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Bertolt Brecht d’hier à aujourd’hui

Un café baptisé d’après Bertolt Brecht

Un café baptisé d’après Bertolt Brecht, © picture alliance/dpa | Stefan Puchner

09.02.2023 - Article

Il y a 125 ans, ce 10 février, Bertolt Brecht (1898-1956) naissait à Augsbourg. Écrivain engagé, rénovateur du théâtre et fondateur du Berliner Ensemble, il est à l’affiche de nombreuses représentations cette saison. Il reste un dramaturge pour notre temps.

Ses pièces sont à l’affiche de nombreux théâtres cette saison. Le festival Brecht d’Augsbourg (Bavière) propose du 10 au 19 février un programme spécial. Et « son » théâtre, le Berliner Ensemble, présente une mise en scène de « Mère Courage et ses enfants » par Christina Tscharyiski dans une perspective féministe. Le dramaturge Bertolt Brecht (1898-1956) aurait 125 ans ce 10 février. Soixante-sept ans après sa mort, il semble redevenu très actuel.

Le public aura le loisir de redécouvrir Brecht et son œuvre imposante : 30 pièces de théâtre, 2 500 poèmes ou chansons et une importante œuvre en prose, en particulier théorique.

Au palmarès de ses plus grands succès, son « Opéra de quat'sous » (1928) semble indétrônable. Cette comédie musicale mise en musique par Kurt Weill fut un succès international dès sa création. Elle reste parmi ses pièces les plus jouées en cette année anniversaire. Elle côtoie à l’affiche les autres grands classiques brechtiens que sont la « Vie de Galilée » (1943) ou la pièce pacifiste « Mère Courage et ses enfants » (1941).

Un classique…

On retient généralement de lui son combat antifasciste, sa critique du capitalisme, ses affinités marxistes, son ambition rénovatrice pour le théâtre et la création du Berliner Ensemble, avec Helene Weigel, en 1949.

Il a créé le « théâtre épique » (episches Theater) en rupture avec le théâtre aristotélicien et le principe de « distanciation » (Entfremdung). Ce principe, qui vise à créer un effet d’étrangeté chez le spectateur, passe par des innovations scéniques telles que le rejet de l’identification de l’acteur à son personnage et l’introduction de procédés de mise à distance (par exemple via la narration) ôtant tout réalisme à l’action représentée.

… actuel !

Le théâtre du Berliner Ensemble, fondé à Berlin par Bertolt Brecht
Le théâtre du Berliner Ensemble, fondé à Berlin par Bertolt Brecht© picture alliance/dpa | Annette Riedl
Bertolt Brecht est un classique. On l’étudie sur les bancs de l’école. Mais comme tous les classiques, il faut se garder de le ranger trop vite sur une étagère de bibliothèque. « Son heure est à nouveau venue », plaide Oliver Reese, intendant du Berliner Ensemble. « Durant les nombreuses belles années que nous avons vécues, son engagement politique pouvait paraître un peu dépassé à certains. Mais nous vivons maintenant une période difficile. Et dans les périodes difficiles, on se rend compte à quel point son œuvre, à commencer par sa biographie, sont traversées par la guerre, l’exil, la révolution et par cette question : bien vivre ou s’engager politiquement ? Le moi face au monde. »

De fait, une grande partie des œuvres marquantes de Brecht est née durant les quinze années qu’il a passées en exil. Dès 1933, le dramaturge a vu la dangerosité du nazisme et il s’y est fortement opposé. Après l’incendie du Reichstag, le 27 février 1933, il a pris le chemin de l’exil avec femme et enfants. Il a vécu au Danemark jusqu’en 1939, puis il est passé par plusieurs pays (Union soviétique, Suède, Finlande) avant de s’installer à Santa Monica, en Californie. Il n’est rentré en Europe qu’en 1949, pour s’installer à Berlin-Est. Il a quitté l’Allemagne au lendemain de son premier grand succès (« L’Opéra de quat’sous »). Il a dû tout recommencer à zéro à chaque étape.

Moderne, Bertolt Brecht l’a également été par ses intuitions. Penseur de la société de masse, il a abordé la radio, le nouveau média de son époque, dans une perspective interactive qui apparaît visionnaire aux utilisateurs d’Internet que nous sommes. « Il faut faire de l’outil de distribution qu’est la radio un outil de communication », écrivait-il dès 1932 dans un célèbre essai. Il espérait que l’auditeur pourrait à l’avenir non seulement écouter la radio, mais aussi s’y exprimer, afin de sortir de la passivité face au média et de sa solitude pour entrer en relation.

Plus généralement, son œuvre est un antidote contre l’uniformité et le conformisme. Son théâtre n’a pas l’ambition de créer un monde meilleur, explique le germaniste Jürgen Hillesheim, spécialiste de Brecht. Mais il démonte les rouages de la société. « On apprend avec lui comment la société fonctionne, et ce dans un langue élégante ». Pour ce chercheur, Brecht n’aurait pas été très friand du politiquement correct.

A.L.

En savoir plus (en allemand) :

Festival Brecht à Augsbourg

Berliner Ensemble

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