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56 ans après, l’Allemagne et la France donnent de l’élan à leur amitié

-	Signature du traité d’Aix-la-Chapelle sur la coopération et l’intégration franco-allemandes, mardi 22 janvier 2019, dans la salle du couronnement de l’hôtel de ville d’Aix-la-Chapelle

Signature du traité d’Aix-la-Chapelle sur la coopération et l’intégration franco-allemandes, mardi 22 janvier 2019, dans la salle du couronnement de l’hôtel de ville d’Aix-la-Chapelle, © picture alliance/Oliver Berg/dpa

22.01.2019 - Article

La chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron ont signé aujourd’hui à Aix-la-Chapelle un traité sur la coopération et l’intégration franco-allemandes. Un pas de plus dans l’amitié entre les deux pays, 56 ans jour pour jour après le traité de l’Élysée.

Il faut écouter le langage des symboles. Le 22 janvier 1963, une accolade entre le général de Gaulle et le chancelier Adenauer a parachevé la réconciliation franco-allemande lors de la signature du traité de l’Élysée. Une ère d’amitié et de coopération s’ouvrait. Le 22 septembre 1984, les mains jointes d’Helmut Kohl et de François Mitterrand devant l’ossuaire de Douaumont ont ancré dans les esprits la « réconciliation par-delà les tombeaux ». L’Europe pouvait avancer… Et aujourd’hui ? À Aix-la-Chapelle, « sous l’œil virtuel de Charlemagne », comme l’a dit l’ancien président du Bundestag Norbert Lammert, la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron ont signé ce mardi un nouveau traité franco-allemand.

Le symbole se veut une nouvelle fois éloquent. Aix-la-Chapelle, capitale de Charlemagne, évoque un « ancêtre commun » (son empire englobait la majeure partie de la France et de l’Allemagne actuelles) et un précurseur de l’Europe, il y a 1200 ans. Le symbole résume les grands axes du nouveau traité : franchir un nouveau palier dans l’amitié entre la France et l’Allemagne, et réaffirmer la responsabilité franco-allemande pour l’Europe.

Pourquoi un nouveau traité ?

Des militants de l’association européenne « Pulse of Europe » sont venus à Aix-la-Chapelle acclamer la signature du nouveau traité franco-allemand.
Des militants de l’association européenne « Pulse of Europe » sont venus à Aix-la-Chapelle acclamer la signature du nouveau traité franco-allemand.© picture alliance/Federico Gambarini/dpa

Le traité d’Aix-la-Chapelle ne remplace pas « la coopération et l’amitié » inscrites dans le traité de l’Élysée, qui demeure la base. Il les complète en ajoutant une dimension de plus : c’est un traité de coopération et « d’intégration ».

Pourquoi plus de coopération, pourquoi plus d’intégration aujourd’hui ? Angela Merkel et Emmanuel Macron ont répondu clairement lors de la cérémonie lors de la cérémonie dans la salle du couronnement de l’hôtel de ville d’Aix-la-Chapelle. « Nous le faisons parce que nous vivons à une époque particulière, et parce que cette époque réclame des réponses déterminées, sans ambiguïté, claires et tournées vers l’avenir », a dit la chancelière. « 74 ans – une vie d’homme – après la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout ce qui nous paraissait aller de soi semble à nouveau remis en question ».

Et de citer : « le renforcement du populisme et du nationalisme dans l’ensemble de nos pays », le Brexit, la pression croissante qui pèse sur le multilatéralisme au niveau mondial que ce soit à propos du commerce, du climat jusque dans l’enceinte des Nations unies. « Nous voulons », a dit la chancelière,  »réaffirmer notre volonté d’affronter main dans la main les défis d’aujourd’hui« .

Quelles avancées ?

Le traité comprend 28 articles répartis en sept chapitres. Il s’ouvre sur le titre « Europe » - une volonté très claire, a souligné Angela Merkel. Puis il aborde la paix et la sécurité. D’importantes avancées sont annoncées : le soutien réciproque, y compris par des moyens militaires, le développement d’une culture militaire commune et d’une industrie commune de la défense, une coordination renforcée dans le domaine de la politique étrangère, notamment vis-à-vis de l’Afrique. « Nous voulons apporter notre contribution à l’émergence d’une armée européenne  », a commenté Angela Merkel.

Le traité évoque ensuite les domaines d’avenir – la culture, l’éducation, la recherche, la mobilité, l’environnement, l’économie. Il réaffirme la volonté de Paris et de Berlin d’apporter un élan pour aider l’Europe à aller de l’avant. Sur l’intelligence artificielle, par exemple. En Europe, « nous avons du retard à rattraper dans de nombreux domaines », a souligné la chancelière.

De même, la France et Allemagne veulent franchir un pas supplémentaire dans la convergence de leurs économies pour créer un « espace économique » franco-allemand doté de règles communes. Les signataires n’ignorent pas que c’est une tâche qui sera lourde et complexe. Elle implique, en particulier, d’harmoniser le droit des affaires. Paris et Berlin veulent aussi réfléchir ensemble à l’avenir du travail et faire avancer la transition énergétique.

Les régions frontalières, laboratoires de l’Europe

Une dernière priorité est mise en avant. Elle concerne les régions frontalières, qui sont plus que jamais considérées comme des laboratoires. Le traité les incite, à conduire des expériences transfrontalières pour résoudre des problèmes concrets de la vie quotidienne (santé, transports, crèches, etc.). Il leur donne même le droit de prendre des règlements elles-mêmes. Et il les invite à faire remonter d’éventuelles avancées qui seraient utiles à plus large échelle.

Le traité signé, il reste une dernière question : les responsables politiques et les citoyens s’en empareront-ils pour le faire vivre ? C’est la clé, n’ignore pas Angela Merkel. Pour ce qui est du gouvernement allemand, « la volonté est absolument là », a-t-elle dit. 15 projets concrets ont d’ailleurs d’ores et déjà été retenus par les gouvernements allemand et français pour lancer rapidement la mise en œuvre (voir ci-dessous).

A.L.

Plus d’informations :

Le texte du traité d'Aix-la-Chapelle en version française et allemande

L’agenda franco-allemand : 15 projets prioritaires pour la mise en œuvre du traité d'Aix-la-Chapelle (en allemand)

Discours de la chancelière Angela Merkel (en allemand)

Témoignage d'un couple : sans le traité de l'Élysée, nous ne nous serions probablement pas rencontrés (article et vidéo en allemand)


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