C’est un complexe industriel gigantesque qui se déploie sur six hectares, en surplomb de la ville de Völklingen, à la frontière entre la Sarre et la Moselle. Le temps semble s’y être arrêté. Plus un gramme de fonte n’est sorti de ses hauts fourneaux depuis 1986. Mais les installations restent intactes comme si la production avait cessé hier.

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L’ancienne aciérie de Völklingen (Völklinger Hütte) constitue un témoignage unique de l’âge d’or de la sidérurgie en Sarre au 19^e et au 20^e siècles. Inscrite depuis 1994 sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, elle a été premier site mondial à recevoir ce privilège. Mais aujourd’hui, c’est à un tout autre titre qu’elle reste un acteur majeur du rayonnement de la Sarre : elle attire plusieurs dizaines de visiteurs par an en tant que centre d’art et de culture. Cette année, elle célèbre cette année ses 150 ans. Un riche programme culturel est à l’affiche tout le week-end.

Animations tout le week-end

Ce programme débute dès vendredi 12 mai par une cérémonie officielle. Un nouveau bâtiment doit être inauguré à l’entrée du complexe. Les visiteurs pourront participer tout le week-end à des visites guidées et à des animations. La Völklinger Hütte présente actuellement une installation vidéo de Julian Rosefeldt intitulée « When we are gone », ainsi que l’exposition en bande-dessinée « The Story of Planet A » de Jens Harder sur l’histoire de la Terre.

De nouveaux espaces et de nouveaux événements sont, par ailleurs, annoncés à partir de l’été, notamment une exposition sur les flux (de matière premières, d’hommes et de production). Une installation multimédia de l’artiste suisse Rémy Markowitsch intitulée « We All (Except the Others)  » reviendra, par ailleurs, sur les grands moments de l’histoire du site. Enfin, à l’automne s’ouvrira une exposition sur l’histoire du cinéma allemand : « Der Deutsche Film. 1895 bis heute  ».

Un pan d’histoire industrielle au cœur de l’Europe

La cérémonie officielle marquera officiellement les 150 ans de la fondation du site. Le 12 mai 1873, l’ingénieur en sidérurgie Julius Buch obtenait le permis de construire une aciérie. L’usine devait fermer au bout de six ans. Mais le site, excellemment situé au bord de la Sarre et sur la ligne ferroviaire reliant Sarrebruck à Trêves, fut racheté en 1881 par l’industriel Carl Röchling.

À la tête de l’usine de Völklingen, la famille Röchling ne cessa d’agrandir le complexe et d’étendre son empire sidérurgique. Avant la Première Guerre mondiale, les ferronneries et aciéries de Völklingen devaient devenir le premier producteur allemand de poutres en fer d’Allemagne. Plus tard, elles produiraient les casques des soldats de la Grande Guerre, les grenades utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale, puis les produits de base du miracle économique, après la guerre.

Le site est aujourd’hui l’un des complexes industriels les mieux conservés du 19^e et du 20^e siècles. Installés au cœur de la région industrielle transnationale de Sarre-Lorraine-Luxembourg, au cœur de l’Europe, ses hauts fourneaux historiques retracent l’intégralité du processus de production de fonte un degré d’authenticité unique. Ils témoignent de nombreuses étapes clés de l’innovation en ingénierie.

Comme pour les usines Krupp dans la Ruhr, toutefois, l’histoire du site reflète les ombres et les lumières du siècle passé. Les usines de Völklingen ont ainsi employé des travailleurs forcés pendant les deux guerres mondiales, dont plusieurs milliers de travailleurs étrangers pendant la Seconde Guerre mondiale. Les recherches historiques se poursuivent sur ce sujet difficile à explorer faute de témoignages. Depuis 2018, une installation de l’artiste Christian Boltanski commémore sur le site lui-même l’histoire du travail forcé.

A.L.

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