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Le marché du travail allemand entre manque de main-d’œuvre et menace de stagnation

Le marché du travail allemand à prouvé sa résilience au mois de juin, malgré un contexte économique difficile

Le marché du travail allemand à prouvé sa résilience au mois de juin, malgré un contexte économique difficile, © picture alliance / Jochen Tack | Jochen Tack

04.07.2023 - Article

Malgré une perte de dynamisme, le marché du travail allemand confirme sa résilience. Le taux de chômage (5,5 %) est resté stable au mois de juin. L’emploi résiste aux pressions qui s’exercent à l’heure actuelle sur la conjoncture allemande. Un tour d’horizon.

L’Allemagne comptait au mois de juin 2,555 millions de demandeurs d’emploi. C’est 11 000 de plus qu’en mai et 192 000 de plus qu’il y a un an, selon l’Agence fédérale pour l’emploi (BA). Le taux de chômage est stable à 5,5 %. Mais « les difficultés du contexte économique se font désormais sentir », rapporte la directrice de la BA, Andrea Nahles. « Le chômage augmente, et la croissance de l’emploi s’essouffle »« 

Symptôme de ce ralentissement, le nombre d’actifs en sous-emploi a augmenté de 300 000 en un an. Il s’élevait en juin à 3,409 millions. L’ampleur de la hausse reste toutefois à relativiser. En décomptant les réfugiés ukrainiens en sous-emploi, elle ne serait plus que de 75 000. Quant à l’activité partielle, elle aurait concerné 45 000 personnes entre le 1er et le 26 juin, selon les demandes reçues par la BA.

Un marché du travail résilient

Le marché du travail montre, par ailleurs, de nombreux signes de résilience. Le nombre d’actifs reste très élevé. Il s’établissait à 45,88 millions au mois de mai, un chiffre en hausse de 365 000 sur un an. En avril, 34,66 millions de salariés disposaient d’un emploi soumis aux charges sociales (+ 290 000 sur un an) et 7,47 millions d’un  »petit boulot«  (+ 236 000 sur un an). Parmi ces derniers, 4,2 millions l’exerçaient comme activité exclusive et 3,29 millions comme activité d’appoint.

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée continue, par ailleurs, de transformer le marché du travail. Les entreprises embauchent un peu moins en raison de la conjoncture. Mais le nombre d’offres d’emploi recensées reste très élevé (769 000), malgré une diminution de 108 000 sur un an. Les difficultés de recrutement devraient ainsi limiter le recours aux licenciements en cas de dégradation de la situation économique.

Le sursaut espéré de l’activité se fait attendre

Alors que l'Allemagne est techniquement entrée en récession et que les indicateurs sont moroses, la crainte d'une stagnation économique s'intensifie
Alors que l'Allemagne est techniquement entrée en récession et que les indicateurs sont moroses, la crainte d'une stagnation économique s'intensifie© picture alliance / imageBROKER | Marina Horvat

Toutefois, si le marché de l’emploi se montre résilient, son moindre dynamisme est révélateur de la morosité qui semble s’emparer de la conjoncture. Alors que l’Allemagne est techniquement entrée en récession au début de l’année, la reprise attendue semble pour le moment absente, constatent les observateurs.

Le moteur de croissance de la consommation est en panne : selon le dernier baromètre GfK, le moral des consommateurs faiblit. Une inflation élevée continue à grignoter leur pouvoir d’achat malgré les hausses de salaires négociées par les syndicats.

Le sursaut espéré se fait également attendre du côté du commerce extérieur. Les exportations allemandes ont enregistré une baisse inattendue de 0,1 % au mois de mai, selon l’Office fédéral des statistiques (destatis). Elle s’explique par le ralentissement de l’activité dans l’Union européenne (UE) et aux États-Unis, tandis que les ventes en Chine continuent de progresser. Sur un an, les exportations allemandes ont diminué de 0,7 %. Les importations ont augmenté de 1,7 %.

Quelles perspectives ?

La  »récession technique«  (deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut (PIB), selon les économistes) débouchera-t-elle sur une reprise, une stagnation, voire une faible récession ? Un nombre croissant d’économistes se pose aujourd’hui la question, faute d’apercevoir des relais de croissance susceptibles de faire contrepoids à la morosité ambiante.

Après la baisse du PIB allemand de 0,5 % et 0,3 % au dernier trimestre 2022 et au premier trimestre 2023, beaucoup s’attendaient à une reprise qui tarde à venir. L’inflation persistante empêche le réveil de la consommation. La hausse des taux d’intérêt est un frein à l’investissement. Et le climat des affaires s’assombrit, en particulier dans l’industrie, selon le dernier baromètre Ifo.

Dans ce contexte, certains instituts d’analyse de la conjoncture révisent leurs prévisions à la baisse. Les prévisions les plus récentes, y compris celle de la Bundesbank, évoquent désormais pour l’année 2023 une stagnation ou une légère récession. La baisse du PIB se situerait dans une fourchette allant de 0,3 % à 0,5 %, avant une reprise économique en 2024.

A.L.

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