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A Hambourg, une exposition qui ne manque pas de souffle

Thomson & Craighead (*1969 / *1971), Several Interruptions, 2009. Courtesy the artists. Made with support from Arts Council England, © Hamburger Kunsthalle
Inspirer, expirer : en apparence, rien de plus simple. Mais la respiration n’est pas seulement un processus biologique. Elle acquiert vite une dimension sociale, voire politique. Une exposition à Hambourg en dévoile toutes les facettes à travers l’art.
Que signifie respirer ? Rien de plus simple, en apparence. Inspirer, expirer : c’est un processus biologique automatique, et la plupart du temps inconscient. C’est le mouvement de la vie. Mais si l’on y réfléchit, il y a davantage derrière les apparences. De tout temps, la respiration, le souffle ont acquis une signification sociale, voire politique. Pensons aux derniers mots de George Floyd écrasé sous le genou d’un policier à Minneapolis en 2020, « I can’t breathe », et au mouvement Black lives matter que ce meurtre raciste a déclenché. Alors, que signifie respirer ? C’est à Hambourg qu’il faut aller pour le découvrir.

Le musée de la Kunsthalle présente jusqu’au 15 janvier une exposition intitulé « Atmen » (litt. : Respirer). Elle rassemble une centaine d’œuvres anciennes et contemporaines, entre lesquelles elle organise un dialogue intemporel. Ces tableaux, sculptures, installations, photos, dessins, performances et extraits vidéos révèlent les facettes extrêmement variées que peut revêtir le thème existentiel du souffle et de la respiration.
La respiration sous toutes les coutures
Ainsi, dès l’Antiquité, le souffle est davantage qu’une quantité d’air qui entre et sort des poumons. Il est considéré comme le support de la vie, de la pensée, de l’inspiration et aussi, dans nombre de cultures à travers le monde, de l’âme. Dans la tradition judéo-chrétienne, l’inspiration est un moment clé de l’acte créateur du Divin. Plus près de nous, la vie quotidienne est le théâtre de nombreuses prises de conscience. C’est paradoxalement quand la respiration est entravée (par la maladie, le changement climatique, les pandémies ou la violence physique) que nous réalisons à quel point respirer est un acte spontané.
De la biologie à la politique
L’exposition en vient ainsi à s’interroger sur les aspects sociaux et politiques qui sont souvent attachés au souffle et à la respiration. La respiration n’est pas un processus biologique neutre, souligne-t-elle. Elle affirme toujours un rapport au monde, et revêt une dimension sociale. L’exposition passe ainsi en revue plusieurs domaines, du racisme incarné par les derniers mots de George Floyd à la pollution de l’air ou à la pandémie. Cette dernière a plus que jamais révélé le caractère vital de l’accès à l’oxygène. C’est d’ailleurs la pandémie de Covid-19 qui a inspiré la conception de l’exposition.
Les œuvres présentées proviennent des fonds du musée et de prêts de musées prestigieux, tels que le Rijksmuseum d’Amsterdam, le Museumslandschaft Hessen à Kassel, les Musées nationaux de Berlin et la Collection Leiden à New York. Elles sont signées aussi bien par des maîtres anciens (Hendrick ter Brugghen, David Teniers) que par des artistes contemporains (Oscar Munoz, Vibha Galhotra). Certaines ont été conçues spécialement pour l’exposition.
A.L.
Atmen (« Respirer »)
Exposition à la Hamburger Kunsthalle, à Hambourg, jusqu’au 15 janvier 2023