Bienvenue sur les pages du Ministère fédéral des Affaires étrangères

Déclaration de la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock sur la politique européenne commune en matière d’asile

08.06.2023 - Article

À la suite de la décision adoptée aujourd’hui (8 juin) par le Conseil de l’UE au sujet de la réforme du régime d’asile européen commun, la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock a fait la déclaration suivante :

Au terme de négociations difficiles et après des années d’efforts acharnés, nous nous sommes accordés au Conseil de l’Union européenne sur les grandes lignes d’un nouveau régime d’asile européen commun. L’adoption d’une telle décision s’imposait depuis des années, pour empêcher que ne se renouvelle aux frontières extérieures de l’UE une situation telle que celle que nous avons vue à Moria et pour empêcher que l’Europe ne vole en éclats. Cette décision crée une perspective, celle de mettre fin aux souffrances indicibles aux frontières extérieures de l’UE.

L’accord d’aujourd’hui prévoit désormais, pour la première fois, l’enregistrement de tous les migrants ainsi qu’une solution contraignante et durable mettant en place un mécanisme de solidarité et de répartition. De cette façon, la pression sur les États situés aux frontières extérieures diminuera sensiblement, et les réfugiés provenant de Syrie, d’Iraq ou d’Afghanistan seront enfin répartis en plus grand nombre dans d’autres États membres, ce à quoi très peu d’États membres étaient disposés jusqu’à présent.

Ce compromis est tout sauf un compromis facile. En toute honnêteté, si nous avions pu décider seuls de cette réforme, en tant que gouvernement fédéral, elle n’aurait pas été la même. Mais on fait aussi preuve d’honnêteté en affirmant que ceux qui pensent que ce compromis n’est pas acceptable doivent s’attendre à ce qu’il n’y ait plus aucune répartition de réfugiés ; à ce que des familles et des enfants de Syrie ou d’Afghanistan, qui ont fui la guerre, la torture et les violations des droits humains les plus graves restent bloqués éternellement et sans perspective aux frontières extérieures de l’Union. Un vote contre la réforme ou une abstention de l’Allemagne aurait été synonyme de plus de souffrance, non du contraire.

La partie amère du compromis est celle qui prévoit des procédures aux frontières extérieures pour les ressortissants de pays présentant un faible taux de reconnaissance du statut de réfugié. Sans ces procédures aux frontières, aucun pays, à part l’Allemagne, n’aurait toutefois participé au mécanisme de répartition. En concertation avec la Commission, l’Allemagne a fait en sorte que ces procédures aux frontières ne s’appliquent qu’à une petite partie des migrants – en l’occurrence, à ceux qui n’ont qu’un faible espoir de recevoir une réponse positive à leur demande d’asile. Elles ne s’appliquent pas pour la majorité des migrants qui arrivent aux frontières extérieures de l’Union, c’est-à-dire ceux et celles qui viennent de Syrie, d’Afghanistan ou d’Iraq. Nous nous sommes aussi durement battus, plutôt seuls malheureusement, pour que les enfants et leurs familles soient exemptés de ces procédures aux frontières. La bonne nouvelle est que les mineurs non accompagnés n’y seront pas soumis. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il n’y aura pas d’exemption générale pour les familles. Des règles de protection particulières seront toutefois d’application, notamment au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant.

Si l’Allemagne avait voté aujourd’hui contre ce compromis, en se plaçant notamment du côté de la Hongrie et de la Pologne, cela aurait signifié la mort de toute politique européenne commune solidaire en matière d’asile, pour des années. Et cela aurait été un blanc-seing pour tous ceux qui veulent à tout prix ériger à nouveau des barrières nationales en Europe. C’était un compromis nécessaire, également pour maintenir notre Europe, celle où il n’y a pas de contrôles aux frontières intérieures.

Retour en haut de page