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Un 100 000e pavé contre l’oubli

100 000 «Stolpersteine » (pierres d’achoppement) ont été posées en Allemagne et en Europe par l’artiste allemand Gunter Demnich depuis 1993, en mémoire des victimes de la Shoah

100 000 « Stolpersteine » (pierres d’achoppement) ont été posées en Allemagne et en Europe par l’artiste allemand Gunter Demnich depuis 1993, en mémoire des victimes de la Shoah, © picture alliance/dpa | Peter Kneffel

30.05.2023 - Article

L’artiste allemand Gunter Demnig a posé en fin de semaine dernière à Nuremberg son 100 000e pavé contre l’oubli (« Stolperstein »), à la mémoire d’une victime du nazisme. Il doit « nous rappeler que derrière chaque pavé, il y a une vie humaine », a-t-il déclaré.

Il s’agit sans doute du plus vaste monument immatériel à la mémoire des victimes du nazisme. Depuis 1993, l’artiste allemand Gunter Demnig a entrepris de poser des pavés de la mémoire (« Stolpersteine ») devant le dernier domicile connu de victimes dans les villes allemandes et européennes. Vendredi 26 mai, il a posé le 100 000e pavé dans la ville de Nuremberg, en Bavière.

Ces pavés brillants, encastrés dans le trottoir attirent l’attention des passants. Littéralement, le mot « Stolperstein » fait référence à une pierre sur laquelle on trébuche. Chaque pavé porte la mémoire d’une victime. On peut lire dessus l’inscription gravée : « ici a habité … », suivie d’un nom, de dates. On s’arrête. On lit. C’est ici la dernière résidence d’une personne dont la dictature nazie a brisé le destin à tout jamais.

Défendre les droits de l’Homme

L’artiste Gunter Demnig, inventeur des „pierres d’achoppement“ en mémoire des victimes de la Shoah
L’artiste Gunter Demnig, inventeur des « pierres d’achoppement » en mémoire des victimes de la Shoah© picture alliance/dpa | Peter Kneffel

« Le 100 000e Stolperstein est là pour nous rappeler que derrière chaque pavé, il y a une vie humaine », a déclaré Gunter Demnig vendredi. « Pour nous rappeler que ce sont 100 000 pavés, sur les 12 millions qui seraient nécessaires, et que nous devons continuer à défendre les droits de l’Homme aujourd’hui, y compris si l’on rencontre une résistance. »

D’un point de vue artistique, mémoriel et symbolique, la présence du pavé réinscrit en quelque sorte la personne dans la cité. Elle annule son effacement par le régime nazi et restaure son identité.

Gunter Demnig consacre les deux tiers de son temps à cette activité. En trente ans, il a posé des « Stolpersteine » dans 1 200 villes d’Allemagne et dans des villes d’une trentaine de pays. Les pavés rendent hommage à toutes les victimes du nazisme : juives, Sintis et Roms, homosexuels, personnes handicapées, victimes de persécutions politiques ou religieuses.

Le 100 000e pavé a été posé au numéro 29 de la Bartholomäusstraße, à la mémoire de Johann Wild, mécanicien de Nuremberg. Ce militant du Parti social-démocrate (SPD) avait condamné les crimes d’Adolf Hitler et des nazis dans plusieurs lettres adressées sous pseudonyme au ministère de la Propagande du Reich. Découvert, il fut condamné à mort et guillotiné le 17 mai 1941 à la prison de Stadelheim, à Munich.

Nuremberg est la première ville « dans laquelle ont été punis les crimes contre l’humanité », souligne Gunter Demnig en référence au procès de Nuremberg, après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, la ville est devenue un symbole en matière de respect des droits de l’Homme.

A.L.

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