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Un visionnaire germano-africain

Un pionnier des milieux artistiques : le commissaire d’exposition Bonaventure Ndikung

Un pionnier des milieux artistiques : le commissaire d’exposition Bonaventure Ndikung, © dpa

06.12.2021 - Article

Commissaire d’exposition, essayiste, médiateur culturel, nouveau directeur de la Maison des Cultures du monde - Bonaventure Ndikung fait bouger l’Allemagne.

Cet intellectuel parfaitement connecté à l’international, à la fois instigateur et réconciliateur, est une personnalité qui a une influence positive sur les relations germano-africaines. Bonaventure Ndikung a en effet marqué plus que tout autre la perception de l’art africain en Allemagne. Sans le travail de ce pionnier Camerounais, né en 1977 et vivant aujourd’hui à Berlin - à la fois commissaire d’exposition, essayiste, médiateur culturel, historien de l’art et expert en biotechnologie- nombre de débats n’auraient jamais eu lieu sur l’histoire coloniale allemande en Afrique, le rapport à l’héritage culturel et la restitution des biens culturels africains. L’image que les Allemands ont d’eux-mêmes n’aurait également guère changé dans ce contexte. 

Nouveau directeur de la Maison des Cultures du monde à partir de 2023

Qui est cet homme qui prendra en tant qu’intendant la direction de la Maison des Cultures du monde (Haus der Kulturen der Welt, HdKdW) à partir de janvier 2023 ? Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, de son nom complet, est né à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Jeune, il était déjà passionné par la culture, donnait des concerts en tant que musicien et vint à Berlin en 1997 pour y faire ses études. Il obtint le titre de docteur en sciences dans le domaine de la biotechnologie à l’Université technique de Berlin. 

Il a toujours été passionné par l’art. Peu après son doctorat, il commença à travailler comme auteur, conseiller et commissaire d’exposition -entre autres avec le Goethe-Institut, l’Institut des relations extérieures (Institut für Auslandsbeziehungen, ifa) et d’autres grands organismes culturels. Il a participé plusieurs fois à la Biennale de Venise, notamment comme co-commissaire du pavillon finlandais en 2019. 

Un commissaire d’exposition reconnu 

En 2017, Monsieur Ndikung a été nommé commissaire itinérant pour la documenta 14 à Kassel et Athènes. Responsable du secteur africain, il a créé plusieurs temps forts dans ce qui était un show globalement controversé. Il a été curateur invité de la Biennale Dak’Art au Sénégal, organisant également la célèbre Biennale de la photographie de Bamako. En 2020, on lui a confié pour quatre ans la direction artistique du festival d’art de Sonsbeek, aux Pays-Bas, un festival où il aborde en particulier les retombées et l’actualité de l’histoire de l’esclavage. Bonaventure Ndikung est professeur à l’École des Beaux-Arts de Weissensee à Berlin depuis 2020 ; la même année, on lui a remis la médaille de l’Ordre du mérite du Land de Berlin.

Cet homme de 44 ans s’intéresse surtout à une nouvelle approche de l’Afrique et des relations Afrique-UE. « Manifestement, il y a des différences flagrantes entre les droits de l’homme en Occident et la manière dont on traite les gens dans le reste du monde. La forme la plus actuelle de cette asymétrie globale est la répartition des vaccins. On parle aujourd’hui d’un  »apartheid vaccinal« . Tant que de telles inégalités existeront, l’expression  »droits de l’homme«  n’aura aucun sens, dit Bonaventure Ndikung. 

Il fait souvent entendre sa voix lorsqu’il y va de la restitution des biens culturels africains.  »Nous réparons l’avenir« , c’est ainsi que Monsieur Ndikung définit fièrement sa mission dans une interview accordée au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.  »Restituer ne signifie pas seulement rendre quelque chose. Nous devons aussi penser à réparer, à réhabiliter. Il nous faut regarder les blessures et essayer de les panser – également et spécialement par l’art.« 

Une initiative remarquée à l’international

La politique et la culture, l’art et l’activisme vont de pair pour Monsieur Ndikung. Au début de sa carrière dans les musées allemands, comme il ne trouvait pas de partenaire pour une coopération, il fonda en 2009 dans le quartier de Berlin-Neukölln, l’espace artistique Savvy Contemporary, une initiative privée où le visiteur trouve des maquettes de trains datant de l’époque du colonialisme allemand. À titre personnel, Monsieur Ndikung collectionnait des écrits et des livres, des artefacts que les historiens de la société majoritaire allemande ne considéraient pas à l’époque comme pertinents ni même actuels. L’Afrique était à l’époque rare dans les médias allemands. Le fait que cela ait changé en revient au mérite de Bonaventure Ndikung. L’espace Savvy Contemporary Laboratory, aujourd’hui installé dans le quartier de Wedding, est réputé à l’échelle internationale. C’est à lui qu’on doit la coopération avec de grands intellectuels africains comme Achille Mbembe et Felwine Sarr. Le fait que l’on écoute aujourd’hui en Allemagne les voix intellectuelles venues d’Afrique est dû au travail de pionnier de Monsieur Ndikung. Il publie un magazine en ligne sur l’art contemporain africain sous le titre Savvy art.contemporary.african.

Cet homme, qui se met volontiers en scène comme les sapeurs d’Afrique de l’Ouest, un brin branché changeant constamment son choix de chapeaux, gilets et tuniques longues, est considéré par beaucoup comme un visionnaire passionné par la création d’un avenir plus diversifié. Monsieur Ndikung ne veut pas dire exactement ce qu’il montrera à partir de janvier 2023 en tant que directeur de la Maison des Cultures du monde à Berlin. Mais son orientation est claire :  »Je veux que cela soit une Maison des Culture du monde pour tous. Il s’agit de réparer les asymétries qui existent dans le monde. L’art joue un grand rôle en la matière.«            

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