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Hambourg, le berceau des Beatles

Des joueurs du FC St-Pauli réinterprétant la couverture de l'album « Abbey Road » des Beatles en 2011 sur la Place des Beatles de Hambourg, là où tout a commencé pour les quatre de Liverpool, © picture alliance / INSIDE-PICTURE | Selim Sudheimer picture alliance / INSIDE-PICTURE | Selim Sudheimer
« Je suis peut-être né à Liverpool, mais j'ai grandi à Hambourg », avait dit John Lennon. C’est à Hambourg que les Beatles sont nés en tant groupe et ont pris leur envol. Retour sur ce chapitre méconnu de l’histoire de la pop, à l’heure où Paul McCartney fête ses 80 ans.
« Un jour de 1960, ici, cinq jeunes musiciens de Liverpool sont montés sur la scène encore modeste et branlante du Kaiserkeller, sur l’avenue Grosse Freiheit. Il s’agissait de Pete Best, George Harrison, John Lennon, Paul McCartney et Stuart Stutcliffe, que le monde entier allait bientôt connaître sous le nom de Beatles. (…) Au Top Ten et au Star Club, les Beatles ont pris le départ de leur incomparable carrière ». Voici ce que l’on peut lire sur une plaque commémorative apposée en 1990 sur les murs d’un ancien célèbre club, le Kaiserkeller, à Hambourg.
Hambourg ou la genèse des Beatles

Au début des années 1960, le quartier St-Pauli de Hambourg a assisté à l’un des chapitres clés de la naissance de la musique pop-rock. Ce quartier « chaud », situé à deux pas du port, était alors connu dans toute l’Europe pour ses clubs de striptease et ses prostituées. Ses night-clubs ont vu défiler de nombreuses vedettes de la scène musicale. Et ils ont vu naître un « phénomène » : les Beatles.
Sans Hambourg, il n’y aurait pas eu les Beatles. « Je suis peut-être né à Liverpool, mais j'ai grandi à Hambourg », a dit un jour John Lennon. Entre août 1960 et décembre 1962, les musiciens anglais ont joué plus de 1 200 heures dans les clubs de la ville hanséatique, donnant 281 concerts dans quatre établissements différents. Ils étaient des musiciens amateurs à peine sortis de l’adolescence lorsqu’ils sont arrivés. Ils formaient un groupe solide, cohérent et professionnel lorsqu’ils sont repartis. Un groupe prêt à affronter le succès planétaire qui allait frapper à leur portes quelques mois plus tard.
Tout commence le 17 août 1960. Cinq jeunes musiciens, John, Paul, George, Pete et Stu, débarquent à Hambourg pour honorer leur tout premier contrat professionnel. Le recruteur est Bruno Koschmider, un entrepreneur propriétaire de clubs. Il cherche des musiciens capables d’interpréter du rock’n’roll, en vogue auprès de ses clients, notamment les marins. Les Etats-Unis sont trop loin. Il se rabat sur l’Angleterre. Il rencontre l’agent Allan Willliam, qui lui proposent plusieurs groupes. Les trois premiers déclinent. Le quatrième est choisi.
A la dure
Les conditions sont dures. Les cinq jeunes hommes sont logés dans un local sans fenêtres, à côté des toilettes d’un cinéma, le Bambi Kino. Ils n’ont aucune intimité dans cet endroit qu’ils appellent le « trou noir ». Paul McCartney est le seul qui parle allemand, sa première langue à l’école. Il absorbe ce nouvel environnement qu’il décrit en ces termes à son père : « C’est complètement dingue ici ! Les gens ne dorment jamais. La nourriture est (..) comme la nourriture anglaise, mais bizarre. Patates en salade, tomates froides, laitue et ce grand plat de luxe : les Fritten ou quelque chose comme ça. » (cité par Philip Norman, « Paul McCartney »).
Le soir, les cinq musiciens jouent à l’Indra club, un lieu surtout fréquenté par les prostituées et leurs clients. La nuit est longue. Ils doivent jouer plusieurs heures, alors qu’ils sont encore amateurs et n’ont qu’un répertoire limité. Qu’à cela ne tienne, ils jouent soir après soir des standards du rock des années 1950 : Chuck Berry, Little Richard, Gene Vincent, Carl Perkins etc. Bruno Koschmider les éperonne : « Macht Schau ! ». Faites le show ! Ils doivent tout apprendre.
La naissance d’un groupe
Mais ils apprennent vite, à ce rythme infernal. Les progrès sont rapides et spectaculaires. Après 48 concerts à l’Indra, ils sont recrutés le 4 octobre 1960 pour jouer dans un club plus important, le Kaiserkeller. Les voisins, il est vrai, se plaignaient du bruit…
Ils jouent 58 fois au Kaiserkeller. Ils commencent à être repérés, notamment par un jeune étudiant des Beaux-Arts, Klaus Voormann. Peu à peu, ils font la connaissance de jeunes artistes, dont la photographe Astrid Kirchner. Elle les aide à trouver leur style : des costumes classiques plutôt que des vestes en cuir, et la célèbre coupe au bol. Elle prend aussi les premiers clichés professionnels de ceux qui s’appellent désormais « The Beatles ».
Durant cette période, le groupe trouve également sa composition définitive. Les Beatles sympathisent avec un autre groupe de Liverpool : « Rory Storm & The Hurricane ». Le batteur, Richard Starkey, remplace à l’occasion son camarade des Beatles, Pete Best. Il entrera dans l’histoire avec les Fab Four sous le nom de Ringo Star. A la même époque, Paul McCartney prend la basse, après le décès soudain de Stuart Stutcliffe.
De plus en plus populaires, les Beatles regardent avec envie le Top Ten Club. Mais le 30 novembre 1960, George Harrison est renvoyé en Angleterre parce qu’à 17 ans, il n’a pas de permis pour jouer dans un night-club. Paul McCartney et Pete Best le suivent. Mais le 1er avril 1961, ils sont déjà de retour à Hambourg. Et pour jouer au Top Ten Club. Ils y animeront 92 nuits de suite, au rythme de sept heures de musique par soirée.
Sur la pente du succès
Quelques semaines plus tard, à la fin juin 1961, ils enregistrent aussi pour la première fois. Ils accompagnent le chanteur Toni Sheridan. La pochette du disque indique sobrement « Toni Scheridan & The Beatbrothers ». Ce n’est pas encore la gloire. Mais c’est une première étape.
Le 13 avril 1962, les Beatles débutent une série de concerts au Star Club de Hambourg. Puis une deuxième, lors de laquelle ils jouent avec Little Richard. Ils honorent encore un engagement de deux semaines en décembre, et quittent Hambourg le 31 décembre 1962. Le 22 mars 1963, leur premier album « Please please me » sort dans les bacs. La Beatlesmania, déjà pressentie dans les clubs de Hambourg, va bientôt déferler sur le monde.
Les Beatles reviendront à Hambourg en 1966 pour deux concerts mémorables. Mémorables surtout par les débordements de la Beatlesmania. Ce sera l’un des derniers concerts du groupe en Europe.
Mais cinquante ans plus tard, l’ex-Beatle Paul McCartney continue à entretenir la flamme lors de ses tournées en Allemagne. Ses concerts rassemblent des foules toujours aussi nombreuses et enjouées, où toutes les générations se mêlent. Espiègle, il se pique alors de dire quelques mots à la foule en allemand : « Ich habe es in der Schule gelernt »…
A.L.