Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères

À Berlin, une exposition ressuscite Nosferatu le vampire

Friedrich Wilhelm Murnau, « Nosferatu le vampire » (photographie de plateau), 1922, Fondation Wilhelm Murnau, Wiesbaden

Friedrich Wilhelm Murnau, « Nosferatu le vampire » (photographie de plateau), 1922, Fondation Wilhelm Murnau, Wiesbaden, © Musées nationaux de Berlin, Collection Scharf-Gerstenberg

03.01.2023 - Article

Jeux d’ombre et de lumière, vampire aux oreilles pointues et aux longs doigts crochus : le film « Nosferatu le vampire » a marqué l’histoire du film d’horreur. À l’occasion du centenaire de sa création, une exposition s’intéresse à son influence sur le monde de l’art.

Chef-d’œuvre du cinéma expressionniste allemand et pionnier du film d’horreur, le film de Friedrich Wilhem Murnau (1888-1931) « Nosferatu le vampire » a marqué l’histoire du cinéma. Ce film muet en noir et blanc était la première adaptation cinématographique (libre) du roman « Dracula » (1897) de Bram Stoker. Son personnage de vampire aux oreilles pointues et aux doigts crochus s’est inscrit dans la mémoire collective. Mais aurait-il connu cet extraordinaire destin sans les surréalistes français ? Sans doute pas. C’est l’un des enseignements d’une exposition que la Collection Scharf-Gerstenberg, à la Nationalgalerie de Berlin lui consacre à l’occasion du centenaire de sa création.

Pionnier du film d’horreur

Musées nationaux de Berlin, Collection Scharf-Gerstenberg
Musées nationaux de Berlin, Collection Scharf-Gerstenberg, Cinémathèque allemande – Musée du cinéma et de la télévision, Fonds d’archives photographiques© Musées nationaux de Berlin, Collection Scharf-Gerstenberg

« Nosferatu le vampire » a été projeté pour la première fois dans la salle de marbre du Zoo de Berlin le 4 mars 1922. Il raconte l’histoire d’un jeune agent immobilier baptisé Hutter qui quitte sa petite ville de Wisborg, dans le nord de l’Allemagne, pour rejoindre le comte Orlock en Transylvanie. Le comte n’est autre que « Nosferatu », le mort-vivant suceur de sang directement issu du roman « Dracula ». Le film, tourné au lendemain de la Première Guerre mondiale et de la grippe espagnole, raconte l’histoire du vampire qui terrorise la population en répandant la peste à travers la ville.

Film à petit budget, « Nosferatu le vampire » a d’abord pu sembler maudit à ses créateurs eux-mêmes. Il a fait un flop à sa sortie, après avoir nécessité le tournage de scènes ruineuses en extérieur (notamment en Transylvanie, à Wismar et à Lübeck). Pire, le budget ne permettait pas de payer des droits d’auteur. Or, les ayants droit du romancier Bram Stoker ont attaqué le film et obtenu en 1925 la destruction de toute copie, ce qui a entraîné la faillite de la société de production. Fort heureusement des copies partielles ont continué à circuler. C’est ainsi que l’écrivain André Breton (1896-1966) et les surréalistes français l’ont découvert. Fascinés.

La fascination des surréalistes

« 'Nosferatu le vampire' était l’un des films favoris d’André Breton, le chef de file des surréalistes », souligne Kyllikki Zacharias, directrice de la Collection Scharf-Gerstenberg, dans la presse. L’écrivain français le considérait comme une œuvre clé du surréalisme. Une phrase du film l’impressionnait particulièrement : « À peine Hutter avait-il passé le pont que des visions inquiétantes s’emparaient de lui ». Elle est citée à au moins quatre reprises dans son œuvre. Elle illustre parfaitement ce qui fascinait les surréalistes, indique Mme Zacharias : « ce seuil, ce passage d’un monde à l’autre, d’un monde de clarté logico-rationnel à un monde d’obscurité qui est bien entendu fantomatique et rempli de peurs. »

Influence jusque dans la culture populaire

« Nosferatu le vampire » n’a pas conquis que les surréalistes. Il a été abondamment copié et adapté. Il est entré dans la culture populaire à travers les films d’horreur et a inspiré jusqu’aux séries télévisées, à l’instar des « Simpsons ». Dans le sens inverse, il a puisé à diverses sources d’inspiration : le peintre espagnol Francisco de Goya, le peintre allemand Caspar David Friedrich et les romantiques allemands, l’artiste norvégien Edvard Munch ou encore l’art et la littérature fantastiques du début du 20e siècle.
Ce sont toutes ces influences que l’exposition explore. Intitulée « Fantômes de la nuit. Les 100 ans de Nosferatu le vampire », elle s’intéresse à la réception du film et à sa place dans l’histoire de l’art. Elle les éclaire sous différents angles. Le parcours comprend des chapitres sur le motif de la patrie idyllique, sur celui du voyage lugubre, sur le déferlement de la mort sur le village, sur l’élaboration du film et sur les nombreuses références dans l’art et la culture populaire.

Au total, près de 120 dessins, photographies, tableaux, affiches, documents et publications sont à découvrir. Les images du film et les photographies de plateau entrent en dialogue avec les toiles de maître et les travaux d’artistes contemporains tels que Louise Lawler, Tracey Moffatt et Alexandra Bircken. L’exposition, présentée jusqu’au 23 avril, déploie toute la gamme d’une esthétique de l’inquiétante étrangeté.

A.L.

Phantome der Nacht. 100 Jahre Nosferatu
(Fantômes de la nuit. Les 100 ans de Nosferatu le vampire)
Exposition à la Nationalgalerie de Berlin, Collection Scharf-Gerstenberg jusqu’au 23 avril 2023

En savoir plus (en allemand/ anglais)

Retour en haut de page