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Exposition : une exploration critique aux origines de l’exposition documenta
![[G.] Affiche de l’exposition [Dr.] Emil Betzler, "Femmes au bain", encre, 1924 © Centre pour les arts persécutés, Solingen/Fondation citoyenne pour les arts persécutés, Centre Else Lasker-Schüler [G.] Affiche de l’exposition [Dr.] Emil Betzler, Femmes au bain, encre, 1924](/blob/292/1d405f76d7ae8e678c7864e62790f650/loading-data.gif)
[G.] Affiche de l’exposition [Dr.] Emil Betzler, « Femmes au bain », encre, 1924, © Centre pour les arts persécutés, Solingen/Fondation citoyenne pour les arts persécutés, Centre Else Lasker-Schüler
À quelques semaines de l’ouverture de la 15e exposition documenta à Kassel (18 juin-25 septembre), le Centre pour l’art persécuté, à Solingen, remonte le temps et s’interroge : comment la première documenta a-t-elle contribué à forger le canon de l’art contemporain ?
C’est l’un des grands rendez-vous mondiaux de l’art contemporain. La 15e édition de l’exposition documenta se tiendra à Kassel (Hesse) du 18 juin au 25 septembre sous la supervision du collectif d’artistes indonésiens ruangrupa. À quelques semaines de son inauguration, l’événement a donné à des musées et à des chercheurs l’idée de remonter le temps. Leur intention : comprendre comment la documenta a influencé la constitution d’un canon de l’art contemporain après la Seconde Guerre mondiale. Le projet a inspiré une exposition qui vient d’ouvrir ses portes à Solingen, près de Düsseldorf (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Elle sera ensuite présentée à Cracovie et à Kassel (en 2023).
L’exposition s’intitule « 1929/ 1955. Les premières expositions documenta et l’oubli d’une génération d’artistes ». Elle a été conçue en coopération avec les archives de la documenta à Kassel. Elle se visite au Centre pour l’art persécuté à Solingen jusqu’au 11 septembre.
Son parcours invite le visiteur à redécouvrir une génération d’artistes « oubliée » : celle qui perçait au début des années 1930, lorsque le nazisme est arrivé au pouvoir en Allemagne. Qu’est-il advenu de ces artistes qui avaient été exposés à la Quatrième Grande Exposition d’art de Kassel en 1929 ?
![[G] Anton Kerschbaumer, "Nature morte avec l'Ange de Noël", huile sur toile, vers 1930. [Dr.] Felix Nussbaum, "Paysage de désolation", huile sur toile, 1938/1939 © Fondation citoyenne pour les arts persécutés, Centre Else Lasker-Schüler/Centre pour les arts persécutés, Solingen [G] Anton Kerschbaumer, Nature morte avec l'Ange de Noël, huile sur toile, vers 1930. [Dr.] Felix Nussbaum, Paysage de désolation, huile sur toile, 1938/1939](/blob/292/1d405f76d7ae8e678c7864e62790f650/loading-data.gif)
De fait, l’arrivée du national-socialisme s’est accompagnée d’une mise au pas de l’art. Beaucoup d’artistes ont été persécutés, qu’ils aient été juifs ou qu’ils aient incarné un art moderne jugé « dégénéré » par les nazis, selon le titre de l’exposition éponyme organisée à Munich en 1937. Nombre de leurs œuvres ont été confisquées dans les musées.
Selon le Centre pour l’art persécuté, ce sont les artistes émergents, âgés d’une trentaine d’années au tournant des années 1930, qui ont le plus souffert de la rupture du nazisme. Ils sont ceux qui ont eu le plus de mal à reprendre leur carrière artistique après 1945.
Dans ce contexte, la première édition de l’exposition documenta, en 1955, se voulait une promesse. Elle entendait organiser un événement de taille européenne afin de permettre à l’art contemporain de renouer avec l’époque d’avant 1933. La promesse a-t-elle été tenue ?, s’interroge le Centre pour l’art persécuté de Solingen. Plus généralement, comment l’exposition documenta a-t-elle contribué à forger le nouveau canon de l’art contemporain ?
La réflexion critique se déploie dans l’exposition à travers trois grands volets. Le premier compare les deux expositions qui se sont tenues à Kassel en 1929 et en 1955 : la Quatrième Grande Exposition d’art et la première édition de la documenta.
Le deuxième volet présente en détail le parcours de six artistes de la jeune avant-garde artistique de 1929. Elle montre l’impact du nazisme sur leur vie et leur carrière. L’un des artistes présentés n’est autre qu’Arnold Bode, artiste et commissaire d’exposition des années 1920, puis initiateur de la première documenta en 1955.
Le dernier volet est une reconstitution partielle de l’exposition de 1929, sur la base de la collection de la Fondation citoyenne pour l’art persécuté et de prêts internationaux.
Le Centre pour l’art persécuté de Solingen se consacre aux artistes qui, au cours du siècle écoulé, se sont vus entravés ou persécutés par des dictatures et des régimes totalitaires. Dans sa collection figurent quelque 1500 œuvres d’artistes mis au ban par le national-socialisme. Sur la trentaine qui avaient été exposés en 1929, trois seulement ont participé à la première documenta.
A.L.
1929/ 1955. Die erste documenta und das Vergessen einer Künstler:innengeneration
(1929/ 1955. Les premières expositions documenta et l’oubli d’une génération d’artistes)
Exposition au Centre pour l’art persécuté de Solingen du 6 mai au 11 septembre 2022