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Fin d’une ère à Berlin : Daniel Barenboim démissionne du Staatsoper

Daniel Barenboim a annoncé sa démission de l’Opéra de Berlin (Staatsoper) pour raisons de santé

Daniel Barenboim a annoncé sa démission de l’Opéra de Berlin (Staatsoper) pour raisons de santé, © picture alliance / Vit Simanek/CTK/dpa | Vit Simanek

10.01.2023 - Article

Le légendaire maestro israélo-argentin a annoncé sa décision il y a quelques jours. Il quitte ses fonctions pour raisons de santé, après avoir dirigé l’Opéra national de Berlin pendant trente ans. Sous les éloges et les applaudissements du public.

Directeur musical de l’Opéra national (Staatsoper) de Berlin, Daniel Barenboim a annoncé vendredi qu’il souhaitait quitter ses fonctions à la fin du mois de janvier pour raisons de santé. « Malheureusement, mon état de santé s’est nettement détérioré au cours de l’année dernière. Je ne suis plus en mesure de fournir la prestation que l’on attend à juste titre d’un directeur musical », a indiqué le légendaire pianiste et chef d’orchestre, qui est atteint d’une grave maladie neurologique.

Daniel Barenboim im Saal der sanierten Staatsoper
Le célèbre pianiste et chef d’orchestre Daniel Barenboim à l‘Opéra de Berlin (Staatsoper), dont il assure la direction musicale depuis 30 ans© picture alliance /dpa | Bernd von Jutrczenka
« Au fil des années, nous sommes devenus une famille musicale et nous le resterons », ajoute-t-il en exprimant son « admiration pour les chanteurs, les membres du chœur et tous les autres collaborateurs de l'Opéra national ».

« Il va de soi que je resterai - tant que je vivrai - très étroitement lié à la musique et que je suis prêt à continuer à diriger, aussi et surtout avec la Staatskapelle Berlin ».

Ovation debout

Daniel Barenboim avait été nommé directeur musical du Staatsoper de Berlin en 1992, et chef d’orchestre à vie de la Staatskapelle en l’an 2000. Le musicien israélo-argentin, qui a fêté ses 80 ans le 15 novembre dernier, avait dû annuler de nombreux concerts en 2022. Il avait fait son retour à la baguette le 31 décembre et le 1er janvier dernier pour diriger la Neuvième Symphonie de Beethoven dans une salle pleine à craquer.

Samedi dernier, le public berlinois lui a réservé un concert d’applaudissements et une ovation debout à la Philharmonie de Berlin. Au programme figuraient le Concerto en la mineur de Robert Schumann, interprété par l’Orchestre Philharmonique et la pianiste Martha Argerich, et la Deuxième Symphonie de Johannes Brahms. Un tonnerre d’applaudissements a retenti lorsque le maestro a quitté le pupitre pour rejoindre sa complice de longue date au piano et interpréter à quatre mains un extrait des « Jeux d’enfants » de Georges Bizet.

Rayonnement international

Plusieurs responsables ont salué la contribution de Daniel Barenboim à la culture berlinoise. L’intendant du Staatsoper, Matthias Schulz, a exprimé « la gratitude infinie » de son institution envers son directeur musical. En 30 ans, Daniel Barenboim a fait bénéficier le Staatsoper et la Staatskapelle de « son inépuisable énergie comme personnalité artistique au rayonnement international », a-t-il dit.

Daniel Barenboim est « l’un des pianistes et chefs d’orchestre les plus importants de tous les temps », a souligné la ministre fédérale adjointe à la Culture, Claudia Roth. « Il a marqué le monde musical allemand d’une manière déterminante pendant plusieurs décennies ». Son mandat de directeur musical du Staatsoper « a été une chance pour Berlin et pour l’Allemagne, car il a su donner au Staatsoper et à l’orchestre de la Staatskapelle le rang d’institutions de renommée mondiale ».

Génie de la musique classique et humaniste

Considéré comme un génie de la musique classique, Daniel Barenboim a grandi en Argentine et en Israël. Enfant prodige, il a fait ses débuts de pianiste à l’âge de dix ans au Festival de Salzbourg. À douze ans, il est devenu le plus jeune élève de la classe de direction d’orchestre de l’Accademia di Santa Cecilia à Rome, puis il a étudié à Paris la composition. À partir de la fin des années 1960, il a dirigé les plus grands orchestres à travers le monde. Il a été directeur musical d’institutions prestigieuses telles que l’Opéra Bastille à Paris, la Scala à Milan et l’Orchestre symphonique de Chicago.

Il est, par ailleurs, reconnu pour son engagement humaniste. En 1999, il a créé avec l’écrivain Edward Saïd le West-Eastern Divan Orchestra (« Orchestre du Divan occidental-oriental ») qui réunit de jeunes musiciens israéliens et palestiniens. En 2016, il a ensuite créé à Berlin l'Académie Barenboim-Saïd, qui forme de jeunes musiciens.

Il ne sera pas aisé pour le Staatsoper de lui trouver un successeur. Le nom de l’Allemand Christian Thielemann est évoqué. Le chef de l’orchestre de la Staatskapelle de Dresde, spécialiste de Richard Wagner, avait remplacé son aîné à Berlin en 2022 pour la création d’une nouvelle version de l’Anneau du Nibelung à l’automne dernier et lors de la tournée asiatique de la Staatskapelle. Mais il a souligné à plusieurs reprises que son contrat à Dresde se poursuivait jusqu’en 2024.
A.L.

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