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Savoir évoluer dans l’univers numérique

Mandy Schiefner-Rohs mène des recherches sur l’école et la numérisation 

Mandy Schiefner-Rohs mène des recherches sur l’école et la numérisation, © Lars Kilian

02.02.2023 - Article

« Nous ne voulons pas freiner l’évolution », un entretien avec Mandy Schiefner-Rohs au sujet des écueils du Net et des opportunités de l’apprentissage numérique.

Professeure Schiefner-Rohs, vous menez des recherches à l’interface de la numérisation et de l’évolution de l’école. Les écoliers allemands et leurs enseignants surfent-ils sur internet en toute sécurité ?

Schiefner-Rohs : Le sujet de la sécurité des données mais aussi des compétences numériques est très sensible et a encore gagné en importance avec l’apprentissage scolaire en ligne pendant la pandémie de Covid. D’autres pays comme les Pays-Bas, l’Australie ou les États-Unis ont plus d’expérience en la matière. L’Australie étudie depuis les années 1960 le fonctionnement de l’enseignement à distance. Cela se remarque dans les discours. En Allemagne, on commence à sensibiliser à un usage responsable des données des utilisateurs et à promouvoir une prise de conscience pour une utilisation critique des informations tirées du Net. Les enseignants sont des multiplicateurs importants dans ce domaine.

Nous voulons promouvoir une prise de conscience pour une utilisation critique des informations tirées du Net.

Quels sont les défis ?

Nous savons tous que 123456 n’est pas un mot de passe sûr mais c’est pourtant le mot de passe le plus courant au monde. Nous savons tous que nous ne devons pas alimenter les moteurs de recherche et, pour rester sur la même métaphore, que trop de cookies nous donnent mal au ventre mais la plupart des services apportés sont bien confortables. Pour ce qui est des compétences en matière de données, deux grands thèmes jouent un rôle : d’une part, la compétence plutôt statistique, soit la capacité des élèves à évaluer ce que signifient les chiffres, les combinaisons de chiffres ou les graphiques qu’ils trouvent sur internet et quel est leur degré de fiabilité. D’autre part, il est question de compétence critique en matière de médias et d’informations ou d’une formation de base aux médias, telle qu’elle est définie dans la stratégie « Bildung in der digitalen Welt » (l’éducation dans un monde numérisé) de la conférence permanente des ministres de l’Éducation. Cette stratégie, retravaillée en 2021, décrit comment les écoles peuvent aider les enfants à grandir dans un monde numérique.

C’est là qu’interviennent vos recherches ?

Exactement. Nous travaillons avec les enseignants sur des exemples concrets, nous nous intéressons par exemple aux avantages et aux inconvénients de l’apprentissage par les élèves de vocabulaire sur des applications. Quelles données sont alors produites, sont-elles sures, quelle fiabilité accorder à la mention indiquant que l’élève a appris par exemple 10 % du vocabulaire ? Nous voulons inciter les enseignants à s’intéresser aux données, nous ne voulons pas freiner l’évolution. Nous considérons à la fois les opportunités et les pièges de ce domaine conflictuel.

Pourquoi de tels sujets doivent-ils être traités à l’école selon vous ?

Je considère que c’est la mission de l’école de doter les élèves de compétences en matière de données et de médias grâce à des enseignants qualifiés et sensibilisés à ce sujet. Si cela ne relevait que des familles, nous renforcerions les inégalités : certains parents s’y connaissent, d’autres peut-être pas du tout. Or, leurs enfants doivent avoir les mêmes chances.

La professeure Mandy Schiefner-Rohs enseigne la didactique générale et en particulier la didactique scolaire à l’université RPTU de Kaiserslautern-Landau. Elle mène des recherches à l’interface entre la numérisation et les questions de didactique scolaire, universitaire et médiatique.

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