Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères
Exposition : Heinrich Schliemann, l’homme, les découvertes, le mythe
![[G.] Heinrich Schliemann, 1860, homme d’affaires à Saint-Petersbourg ; [D.] Vue de l’exposition, Neues Museum ; Céramiques de type mycénien © Musées nationaux de Berlin, Musée de la Préhistoire et de la Protohistoire ; © Musées nationaux de Berlin, David von Becker ; © Musées nationaux de Berlin, Musée de la Préhistoire et de la Protohistoire, Claudia Plamp © Musées nationaux de Berlin [G.] Heinrich Schliemann, 1860, homme d’affaires à Saint-Petersbourg ; [D.] Vue de l’exposition, Neues Museum ; Céramiques de type mycénien](/blob/292/1d405f76d7ae8e678c7864e62790f650/loading-data.gif)
[G.] Heinrich Schliemann, 1860, homme d’affaires à Saint-Petersbourg ; [D.] Vue de l’exposition, Neues Museum ; Céramiques de type mycénien © Musées nationaux de Berlin, Musée de la Préhistoire et de la Protohistoire ; © Musées nationaux de Berlin, David von Becker ; © Musées nationaux de Berlin, Musée de la Préhistoire et de la Protohistoire, Claudia Plamp, © Musées nationaux de Berlin
Considéré comme le découvreur de l’antique cité de Troie, l’archéologue allemand Heinrich Schliemann (1822-1890) nourrit depuis plus d’un siècle admiration, critiques et légendes. Les musées nationaux lui consacrent une grande exposition à l’occasion de son bicentenaire.
Il prend fièrement la pose de l’homme d’affaires à Saint-Pétersbourg (photo). On l’avait plutôt imaginé la sueur au front et la truelle à la main dans les ruines de Troie. Depuis plus d’un siècle, l’archéologue allemand Heinrich Schliemann (1822-1890) nourrit l’imagination de ses admirateurs. Il est considéré comme le découvreur de l’antique cité de Troie. Il a mis au jour des trésors à Mycènes (Grèce). Il a révélé au grand jour la base historique des épopées d’Homère. Mais il a aussi ses détracteurs. Ils critiquent ses méthodes et le « mythe » qui l’entoure.
En réalité, du Mecklembourg à la Grèce en passant par Saint-Pétersbourg et la Californie, il y eut plusieurs Heinrich Schliemann. Les musées nationaux de Berlin reviennent sur l’odyssée de sa vie et sur la valeur de ses découvertes à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.
L’exposition s’intitule « Les univers de Schliemann. Sa vie. Ses découvertes. Son mythe ». Elle rassemble jusqu’au 6 novembre près de 700 objets, pour certains prêtés par des musées étrangers dont le musée Katsigras de Larissa (Grèce). On y trouve des merveilles archéologiques provenant du musée d’Athènes telles que des pièces d’orfèvrerie spectaculaires découvertes à Mycènes et des fragments de fresques murales de l’ancienne cité de Tirynthe. Les musées berlinois ont également exploité leur propre fonds.
Une vie d’aventure
L’exposition se divise en deux parties. La première est présentée à la Galerie James Simon, la seconde au Neues Museum (les deux sites sont voisins sur l’Île-aux-Musées). Il faut croire qu’un seul musée ne suffisait pas pour contenir une vie aussi foisonnante et un héritage archéologique aussi prolifique. Outre les objets eux-mêmes, Heinrich Schliemann a, en effet, laissé plus de 50 000 papiers et documents écrits en 17 langues (qu’il maîtrisaient toutes). Ces carnets, documents de voyages, lettres, photos, factures et publications sont conservés (et aujourd’hui numérisés) à la Bibliothèque Gennadius d’Athènes.
Le premier volet raconte la partie la plus méconnue de la personnalité de l’archéologue : sa propre vie. Elle ressemble à un roman d’aventures (voir notre article, lien ci-dessous). Né près des rives de la Baltique dans une famille modeste, Schliemann a d’abord fait fortune comme homme d’affaires en Russie et aux États-Unis. Puis il l’a utilisée pour voyager à travers le monde et finalement, parvenu à la quarantaine, pour reprendre des études à la Sorbonne. Il s’est alors adonné à sa véritable passion : l’archéologie et les écrits d’Homère. Sa thèse soutenue, il a commencé dès 1870 à fouiller sur la colline d’Hisarlik Tepe (Turquie) en quête des ruines de Troie. Sans même attendre d’en avoir reçu l’autorisation formelle.
Schliemann à l’aune de l’archéologie d’aujourd’hui

Le second volet de l’exposition s’intéresse à ses découvertes. Elles sont présentées à l’aune des connaissances scientifiques actuelles. À partir de 1873, Heinrich Schliemann met au jour des trésors archéologiques inestimables : bijoux, céramiques, outils en métal, etc. Sa collection d’« antiquités troyennes » compte plus de 10 000 pièces. Y figure notamment le « Trésor de Priam », baptisé par Schliemann du nom du dernier roi de Troie. Dans la foulée, il entame des fouilles à Mycènes. Il y met au jour un somptueux masque funéraire en or, qu’il attribue au héros et roi de Mycènes Agamemnon.
Ses découvertes font le tour du monde. Elles contribuent à poser les bases de l’archéologie. Mais ses méthodes et déductions de Schliemann sont, dès l’origine, controversées. On sait aujourd’hui que le célèbre et somptueux « Trésor de Priam » (pillé par les Soviétiques en 1945 et aujourd’hui détenu par le musée Pouchkine) date en réalité d’une haute civilisation de l’Âge de Bronze. Quant au « masque d’Agamemnon », il est aussi très antérieur au règne du héros grec.
Par ailleurs, en creusant sans précaution, Schliemann a atteint une couche de sédiments antérieure de plus de mille an à l’époque de Troie, expliquent les archéologues contemporains. Il a en réalité détruit pour toujours des vestiges inestimables. Mais si l’on admet qu’il a bien découvert le site de Troie, ce qui reste débattu, on lui doit malgré tout, outre ses découvertes, d’avoir montré que le récit d’Homère avait un fondement historique.
L’image héroïque et visionnaire dont s’est paré l’archéologue lui a survécu jusque dans les années 1970. Des contradictions découvertes dans ses écrits ont ensuite terni son image. Elles l’ont fait passer pour un imposteur fantasque. Mais les dernières décennies ont permis un minutieux travail de reconstruction historique et critique. Cela a permis de mieux comprendre l’importance de sa vie et de ses découvertes à la lumière des différentes facettes de sa personnalité.
A.L.
Schliemanns Welten. Sein Leben. Seine Entdeckungen. Sein Mythos
(Les univers de Schliemann. Sa vie. Ses découvertes. Son mythe)
Exposition à la Galerie James Simon et au Neues Museum à Berlin jusqu’au 6 novembre 2022
En savoir plus :
Musées nationaux de Berlin (en allemand/ anglais)
Lire notre article : Heinrich Schliemann, un aventurier sur les traces d’Homère (en français)