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En Tanzanie, le président Steinmeier demande pardon pour le passé colonial

Frank-Walter Steinmeier, a déposé une gerbe au memorial park de Songea aux côtés des descendants des héros de la guerre des Maji Maji. Le président allemand a demandé pardon pour les actes de violence commis par les colons allemands au début du 20e siècle

Frank-Walter Steinmeier, a déposé une gerbe au memorial park de Songea aux côtés des descendants des héros de la guerre des Maji Maji. Le président allemand a demandé pardon pour les actes de violence commis par les colons allemands au début du 20e siècle, © picture alliance/dpa | Bernd von Jutrczenka

02.11.2023 - Article

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a rencontré en Tanzanie des descendants de victimes de la guerre des Maji-Maji, l’un des épisodes les plus sanglants de l’histoire coloniale allemande. Il a demandé pardon au nom de l’Allemagne.

Le président allemand a demandé pardon cette semaine aux victimes des exactions commises par son pays en Tanzanie à l’époque coloniale. « Je m’incline devant les victimes de la domination coloniale allemande », a déclaré Frank-Walter Steinmeier, mercredi, au Memorial park de Songea, au sud-ouest du pays. « En tant que président, je voudrais demander pardon pour ce que des Allemands ont fait à vos ancêtres ».

Frank-Walter Steinmeier a entrepris ce voyage en Tanzanie dans l’intention d’engager un travail de mémoire. Il s’est entretenu avec des descendants des héros de la guerre des Maji-Maji. Ce soulèvement de plusieurs tribus d’Afrique orientale allemande, accablées de taxes et contraintes au travail forcé dans les plantations, a été réprimée dans le sang par l’Empire allemand.

La répression s’est accompagnée d’une politique de la terre brûlée. Beaucoup de victimes sont mortes de faim au milieu de champs dévastés, de greniers à céréales incendiés et de fontaines détruites. Au total, cet épisode, qui a été l’une des plus grandes batailles contre la colonisation en Afrique, a fait entre 200 000 et 300 000 victimes entre 1905 et 1907, selon les historiens.

Engager un travail de mémoire commun

Frank-Walter Steinmeier s’est penché sur le sort du chef Songea Mbano. Devenu un héros national, il a été pendu et décapité par les troupes coloniales avec 66 autres combattants.

« Je sais le poids que représente jusqu’à aujourd’hui le destin du chef Songea pour votre peuple, quelle angoisse cela représente pour les membres de sa famille », a reconnu le président allemand. « J’ai compris que cet acte cruel a marqué plusieurs générations et qu’il continue d’impacter les familles ».

« J’ai honte ! J’ai honte de ce que des troupes coloniales allemandes ont fait subir à votre ancêtre, à ses compagnons de lutte et beaucoup d’autres personnes sur le territoire de l’actuelle Tanzanie ».

Selon M. Steinmeier, « qui en sait davantage sur l’histoire coloniale allemande ne peut être qu’être horrifié par l’ampleur de la cruauté qui a accompagné la domination coloniale allemande. »

Le président a regretté que la guerre des Maji-Maji et l’histoire coloniale restent méconnues de la plupart des Allemands. « C’est aussi pour cela que je suis venu à Songea », a-t-il souligné. « Pour emporter ces histoires avec moi en Allemagne, afin que mes compatriotes en soient informés. Ce qui s’est passé constitue notre histoire partagée. […] Nous aussi, en Allemagne, devons faire face à cette histoire afin de pouvoir construire avec vous un avenir meilleur. »

Restitutions

Frank-Walter Steinmeier, assis dans une classe de l’école primaire Maji Maji
Frank-Walter Steinmeier, assis dans une classe de l’école primaire Maji Maji. Le président allemand a achevé son voyage en Tanzanie mercredi en abordant le travail de mémoire du passé colonial allemand et en rencontrant les familles des descendants de victimes de la guerre des Maj Maji, entre 1905 et 1907© picture alliance/dpa | Bernd von Jutrczenka

Le président a fait savoir que ce travail de mémoire comprenait « aussi la restitution de biens culturels et de dépouilles mortelles ». « Ce que nous savons, c’est que de nombreux ossements d’Afrique de l’est ont été transférés en Allemagne, et déposés dans les musées et les collections anthropologiques » avant d’être oubliés, a-t-il expliqué. « Des centaines, voire des milliers de crânes ». L’identification est « très, très difficile », a-t-il regretté. « Mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir ».

C’est la première fois qu’un chef d’État allemand se rend en Tanzanie pour entamer un travail de mémoire sur le passé colonial. Il y a deux ans, l'Allemagne avait déjà officiellement reconnu sa responsabilité dans le génocide des Herero et des Nama, dans l’actuelle Namibie, en 1904-1907.

De 1884 à 1919, l’Empire allemand, puissance coloniale, a possédé plusieurs territoires, notamment en Afrique : Togo, Cameroun, Sud-Ouest africain allemand (actuelle Namibie) et Afrique orientale (actuels Burundi, Rwanda et Tanzanie). L’Empire allemand s’étendait également en Chine (comptoir de Kiautschou) et dans l'océan Pacifique (Nouvelle-Guinée et Samoa).

A.L.

En savoir plus : Discours du président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, (en allemand, anglais et swahili)

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