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Exposition : regards croisés sur deux siècles d’histoire de la citoyenneté
![[G.] Passeport du Royaume de Westphalie en français et allemand, 1813 ; [Dr.] Affiche "Typisch Deutsch" ("typiquement allemand"), Déléguée du gouvernement fédéral pour les questions relatives aux étrangers, Cologne, 2000 © Musée historique allemand [G.] Passeport du Royaume de Westphalie en français et allemand, 1813 ; [Dr.] Affiche Typisch Deutsch (typiquement allemand), Déléguée du gouvernement fédéral pour les questions relatives aux étrangers, Cologne, 2000](/blob/292/1d405f76d7ae8e678c7864e62790f650/loading-data.gif)
[G.] Passeport du Royaume de Westphalie en français et allemand, 1813 ; [Dr.] Affiche « Typisch Deutsch » (« typiquement allemand »), Déléguée du gouvernement fédéral pour les questions relatives aux étrangers, Cologne, 2000, © Musée historique allemand
La citoyenneté établit une communauté nationale. Simultanément, elle exclut ceux qui n’en font pas partie. Il en résulte des émotions fortes, voire conflictuelles. Le Musée historique allemand retrace son évolution depuis 1789 en France, en Pologne et en Allemagne.
Qui fait partie de la communauté ? Qui en est exclu ? La question de la citoyenneté suscite des émotions fortes, voire conflictuelles. Elle rassemble et simultanément, elle sépare. Elle confère des droits (protection, participation politique) et contribue à la construction de représentations collectives de l’identité. Mais elle détermine aussi, via le service militaire, qui doit risquer sa vie pour défendre l’État. La citoyenneté est un statut juridique central à l’ère de l’État-nation moderne. Du 1er juillet 2022 au 15 janvier 2023, le Musée historique allemand (DHM), à Berlin, nous raconte son histoire en France, en Pologne et en Allemagne.
L’exposition débute en 1789, avec la Révolution française et la proclamation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Elle s’achève à l’époque contemporaine. On y apprend comment l’émergence des États-nations est allée de pair avec l’établissement de la citoyenneté comme preuve d’appartenance politique. L’exposition relate aussi comment les dictatures, principalement, en ont fait un outil d’exclusion. Enfin, elle explique comment la notion de citoyenneté s’est reconfigurée, sans se dissoudre, avec l’apparition de la citoyenneté supranationale de l’Union européenne (UE).
France, Allemagne Pologne

Les trois pays choisis ne l’ont pas été au hasard. Ils partagent une longue histoire. Un voisinage durable qui les a profondément liés et parfois déchirés. « Il y a existé entre ces trois pays des échanges pacifiques, ainsi que des phases d’assimilation et d’intégration », souligne Dieter Gosewinkel, commissaire de l’exposition. « Mais il y a eu aussi des périodes d’extrême hostilité culminant dans la volonté d’anéantir l’autre ».
Croiser les regards permet de mieux comprendre l’importance accordée à la citoyenneté et son évolution. L’exposition s’y applique à travers près de 210 tableaux, dessins, graphiques, sondages, affiches, appareils, carnets de souvenirs, publications, extraits audio et vidéo et documents tels que des passeports. Elle mise aussi sur une approche multi-sensorielle et ludique, via 27 stations multimédia et 13 stations inclusives.
La perspective comparative éclaire, par exemple, les nuances de conception. En France, la Déclaration des droits de l’homme de 1789 place le « citoyen » au centre du système politique. En Pologne, la Constitution de 1791 confie en outre au citoyen la défense de la liberté de la nation, ce qui n’a toutefois pas empêché la disparition du pays. En Allemagne, pays fédéral, la citoyenneté apparaît pour la première fois à l’échelle régionale, dans le Royaume de Bavière, en 1808.
Les mouvements de l’Histoire y ajoutent de la profondeur. Car les remaniements de frontières ont été nombreux aux XIXe et XXe siècles. En témoigne une toile intitulée « L’Exode » (1872). Elle représente une famille alsacienne contrainte de quitter son patrie après l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand après la guerre de 1870-71, faute de vouloir adopter la nationalité allemande.
Appartenance et discriminations
Six chapitres thématiques structurent le parcours. Les deux premiers évoquent les « acteurs » et la transmission des « connaissances civiques ». Ils soulignent la durée des processus de naturalisation, l’émotion qui les accompagne et le fossé qui existe entre les « décideurs » et les candidats à la naturalisation. Ils insistent aussi sur le rôle d’éducation à la citoyenneté qu’ont longtemps joué l’armée et le service militaire, avant que ce dernier ne soit aboli ou suspendu dans les trois pays.
Un chapitre important est consacré aux « Discriminations ». Femmes aspirant au droit de vote, juifs mis au ban de la société par les lois de Nuremberg (1935) sous le nazisme, sujets coloniaux privés d’une citoyenneté de plein droit en Algérie ou en Indochine, racisme contemporain : l’Histoire est pleine de « citoyens de second rang » qui ont lutté pour accéder à la citoyenneté pleine et entière. Les régimes autoritaires n’ont pas hésité à user auprès de leurs opposants politiques de la privation de citoyenneté. L’épisode de la dénaturalisation du chanteur est-allemand Wolf Biermann par le régime de la RDA, en 1976, est resté célèbre.
L’exposition s’achève sur les débats contemporains autour de la citoyenneté : articulation entre citoyenneté nationale et supranationale au sein de l’Union européenne (UE), droit à la double nationalité, droit de participation des étrangers à la vie politique, etc. L’époque actuelle se caractérise par une forme de paradoxe, montre-t-elle : à l’heure où la citoyenneté s’étend et s’internationalise, les tendances à la renationalisation, voire au cloisonnement se multiplient dans l’UE.
A.L.
« Citoyennetés. La France, la Pologne et l'Allemagne depuis 1789 »
Exposition au Musée historique allemand (DHM) de Berlin, du 1er juillet 2022 au 15 janvier 2023
Audioguide en plusieurs langues, dont le français