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Philharmonie de l’Elbe : de la musique avant toute chose
La Philharmonie de l’Elbe, à Hambourg, © picture alliance/dpa | Markus Scholz
Cinq ans après son inauguration, la Philharmonie de l’Elbe est l’une des fiertés de Hambourg. Son élégance architecturale et la qualité de son acoustique ont transformé les critiques sur les retards du chantier en concert de louanges.
« Ici, le temps se mue en espace ». C’est le titre qui avait été donné au concert d’inauguration de la Philharmonie de l’Elbe le 11 janvier 2017. Un concert flamboyant joué dans une enceinte lumineuse. Ce soir-là, l’émerveillement avait fait dire au président allemand Joachim Gauck que la Philharmonie de l’Elbe était « le joyau de la nation de culture allemande ». Cinq ans plus tard, l’enthousiasme n’est pas retombé. Bien au contraire. La Philharmonie de l’Elbe est devenue le nouvel emblème de la ville hanséatique et un aimant pour les touristes du monde entier.
Les choses avaient plutôt mal commencé, pourtant. Voté par le Sénat de Hambourg fin 2003, le chantier du prestigieux édifice, dont les façades en verre s’élancent telles une vague à l’assaut des eaux de l’Elbe, a accumulé pendant quinze ans les ratés et les retards. La construction d’appartements et d’un hôtel de luxe devaient participer au financement. Mais la facture initiale de 77 millions d’euros a été multipliée par dix, jusqu’à atteindre 789 millions. L’élégante silhouette signée Herzog & de Meuron avait beau émerger peu à peu des eaux de l’Elbe, pendant des années, le seul concert audible a été celui des critiques. Au point de provoquer une longue interruption du chantier.
C’est Olaf Scholz, l’actuel chancelier fédéral, qui a remis les négociations et le chantier sur de bons rails lorsqu’il a pris les rênes de la ville en 2011. Le site, autrefois occupé par des entrepôts de café, de thé et tabac de la célèbre Speicherstadt hambourgeoise, a alors peu à peu recommencé à attirer les curieux. Puis il est devenu un objet de fascination.
L’édifice de tous les superlatifs
Ainsi, dès la première année, près de 850 000 spectateurs ont assisté à plus de 600 concerts. Plus de 4,5 millions de personnes sont montées sur la terrasse panoramique pour jouir d’une vue imprenable sur Hambourg et son port. Les présidents Emmanuel Macron, Donald Trump et Vladimir Poutine ont fait partie des premiers chanceux à l’occasion du sommet du G20, à Hambourg, en 2017.
Quelques chiffres résument le prestige attaché à la Philharmonie de l’Elbe, salle de tous les superlatifs. Le bâtiment possède une surface de 120 000 mètres carrés, équivalent à 17 terrains de football. Il possède deux salles de concert de 550 et 1 200 places. Leur acoustique a été élaborée par les meilleurs spécialistes mondiaux. Avec ses 69 registres et 4 765 tuyaux, l’orgue est un monument à lui tout seul. À l’extérieur, le double escalator est le plus long d’Europe de l’Ouest (82 mètres). La terrasse panoramique de 4 400 mètres carrés culmine à 37 mètres de haut. Enfin, le complexe comprend encore un hôtel de 244 chambres et 44 appartements de luxe.
Les plus grands musiciens à la Baguette
Le succès musical est lui aussi à la mesure de l’ambition. La Philharmonie de l’Elbe a accueilli en cinq ans les plus grands orchestres et chefs de la planète. Les 2 500 concerts qui s’y sont tenus jusqu’à la pause sanitaire de mars 2020 ont été pris d’assaut par 2,7 millions de spectateurs venus du monde entier.
« J’aime cette salle », confie le chef principal de l’Orchestre Philharmonique de Hambourg, Kent Nagano. « On y entend tout. C’est une exigence, il faut vraiment bien jouer. La salle est comme l’instrument sur lequel on joue. » Son compatriote américain Alan Gilbert, qui dirige l’Orchestre Philharmonique de la NDR, est du même avis. « L’acoustique de la salle se prête à presque tous les genres de musique quand on sait l’apprivoiser », dit-il.
Mais à Hambourg comme ailleurs, la musique n’est pas réservée aux plus aisés, ni aux adultes. La Philharmonie de l’Elbe a également accueilli près de 200 000 jeunes pour des concerts et des ateliers depuis son inauguration. Les plus modestes peuvent accéder à des billets à prix réduits.
Comme il se doit, c’est en musique que la Philharmonie de l’Elbe célèbre son cinquième anniversaire. Du 9 au 17 janvier, une série de concerts est donnée par des personnalités telles que Sir Simon Rattle, Daniel Barenboim, Jordi Savall, Charles Lloyd ou le guitariste de jazz John Scofield. Une partie du programme, décalée en raison de la crise sanitaire, se tiendra au mois d’avril. En particulier une installation lumineuse du duo néerlandais Drift intitulée « Breaking Waves ».
A.L.