Comment accélérer la transition énergétique dans le secteur des transports, qui demeure l’un des maillons faibles de la décarbonation de l’économie allemande ? Et comment le faire en conservant en Allemagne la production de valeur et les emplois ? Telle est l’ambition de la plateforme stratégique pour la transformation de l’automobile et de l’économie de la mobilité. Ce nouveau format de discussion a réuni cette semaine plusieurs ministres, des responsables des länder et des communes, des représentants syndicaux, des scientifiques et des patrons du secteur de l’automobile et de la mobilité pour une première table ronde autour du chancelier Olaf Scholz. Ils ont réaffirmé l’importance d’accélérer le virage vers la mobilité électrique.

« Les participants sont tombés d’accord sur la nécessité d’une montée en puissance rapide de la mobilité électrique pour permettre au secteur des transports d’atteindre les objectifs climatiques », a résumé Steffen Hebestreit, porte-parole du gouvernement fédéral. « Ils ont confirmé l’objectif de mettre au moins 15 millions de véhicules 100 % électriques sur les routes allemandes à l’horizon 2030. »

Lever les freins

À l’heure actuelle, l’Allemagne compterait un peu plus d’un million de voitures 100 % électriques sur plus de 48 millions d’automobiles, selon une estimation de l’Institut DIW. Les ventes ont été dynamiques l’année dernière. 470 600 voitures électriques ont été achetées en Allemagne en 2022, selon la Fédération des constructeurs automobiles internationaux (VDIK). Le mois de décembre a été particulièrement faste avec 104 000 véhicules électriques et 70 000 véhicules hybrides immatriculés, soit au total 55 % des immatriculations, selon l'Office fédéral des véhicules à moteur (KBA).

Les experts s’attendent à une relative stagnation des ventes en 2023. Depuis le 1^er janvier, en effet, la prime à l’achat est réduite pour les véhicules électriques et supprimée pour les véhicules hybrides. À cela s’ajoutent la hausse du prix de l’électricité, ainsi que des facteurs structurels. Comme le montrent les sondages, l’autonomie demeure la principale préoccupation des candidats à l’achat d’un véhicule électrique. Et surtout, le réseau de bornes publiques de rechargement électrique progresse trop lentement. En novembre 2022, l’Allemagne comptait 72 000 bornes de rechargement, dont 17 000 construites au cours de l’année, indique l’Agence fédérale des réseaux. Sur ces 72 000 bornes, seules 12 000 sont à rechargement rapide.

Infrastructures de rechargement

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Conscient de ces difficultés, le gouvernement a lancé en octobre dernier un vaste « Plan directeur pour les infrastructures de rechargement ». Une enveloppe de 6,3 milliards d’euros a été débloquée pour mettre en œuvre un large éventail de 68 mesures.

Les acteurs du secteur vont redoubler d’efforts pour combler cette lacune. « Le développement et l’exploitation des infrastructures de rechargement sont principalement l’affaire des secteurs de l’énergie et de l’automobile », a souligné M. Hebestreit à l’issue de la réunion.

De plus, selon le porte-parole, « les participants ont réaffirmé l’objectif de mettre les bouchées doubles pour renforcer les infrastructures de rechargement pour les camions. Le gouvernement fédéral va se mobiliser au niveau européen pour aplanir les obstacles. Des normes de CO₂ ambitieuses pour les flottes de camions sont essentielles pour la protection climatique. »

À l’ordre du jour figurait, par ailleurs, un autre enjeu majeur pour les constructeurs : la perturbation des chaînes d’approvisionnement, liée à la pandémie, la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et autres tensions géopolitiques. Enfin, il a été question de la numérisation dans l’automobile. Les participants ont décidé de se mobiliser pour renforcer la compétitivité des constructeurs allemands dans le domaine des logiciels automobiles et de la voiture autonome.
A.L.

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