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Recherche scientifique sur l’antisémitisme : « L’antisémitisme concerne tout le monde »

La ministre fédérale de l’Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger lors du colloque sur l’« Apport de la science dans la lutte contre l’antisémitisme » 

La ministre fédérale de l’Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger lors du colloque sur l’« Apport de la science dans la lutte contre l’antisémitisme », © BMBF/Hans-Joachim Rickel

25.05.2023 - Article

Le Gouvernement fédéral souhaite approfondir la recherche sur l’antisémitisme. Pour la Journée de la Loi fondamentale, des représentants du monde scientifique et de la politique, et de la société civile ont discuté de l’apport de la science dans la lutte contre la haine antisémite.

Aversion, préjugés, dénigrement et, dans le pire des cas, violence contre des juives et des juifs : une évolution qui met en danger les personnes de confession juive et la vie juive, mais pas seulement. La démocratie, la paix et la cohésion de la société sont également menacées. À l’occasion de la Journée de la Loi fondamentale, des représentantes et représentants du monde scientifique et de la politique, des actrices et acteurs de terrain et des membres de la société civile sont réunis à Berlin pour discuter de ce que la science peut apporter dans la lutte contre l’antisémitisme. Comme l’a souligné la ministre fédérale de l’Éducation et de la Recherche Bettina Stark-Watzinger, la date a été choisie à dessein, car la Loi fondamentale et l’ordre de valeurs qu’elle incarne sont « notre boussole ».

La Loi fondamentale tire les enseignements du chapitre le plus sombre de notre histoire, de ce crime contre l’humanité qu’est la Shoah, a déclaré la ministre en ouverture du colloque sur la recherche autour de l’antisémitisme. La mention dès l’article premier du texte constitutionnel de la protection de la dignité humaine résulte d’une volonté délibérée, a-t-elle poursuivi.

« La menace est précise »

Protéger les personnes de confession juive est une mission de l’État, et donc aussi une mission pour elle-même en tant que ministre, mais il s’agit aussi d’un mandat assigné à chaque citoyenne et à chaque citoyen, a précisé Mme Stark-Watzinger. On avance dans la bonne direction, mais l’antisémitisme est encore et toujours là, et c’est une situation préoccupante, a-t-elle ajouté. De nombreuses écoles font état d’insultes racistes ou d’élèves faisant le salut hitlérien dans la cour de l’école. Cela témoigne d’une chose : « La menace d’extrême-droite est là, elle est précise et elle touche aussi des juives et des juifs. »

Cela ne vient pas seulement de jeunes, de marginaux, de radicaux ou d’extrémistes. Cela vient de femmes et d’hommes de tous âges : il s’agit d’un antisémitisme « parmi nous ». Les différences en termes de situation de vie et d’origine sont précisément « un grand sujet », selon la ministre. En recensant plus de 2 600 délits, dont 88 commis avec violence, les statistiques de la criminalité pour 2022 ne permettent pas de baisser la garde, affirme-t-elle.

De nombreuses personnes, dans différentes parties de la population, croient également au récit antisémite sempiternel d’une prétendue influence excessive des élites juives.

Du respect pour l’engagement dans la lutte contre l’antisémitisme

La ministre exprime d’autant plus son respect envers toutes celles et tous ceux qui regardent les choses en face, qui disent quelle est la réalité et, surtout, qui agissent pour changer les choses. Elle a aussi du respect pour leur courage, car l’on peut soi-même se sentir visé quand l’on s’entend dire : « Ce n’est quand même pas si grave », ou : « Tu vas seulement salir notre réputation ». Pour certains, il semble en effet plus facile de regarder ailleurs ou de se taire. « C’est une solution illusoire », affirme Mme Stark-Watzinger. Car ceux qui haïssent et attisent la haine pourraient se sentir renforcés et continuer d’imposer leur discours. Et les personnes qu’ils visent resteraient alors en retrait.

L’éducation et la recherche, sources de connaissance

La lutte contre l’antisémitisme est plus efficace et plus durable si elle s’appuie sur la connaissance issue de la recherche, a souligné la ministre. La science est un partenaire indispensable contre l’antisémitisme, elle peut aider à mieux aller de l’avant.

L’éducation est donc importante pour développer une riposte, pour avoir le courage « d’ouvrir la bouche ». C’est précisément l’école qui peut transmettre ce que signifie la « dignité humaine » et ce que la Loi fondamentale veut dire explicitement en la qualifiant d’« intangible ». C’est pourquoi il est important d’agir à un stade précoce, dans les écoles, estime la ministre. « C’est cela, l’éducation dont nous avons besoin ! »

Des décisions prises sur la base de chiffres, de données et d’une analyse pédagogique sont à cet égard fondamentales. Depuis 2021, le ministère fédéral de la Recherche soutient à cet effet dix réseaux de recherche et un projet d’accompagnement, pour une durée de quatre ans et un budget global de douze millions d’euros.

Une Stratégie nationale de lutte contre l’antisémitisme

La connaissance et l’éducation revêtent une importance capitale dans la lutte contre l’antisémitisme, a également souligné Felix Klein, délégué du Gouvernement fédéral pour la vie juive en Allemagne et la lutte contre l’antisémitisme. Une partie importante de son travail consiste à démonter les préjugés, a-t-il ajouté.

Felix Klein a évoqué dans ce contexte la Stratégie pour la vie juive et la lutte contre l’antisémitisme, adoptée en novembre 2022 par le conseil des ministres fédéral.

Selon Felix Klein, il y a un retard à combler en matière de sensibilité à l’égard de l’antijudaïsme dans les manuels scolaires. « Il y a ici encore des choses qui ne vont pas », affirme-t-il, citant l’exemple d’un manuel de religion datant de 2008 dans lequel la vie juive des garçons et des filles est décrite en fonction de rôles stéréotypés.

Le budget de douze millions d’euros pour la prévention contre l’antisémitisme est aux yeux de Felix Klein « de l’argent bien investi ». Au terme de la période de subvention, en 2025, on aura acquis « des connaissances supplémentaires significatives afin de pouvoir combattre plus efficacement encore l’antisémitisme ».

© Gouvernement fédéral

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