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« Nous sommes votre mauvaise conscience »

Les résistants au nazisme Hans et Sophie Scholl (« Le Rose blanche »), guillotinés il y a 80 ans

Les résistants au nazisme Hans et Sophie Scholl (« Le Rose blanche »), guillotinés il y a 80 ans, © picture alliance / dpa

21.02.2023 - Article

Il y a 80 ans, les étudiants Hans et Sophie Scholl, figures de proue du mouvement de résistance au nazisme « La Rose Blanche », étaient condamnés à mort et exécutés.

Ils étaient étudiants à Munich, et ils ont voulu appeler la population à la résistance contre Hitler en distribuant des tracts. Le 22 février 1943, Hans Scholl, 24 ans, sa sœur Sophie, 21 ans et Christoph Probst, 23 ans, étaient guillotinés à la prison de Stadelheim, à Munich. Quelques heures auparavant, les trois jeunes gens avaient été condamnés à mort par le « Volksgerichtshof  » (« Tribunal du peuple »), après avoir été arrêtés quatre jours plus tôt par la Gestapo (Gestapo, acronyme tiré de « Geheime Staatspolizei  » signifiant « Police secrète d’État »). Une procédure expéditive. Le juge, Roland Freisler, a voulu faire un exemple. D’autres procès allaient d’ailleurs suivre. Le « Volksgerichtshof » était un tribunal politique. Il servait d’instrument de terreur au régime nazi pour imposer son arbitraire. 80 ans plus tard, la foi des jeunes gens dans la liberté et leur courage restent inscrits dans les mémoires.

Six tracts

L’action de résistance du mouvement de « La Rose Blanche » a commencé à l’été 1942. Entre le 27 juin et le 12 juillet, deux étudiants en médecine, Hans Scholl et Alexander Schmorell, rédigent des tracts contre le régime. Ils les distribuent, par paquets de cent, à des écrivains, à des professeurs et à des libraires de Munich et de sa région. Leur objectif est d’appeler à la résistance passive. La cible est soigneusement choisie. « Je jugeais qu’il était grand temps de rappeler sérieusement ses devoirs politiques à cette partie de la bourgeoisie [intellectuelle, ndlr] », dira Hans Scholl lors de son interrogatoire par la Gestapo.

Quatre tracts sont distribués pendant cette période. Le premier appelle à la résistance passive. Mais le deuxième, déjà, appelle à « exterminer la horde brune » des nazis. Et le troisième donne des instructions concrètes pour provoquer la chute du régime par des actions de sabotage dans tous les domaines de la vie publique et politique. « Ne plus se taire » face à la violence exercée par les nazis à l’égard des juifs, des Polonais, etc. : tel est l’objectif visé. « Nous sommes votre mauvaise conscience, la Rose Blanche ne vous laissera pas en paix », affirme le quatrième tract.

Plusieurs mois passent. Un cinquième tract est distribué à la fin du mois de janvier 1943. De nouveaux membres ont rejoint le réseau, dont Sophie, la sœur de Hans Scholl, Christoph Probst, Willi Graf et leur professeur à l’Université de Munich, Kurt Huber. Le groupe de résistants veut, cette fois, atteindre la population dans son ensemble.

La Wehrmacht est en train de connaître une déroute sur le front de l’Est, à Stalingrad. La nouvelle officielle de la défaite tombe le 3 février. Elle ébranle la confiance de la population dans la victoire. Les membres de la Rose Blanche en sont convaincus : Hitler ne peut plus que prolonger la guerre, pas la gagner. Ils imaginent déjà un autre scénario d’avenir : celui d’une Allemagne fédérale dans une Europe unie.

Foi et courage

Le jour, ils mènent la vie de n’importe quel étudiant. La nuit, ils s’activent plus que jamais. 6 000 à 9 000 exemplaires du cinquième tract sont ainsi imprimés, péniblement. Pour faire croire à un mouvement de grande ampleur, ils ne sont pas seulement distribués à Munich mais dans plusieurs villes du sud de l’Allemagne et d’Autriche : Ulm, Linz, Salzbourg, Vienne, etc.

Buste à la mémoire de Sophie Scholl à l’université de Munich, où la jeune résistante faisait ses études
Buste à la mémoire de Sophie Scholl à l’université de Munich, où la jeune résistante faisait ses études© picture alliance / Winfried Rothermel | Winfried Rothermel

À la mi-février, le sixième tract est prêt. Quelque 800 à 1 200 feuillets sont imprimés et pour partie envoyés par la Poste. Le reste est chargé dans une valise et une serviette, et transporté à l’université par Hans et Sophie Scholl le 18 février. Les deux étudiants déposent les tracts dans les amphithéâtres. Puis Sophie en laisse tomber une volée depuis le deuxième étage de la cour intérieure du bâtiment. La scène a été immortalisée en 2005 dans le film de Marc Rothemund, «  Sophie Scholl, les derniers jours ». Les deux résistants sont immédiatement découverts et arrêtés par la Gestapo.

Les procès-verbaux de leurs interrogatoires et les minutes de leur procès sont parvenus jusqu’à nous. Parfaitement conscients du sort qui les attendait, Hans et Sophie Scholl n’ont pas tremblé. Ils ont expliqué calmement les raisons de leurs actions et leur foi inébranlable en la liberté. Leur voix s’est tue le 22 février 1943. Mais leur courage résonne jusqu’à nous.
A.L.

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