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Le rideau prêt à se lever sur les 42e Jeux de la Passion d’Oberammergau

Dernières répétitions pour les Jeux de la Passion 2022 à Oberammergau (Bavière), © picture alliance/dpa | Angelika Warmuth
C’est une tradition qui remonte à la peste de 1633. Tous les dix ans, des habitants d’Oberammergau, en Bavière, rejouent les derniers jours de la vie du Christ. La 42e édition des Jeux de la Passion débutera le 14 mai.
Pour conjurer une épidémie de peste, les habitants de la localité d’Oberammergau jurèrent en 1633 de représenter tous les ans les derniers jours de la vie du Christ. L’épidémie cessa. Mais la tradition s’est perpétuée. Depuis 1680, les Jeux de la Passion se tiennent tous les dix ans dans cette petite commune de Haute-Bavière proche de Garmisch-Partenkirchen. Des dizaines de milliers de spectateurs affluent du monde entier pour assister à l’événement, classé depuis 2014 sur la liste du Patrimoine immatériel allemand par l’UNESCO. La 42e édition ouvre ses portes samedi 14 mai.
Une tradition qui remonte à la peste de 1633
Ironie de l’histoire, les Jeux de la Passion seront l’un des premiers grands événements à pouvoir se tenir en Allemagne sans mesures sanitaires particulières contre le coronavirus. La pandémie a, toutefois, contraint les organisateurs à les reporter de deux ans, de 2020 à 2022. Cela avait déjà été le cas il y a un siècle, lors de la Grippe espagnole.
La pandémie a aussi compliqué les répétitions. Elles n’ont repris qu’en janvier dernier moyennant des tests réguliers. 300 participants au spectacle ont dû renoncer faute de pouvoir s’absenter de leur travail durant un été supplémentaire. Enfin, il est difficile de savoir dans quelle mesure le public étranger répondra présent.
Mais le directeur de l’événement, Christian Stückl, se veut confiant. Les trois quarts des 450 000 places mises en vente ont été vendues. Le public vient principalement d’Allemagne, mais aussi des Etats-Unis (un tiers des billets achetés), du Royaume-Uni et des pays scandinaves. 103 représentations quotidiennes sont à l’affiche jusqu’au 2 octobre. Le théâtre d’Oberammergau peut accueillir 4 200 spectateurs.
Près d’un habitant sur deux montera sur scène

C’est donc l’effervescence qui règne à Oberammergau. Cette commune de 5 000 âmes vibre littéralement pour les Jeux. Près d’un habitant sur deux monte sur scène. Les 2 100 acteurs, figurants, musiciens, choristes et techniciens doivent être originaires d’Oberammergau ou y résider depuis au moins vingt ans. Un moratoire sur la coupe des cheveux et de la barbe est, par ailleurs, institué environ un an avant le début de l’événement. Les habitants doivent s’engager à ne plus aller chez le coiffeur.
La pièce est laïque. Christian Stückl ne demande plus aux comédiens s’ils sont croyants, athées, catholiques, protestants ou musulmans. Pour la première fois, un habitant de confession musulmane jouera cette année l’un des vingt rôles principaux, celui de Judas. Les femmes ont un rôle aussi important que celui des hommes.
D’hier à aujourd’hui
Le contenu de la pièce a évolué avec le temps. Le texte a longtemps été composé par des hommes d’Eglise, tels que le bénédictin Ferdinand Rosner (1709-1778) ou le pasteur Joseph Alois Daisenberger (1799-1883). Aujourd’hui, Christian Stückl, qui dirige les Jeux pour la quatrième fois, dit avoir le champ relativement libre. Depuis 1990, il a épuré le livret d’éléments à connotation antisémite.
Pour l’édition 2022, il a recentré l’argument de la pièce sur la vie et le message du Christ. « Par le passé, nous avons raconté le martyre de Jésus », explique-t-il. « Mais ce qui est très important est l’histoire de sa vie. Qu’a-t-il voulu dans sa vie, et pour quoi a-t-il été crucifié ? » La pièce montrera donc un Jésus proche des « petits » et des personnes en marge de la société : pauvres, prostituées ou encore réfugiés. Un Jésus « relativement bien adapté à notre époque », souligne Christian Stückl.
La musique et les chants, en grande partie façonnés par le travail de Rochus Dedler (1779-1822), ont également été enrichis sous la direction Markus Zwink. Quant à la scénographie et aux costumes, ils sont signés par Stefan Hagenaier. La scène devrait se concentrer autour d’un temple, avec un décor et des costumes de couleurs sombres.
A.L.