vers le sud-ouest. Globalement, elle va de la ville de Hof à celle de Mannheim. Cette ligne correspond approximativement à la frontière entre la zone d’influence historique de la Prusse au nord et les États situés au sud. Aujourd’hui encore, elle représente une importante frontière linguistique et de mentalité.

Et entre l’est et l’ouest...

… les différences sont moindres.
Prenons par exemple les dialectes parlés en Saxe et en Sarre, qui sont tous les deux des dialectes d’Allemagne centrale. Sur de nombreux points, ils se ressemblent beaucoup.

L’Institut de la langue allemande a constaté que c’est en Saxe et en Sarre, tout comme en Bavière, dans le Bade-Wurtemberg et en Thuringe que l’on parle encore le plus souvent le dialecte. A quoi est-ce dû ?

C’est parce que les dialectes du centre et du sud de l’Allemagne sont des dialectes du haut allemand qui ressemblent donc davantage à la langue écrite. Par contre, le bas allemand écrit a disparu. Dans le nord, la pression était donc plus forte pour s’adapter. En outre, si un dialecte n’est pas entretenu, il disparaît en l’espace de trois générations.

De nouveaux dialectes apparaissent-ils ?

Ce que l’on appelle le « Kiezdeutsch » (l’allemand de quartier) est volontiers qualifié de nouvelle variété, même si ce n’est pas un dialecte. Il se compose de caractéristiques de plusieurs langues en contact les unes avec les autres. C’est par exemple l’absence d’article et de prépositions en turc, qui est à l’origine de structures de phrases telles que « Kommst du Bahnhof ? » (Tu viens gare ?). Les jeunes d’origine germanophone utilisent volontiers ce type de tournures. C’est clairement un phénomène urbain.

© www.deutschland.de

Retour en haut de page