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Femmes-hommes : le long chemin vers l’égalité salariale

Les femmes gagnent en moyenne 18 % de moins que les hommes en Allemagne

Les femmes gagnent en moyenne 18 % de moins que les hommes en Allemagne, © picture alliance / Zoonar | Robert Kneschke

07.03.2023 - Article

Les femmes gagnent en moyenne 18 % de moins que les hommes en Allemagne. A la veille de la Journée internationale des femmes, les appels à établir la parité se multiplient

Ce mardi 7 mars 2023, veille de la Journée internationale des femmes, est la Journée de la paie équivalente (« Equal Pay Day ») en Allemagne. Elle marque le nombre de jours ouvrés travaillés gratuitement par les femmes pour rattraper ce que touchent les hommes. Plus l’écart de rémunération est important, plus elle arrive tard dans le calendrier. En 2009, l’Equal Pay Day est intervenu le 20 mars, deux semaines et demi plus tard qu’aujourd’hui. Mais si cette évolution est une bonne nouvelle, le chemin reste long sur la voie de l’égalité. De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer davantage d’efforts.

Un écart « inexpliqué » de 7 %

Pour y parvenir, il faut d’abord savoir ce que l’on mesure. En Allemagne, les femmes gagnent en moyenne 18 % de moins que les hommes, selon l’Office fédéral des statistiques (destatis). L’inégalité est moindre qu’en 2006 (23 %), mais supérieure à la moyenne européenne (13 %).

Cette différence a plusieurs causes. La première est que les femmes exercent souvent des professions moins bien rémunérées. Selon le « Rheinischer Post » citant une source officielle, les cinq professions les moins bien rémunérées affichent un taux de féminisation de plus de 80%. A l’inverse, les métiers les plus rémunérateurs, y compris les postes de cadres, sont majoritairement exercés par des hommes, à l’exception des professions médicales.

Une deuxième explication réside dans la durée de travail. Les femmes travaillent davantage à temps partiel que leurs collègues masculins. Selon destatis, elles affichent un 121 heures d’activité rémunérée par mois en moyenne, contre 148 pour les hommes. Cela a un impact sur les rémunérations. Les statistiques montrent que c’est à l’arrivée du premier enfant que le décalage s’installe.

Selon les statisticiens, une fois retranchés ces facteurs explicatifs, il reste un écart salarial « inexpliqué » de 7 % entre les femmes et les hommes.

Il faut ajouter à cela que le taux d’emploi des femmes demeure plus faible que celui des hommes. En 2021, 72,1 % des femmes exerçaient en Allemagne une activité rémunérée, contre 79,4 % des hommes.

Ainsi, selon la Fédération des banques allemandes, les femmes disposent en moyenne de 400 € de moins par mois que les hommes.

Des mesures déjà en place

Comment réduire cet écart ? Comment mettre fin aux discriminations ? Des mesures ont déjà été prises. Ainsi, la mise en place d’un salaire minimum en 2015 et son augmentation à 12 € brut de l’heure en octobre 2022 ont principalement profité aux femmes. Depuis 2016, obligation est également faite aux entreprises cotées en bourse de respecter la parité femmes-hommes au sein de leurs conseils de surveillance. Enfin, une loi adoptée en 2017 impose aux entreprises de plus de 200 salariés de justifier en toute transparence les écarts salariaux à poste équivalent.

Des pistes pour progresser vers l’égalité

Mais il faut le constater : ces mesures ne suffisent pas. Il est incompréhensible que les employées de PME de moins de 200 salariés n’aient pas le droit d’être informée sur d’éventuels écarts de salaires, alors que celles de grandes entreprises l’ont, dénonce, par exemple, Ferda Ataman. La déléguée du gouvernement fédéral à la lutte contre les discriminations entend se mobiliser pour que la loi soit généralisée à toutes les entreprises.

Ce n’est pas la seule piste envisagée. Le ministre fédéral du Travail et des Affaires sociales, Hubertus Heil, appelle de ses vœux un droit de poursuite des organisations et des syndicats en cas de discrimination salariale. « Légalement, toute inégalité salariale constitue une discrimination », abonde Mme Ataman. « L’Allemagne ne peut pas se permettre au 21e siècle de continuer à moins payer les femmes que les hommes. »

M. Heil plaide aussi pour accroître le nombre de salariés soumis à une convention collective. « Quand il existe une telle convention, les salaires sont généralement meilleurs », souligne-t-il.

Le gouvernement mobilisé

Preuve que le sujet est pris au sérieux, Olaf Scholz l’a lui-même abordé dans son dernier podcast hebdomadaire. Le chancelier l’a dit : il souhaite poursuivre les efforts « jusqu’à ce qu’il devienne visible à tous les niveaux que les femmes constituent la moitié de la société ».

Il a énoncé ses priorités : la lutte contre le « plafond de verre » dans l’accès aux postes à responsabilités, la lutte contre la pauvreté des femmes seniors, une meilleure répartition des tâches familiales et « les écarts de salaire frappants et inacceptable entre hommes et femmes » sur le marché du travail.

Le chancelier s’en dit « persuadé » : « Quand les femmes auront autant voix au chapitre » que les hommes, « tout le monde (...) en profitera ».

A.L.

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