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Tournant en vue dans le procès du cambriolage spectaculaire de la Voûte verte

La vitrine endommagée lors d’un spectaculaire cambriolage dans la salle des joyaux de la Voûte verte au château de Dresde en novembre 2019

La vitrine endommagée lors d’un spectaculaire cambriolage dans la salle des joyaux de la Voûte verte au château de Dresde en novembre 2019, © picture alliance/dpa/dpa-Zentralbild | Sebastian Kahnert

12.01.2023 - Article

En cours depuis un an, le procès du cambriolage spectaculaire de la Voûte verte, à Dresde, connaît actuellement un tournant. Après la restitution de plusieurs joyaux à la mi-décembre, plusieurs suspects pourraient passer aux aveux la semaine prochaine.

Le coup avait fait les gros titres de la presse internationale. Le 25 novembre 2019 au petit matin, des individus s’étaient introduits par effraction dans le musée de la Voûte verte, à Dresde. Quelques minutes plus tard, ils en ressortaient avec un butin spectaculaire constitué de joyaux du 18e siècle dérobés dans une vitrine ultra-sécurisée. Le tout sans attirer l’attention. Montant du préjudice : quelque 113 millions d’euros. L’affaire, devant la justice depuis un an, est en train de connaître un tournant. Les accusés risquent plusieurs années de prison.

Six suspects âgés de 23 à 29 ans sont dans le box au tribunal régional de Dresde. Il s’agit de membres d’une famille allemande issue de l’immigration, résidant dans le quartier berlinois de Neukölln. Deux d’entre eux purgent une peine pour le vol de pièces d’or au musée Bode de Berlin en 2017. Les suspects risquent des peines allant de cinq ans et neuf mois à six ans et neuf mois de prison pour les plus âgés, et de quatre à cinq ans de prison pour les plus jeunes, mineurs au moment des faits. L’un des six accusés demande la relaxe, contestant sa participation au cambriolage avec un alibi.

Accord entre le parquet et la défense

Un accord a récemment été passé entre le parquet, la défense et cinq des six accusés. Ces derniers pourraient bénéficier d’une peine allégée sous réserve de rendre la majorité du butin et de faire des aveux « crédibles » sur la raison du cambriolage, sa planification, son déroulement, ses suites et le rôle de chaque participant.

La première condition, celle de la restitution, a été remplie dans la nuit du 16 au 17 décembre dernier à Berlin. La seconde pourrait l’être lors de la reprise de l’audience, mardi 17 janvier. Quatre des six suspects ont promis des aveux. Le cinquième est en cours de réflexion. Le procès pourrait donc connaître un tournant la semaine prochaine. Si tel était le cas, il pourrait s’achever d’ici au 7 février.

Un cambriolage des plus spectaculaires

En attendant, le musée et les autorités font le bilan des pertes. 21 bijoux et garnitures précieuses ont été dérobés lors du vol. Il s’agissait de parures en or et en argent ornées de 4 300 diamants et pierres précieuses, légués par le prince électeur de Saxe et roi de Pologne Auguste le Fort (1694-1733). Ils constituent l’héritage d’une période faste de l’histoire de la Saxe : Auguste le Fort avait pris Louis XIV, le Roi Soleil, pour modèle. Pour l’imiter, il avait embauché à prix d’or les plus brillants orfèvres, joaillers, peintres, décorateurs, artistes, etc.

Fort heureusement, l’une de ses pièces les plus précieuses de la collection, le légendaire Diamant Vert de Dresde, était présentée dans une exposition à New York au moment du cambriolage.

Une partie du butin restitué à la mi-décembre

Garniture de diamants. L’objet marqué en vert est une agrafe de chapeau ornée du Diamant vert de Dresde
Garniture de diamants. L’objet marqué en vert est une agrafe de chapeau ornée du Diamant vert de Dresde. Présentée en 2019-2020 dans l’exposition « Making Marvels » au Metropolitan Museum of Art de New York et au Cabinet Watzdorf de la Voûte verte, cette dernière ne figurait pas dans la vitrine cambriolée en novembre 2019© Collections nationales de Dresde, photo: Jürgen Karpinski

31 éléments appartenant au butin ont été restitués à la mi-décembre, selon les Collections nationales de Dresde. Y figurent notamment une broche en forme d’étoile ornée de diamants de l’ordre polonais de l’Aigle blanc, une épaulette provenant de la garniture de diamant rose, une épée de cette même garniture ou encore des boucles de soulier garnies de diamant.

Certaines pièces sont en bon état. Mais plusieurs présentent des dommages plus ou moins importants : des rayures, des déformations, des dégâts liés à l’eau et pour certains des morceaux cassés ou manquants. Les Collections nationales de Dresde vont mettre en place une commission d’experts pour évaluer l’ampleur des restaurations à réaliser.

Par ailleurs, les enquêteurs sont toujours à la recherche de plusieurs joyaux, dont un collier orné de brillants de la reine Amalie Auguste et une épaulette garnie de diamant blancs de Saxe. Fin décembre, des plongeurs ont ratissé le canal qui traverse le quartier de Neukölln à Berlin sur plusieurs dizaines de mètres. Ils recherchaient la lame d’une épée précieuse dont le pommeau a été restitué en très mauvais état. En vain.

Le musée l’a promis : à l’issue du procès, les objets restitués seront montrés au public, une fois restaurés. Mais pour l’heure, ils font partie des pièces à conviction.
A.L.

En savoir plus (en allemand/ anglais)

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