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Exposition : une autre histoire de l’expressionnisme

Franz Marc, « Liegender Stier », 1913, exposé au musée Folkwang d’Essen dans le cadre de l’exposition « Les expressionnistes au musée Folkwang. Révélés, maudits, célébrés » jusqu’au 8 janvier 2023

Franz Marc, « Liegender Stier  », 1913, exposé au musée Folkwang d’Essen dans le cadre de l’exposition « Les expressionnistes au musée Folkwang. Révélés, maudits, célébrés » jusqu’au 8 janvier 2023, © picture alliance / akg-images | akg-images 

06.09.2022 - Article

Promoteur de l’art expressionniste depuis ses origines, le musée Folkwang lui consacre jusqu’au 8 janvier une vaste rétrospective. Il y raconte aussi sa propre histoire, cent ans après son installation à Essen.

Entre le musée Folkwang et l’expressionnisme, c’est une longue histoire. Elle débute avec le XXe siècle lorsqu’un mécène westphalien avant-gardiste, Karl Ernst Osthaus (1874-1921), crée une collection d’art avec l’ambition de mettre l’art contemporain à la portée de tous. Le musée Folkwang voit le jour à Hagen en 1902. Karl Ernst Osthaus, féru d’art moderne, entretient aussi des liens étroits avec la jeune garde des artistes allemands de l’époque. Il est l’un des premiers directeurs de musée à acheter leurs toiles et à leur consacrer des expositions. L’expressionnisme devient l’un des grands axes de sa collection. Il l’est resté jusqu’à nos jours malgré les vicissitudes de l’histoire.

La passion d’un mécène

Ce n’est donc pas un hasard si le musée Folkwang, l’un des phares culturels du bassin de la Ruhr, met aujourd’hui l’expressionnisme à l’honneur. L’établissement fête cette année le centenaire de son installation à Essen en 1922. À cette occasion, il présente jusqu’au 8 janvier 2023 une grande exposition retraçant ses liens privilégiés avec l’expressionnisme. Près de 250 œuvres majeures de Vassily Kandinski, Ernst Ludwig Kirchner, Oskar Kokoschka, Franz Marc, Paula Modersohn-Becker, Edvard Munch, Gabriele Münter, Emil Nolde et Egon Schiele sont à découvrir.

« Les expressionnistes au musée Folkwang. Révélés, maudits, célébrés » -c’est son titre- réunit un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre. Ils viennent des collections du musée Folkwang, mais aussi de musées espagnols, autrichiens, allemands et suisses.

Le visiteur se voit offrir une plongée originale à travers l’histoire de l’art. Première rencontre : Edvard Munch. Les œuvres du peintre norvégien ont fait scandale à Berlin en 1892. En 1903, Karl Ernst Osthaus est le premier directeur d’un musée allemand à acquérir des toiles. Dès 1906, il lui consacre une exposition.

À l’avant-garde, de Dresde à Vienne

Ernst Ludwig Kirchner, Doris avec une collerette », 1906, exposé au musée Folkwang d’Essen dans le cadre de l’exposition « Les expressionnistes au musée Folkwang. Révélés, maudits, célébrés » jusqu’au 8 janvier 2023
Ernst Ludwig Kirchner, « Doris avec une collerette », 1906, exposé au musée Folkwang d’Essen dans le cadre de l’exposition « Les expressionnistes au musée Folkwang. Révélés, maudits, célébrés » jusqu’au 8 janvier 2023© picture alliance / Heritage Images | Fine Art Images

Les liens sont aussi très étroits avec « Die Brücke  ». Le mouvement regroupe la jeune garde expressionniste allemande. En 1906, l’un de ses principaux animateurs, le peintre Erich Heckel, propose à Karl Ernst Osthaus de s’y joindre en tant que membre passif. L’adhésion n’aura pas lieu. Mais le musée Folkwang consacre deux expositions à « Die Brücke » en 1907 et 1910. Des liens durables perdureront avec Ernst Ludwig Kirchner après la dissolution du groupe.

Le mécène contribue aussi à la diffusion des œuvres du « Cavalier bleu  ». Le musée Folkwang accueille dès l’été 1912 des toiles présentées sous cette étiquette, six mois après la création de cet autre grand mouvement de l’avant-garde expressionniste. Elles sont signées de Franz Marc, Vassily Kandinsky et Gabriele Münter.

Un riche chapitre de l’exposition s’intéresse aux Viennois Oskar Kokoschka et Egon Schiele. Osthaus découvre le premier dans une galerie berlinoise en 1910. Six mois plus tard, le musée Folkwang est le premier musée allemand à acquérir ses œuvres. En 1915, une donation d’Alma Mahler, qui a été la partenaire de Kokoschka, enrichit la collection d’un portrait et de plusieurs dessins.

Schiele, lui, n’a que 20 ans quand il fait son entrée dans la collection, en 1910. Karl Ernst Osthaus a acheté deux de ses aquarelles. Beaucoup d’autres suivront. En 1912, le musée Folkwang détient la plus grande collection d’œuvres de Schiele. Il organise la première grande exposition consacrée à l’artiste.

Une autre vedette de l’exposition est l’Allemande Paula Modersohn-Becker. L’artiste rencontre Karl Ernst Osthaus en 1905, deux ans avant sa mort prématurée. En 1913, son mari Otto Modersohn et ses amis organisent au musée Folkwang la première rétrospective de son œuvre. Elle sera une contribution importante à sa découverte.

Une histoire dans l’Histoire

L’avènement du nazisme met un terme à cet élan. Les mouvements artistiques étrangers au goût des nouveaux maîtres du pouvoir se voient diffamés. Ils disparaissent peu à peu de la vie publique. En 1937, l’exposition « Art dégénéré », à Munich, cible tout particulièrement les artistes expressionnistes. Le musée Folkwang se voit confisquer 1 400 œuvres, dont la totalité de sa collection d’art expressionniste.

La restauration de la collection a commencé dès les années 1940. La toile « Kaffeetisch » d’Ernst Ludwig Kirchner est, en 1949, l’une des premières pierres de la nouvelle collection. Un travail de longue haleine débute. Il passe par des achats ciblés, par l’acquisition de toiles confisquées à d’autres musées et par l’achat de toiles appartenant à des particuliers. Certaines ont-elles été volées à des juifs par le régime nazi ? Au musée Folkwang aussi, le travail de recherche sur la provenance des œuvres est devenu un pan indispensable de l’activité quotidienne.

A.L.

Les expressionnistes au musée Folkwang. Révélés, maudits, célébrés
(Die Expressionisten am Folkwang. Entdeckt – Verfemt – Gefeiert)
Exposition au musée Folkwang d’Essen jusqu’au 8 janvier 2023

En savoir plus (en allemand/ anglais)

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