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Traité d'Aix-la-Chapelle : L’ennemi héréditaire appartient au passé

Heiko Maas au cours de l’interview

Heiko Maas au cours de l’interview, © dpa

22.01.2019 - Article

Un nouveau traité d’amitié franco-allemand est signé à Aix-la-Chapelle. Le ministre fédéral des Affaires étrangères, Heiko Maas (SPD), explique dans une tribune publiée notamment dans le quotidien allemand NWZ pourquoi cette relation est si importante.

Emoji pour émoticône. Willkommenskultur pour culture de bienvenue. Lügenpresse pour presse mensongère. Dans l’édition du dictionnaire allemand Duden de 2017 figurent 5000 nouveaux termes qui font aujourd’hui tout naturellement partie de notre vocabulaire. Un certain nombre d’entre eux reflètent l’histoire contemporaine, aussi bien positivement que négativement. D’autres termes qui figurent encore dans le dictionnaire disparaissent de plus en plus de notre langage L’ennemi héréditaire, en allemand Erbfeind, en est un. Des siècles durant, Français et Allemands ont été des ennemis héréditaires. Cette inimitié aveugle a constitué le terreau propice à deux horribles guerres mondiales.

En signant le traité de l’Élysée il y a 56 ans, l’Allemagne et la France tiraient les enseignements d’un passé sanglant et disaient « non » à l’inimité héréditaire, « non » à la guerre et à la destruction. C’était un nouveau départ. La réconciliation fit place à l’entente, et l’entente à l’amitié. Aujourd’hui, nos liens avec la France sont plus étroits qu’avec aucun autre pays.

Mais nous n’avons pas le droit de nous reposer sur nos acquis. Partout dans le monde, la montée des populistes et des nationalistes se fait sentir. Les droits de douane et les litiges commerciaux menacent notre prospérité. Le droit international est ouvertement remis en question. Les crises et les conflits ont des répercussions jusque chez nous en Europe, le débat sur les réfugiés l’a notamment souligné ces derniers temps. À l’heure actuelle, nous avons besoin d’un coude-à-coude encore plus étroit avec la France.

Tel est l’objectif du traité d’Aix-la-Chapelle. Ensemble, nous nous tournons vers l’avenir. Nous mettons l’amitié franco-allemande au service d’une Europe forte et capable d’agir.

Nous invitons tous les partenaires et amis à lutter ensemble pour un monde pacifique et juste et pour un ordre international fondé sur des règles. Mais il est également essentiel à nos yeux d’améliorer très concrètement le quotidien des habitants, dans les régions frontalières par exemple, et d’intensifier la coopération déjà étroite entre nos entreprises et nos administrations. Les crèches, les soins, l’enseignement scolaire et professionnel ainsi que le placement transfrontaliers, les projets d’infrastructure qui nous relient, tout cela fait partie du traité d’Aix-la-Chapelle. En bref : il s’agit de trouver des solutions pour la vie quotidienne qui puissent servir de modèle au rapprochement de l’Europe entière. Nous avons fait disparaître les barrières aux frontières et nous voulons maintenant également surmonter les derniers obstacles bureaucratiques.

La génération de mes parents et de mes grands-parents a veillé à ce que les anciens ennemis héréditaires deviennent des partenaires et amis. Avec le traité d’Aix-la-Chapelle, nous continuons ce chemin. Nous voulons veiller à ce que « ennemi héréditaire » ne fasse plus jamais partie de notre vocabulaire. Et à ce qu’un nouveau terme fasse peut‑être un jour son entrée dans nos dictionnaires pour qualifier la relation franco-allemande, celui d’ami héréditaire.

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