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Pont aérien de 1948/49 : 75 ans après, Berlin se souvient

Suite au blocus de Berlin instauré par l’Union soviétique, les Alliés occidentaux mettent en place un gigantesque pont aérien pour ravitailler Berlin et sa population. Il durera 11 mois, du 24 juin 1948 au 12 mai 1949

Suite au blocus de Berlin instauré par l’Union soviétique, les Alliés occidentaux mettent en place un gigantesque pont aérien pour ravitailler Berlin et sa population. Il durera 11 mois, du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, © picture-alliance / akg-images | akg-images

22.06.2023 - Article

Il y a 75 ans, l’Union soviétique coupait toutes les communications entre Berlin-Ouest et les zones d’occupation occidentales. En réaction, les Alliés mirent en place un spectaculaire pont aérien pendant 11 mois pour ravitailler les Berlinois. Aujourd’hui, la ville se souvient.

L’amitié germano-américaine est à l’honneur à Berlin. La ville commémore samedi le 75e anniversaire du pont aérien allié qui la ravitailla durant onze mois durant le blocus de Berlin en 1948/1949. Elle célèbre simultanément le 60e anniversaire de l’illustre discours du 26 juin 1963 dans lequel le président américain John F. Kennedy déclara « Ich bin ein Berliner ». Une cérémonie officielle et une fête populaire sont prévues. À l’aéroport de Tempelhof, une exposition en plein air intitulée « Des vainqueurs bloqués – Berlin divisé : les 75 ans du pont aérien » ravive le souvenir de l’un des épisodes les plus spectaculaires de la Guerre froide.

Geste fort à l’aube de la Guerre froide

Tout commence le 24 juin 1948. Du jour au lendemain, l’Union soviétique coupe toutes les voies de communication terrestres et maritimes entre Berlin-Ouest et les zones d’occupations occidentales (le territoire de la future République fédérale). Elle réagit à la réforme monétaire qui a introduit le mark allemand dans les zones d’occupations occidentales quatre jours plus tôt. Moscou redoute que cette réforme n’accélère la création d’un État ouest-allemand. Il veut forcer les alliés occidentaux à quitter Berlin.

Soudain isolé du monde, Berlin-Ouest devient un ilot enclavé au milieu de la zone d’occupation soviétique. La famine menace ses 2,2 millions d’habitants. C’est alors que les Alliés prennent une décision impensable : les ravitailler par les airs.

Fin du blocus de Berlin, le 12 mai 1949. Au petit matin, les premiers bus quittent Berlin en direction de la République fédérale, sous les hourras de la population. Sur l’un des bus, on peut lire « Hourra ! Nous sommes toujours vivants. »
Fin du blocus de Berlin, le 12 mai 1949. Au petit matin, les premiers bus quittent Berlin en direction de la République fédérale, sous les hourras de la population. Sur l’un des bus, on peut lire « Hourra ! Nous sommes toujours vivants. »© picture-alliance/ dpa | UP

C’est un pari fou. Mais un pari réussi. Pendant onze mois, à toute heure du jour et de la nuit, 300 avions américains et britanniques vont décoller sans relâche de onze aéroports situés dans les zones d’occupations occidentales en direction de Berlin. Du 26 juin 1948 au 12 mai 1949, ils effectuent plus de 277 000 allers-retours. Ils livrent plus de deux millions de tonnes de nourriture, de charbon et de machines aux Berlinois de l’Ouest.

La cadence est ébouriffante : un appareil de se pose à Berlin-Ouest toutes les 90 secondes. Il faut construire en toute hâte de nouvelles pistes d’atterrissage. Un aéroport entier sortira même de terre : Tegel.

Les mythiques « Rosinenbomber  »…

L’initiative prend de court l’occupant soviétique. Il regarde impuissant les avions alliés quadriller le ciel. Les Berlinois sont ravis. Trois ans auparavant, les avions alliés larguaient des bombes. Ils reviennent en sauveurs. Les enfants guettent les largages de paquets garnis de chocolats, sucreries et raisins secs. Les Berlinois rebaptisent les appareils « Rosinenbomber » (« bombardiers de raisins secs »). Dans la conscience collective, l’épisode devient mythique. Alors que la Guerre froide atteint son premier point culminant, les Berlinois découvrent qu’ils peuvent compter sur les Américains.

Ils en auront une autre confirmation éclatante, quinze ans plus tard. Le 26 juin 1963, un peu moins de deux ans après la construction du mur de Berlin, le président américain John F. Kennedy se rend à Berlin. Dans un discours resté célèbre, il affirme sa solidarité en allemand « Ich bin ein Berliner ». Partout, il est acclamé par la population.

Berlin pour la liberté

75 ans après, la gratitude des Berlinois n’a pas pris une ride. « Nous n’oublierons jamais l’engagement des Américains pour la survie de notre ville », a déclaré cette semaine le bourgmestre-régnant de Berlin, Kai Wegner, en prélude à la double journée de commémoration. « L’histoire de la liberté de Berlin » n’a trouvé une issue positive « que parce que les alliés occidentaux y ont cru et n’ont pas lâché ».

« Pour cette raison », poursuit M. Wegner, « Berlin restera toujours aux côtés de toutes les villes libres menacées par la violence et la dictature. Le soutien mutuel que s’apportent les démocraties libres contre l’agression de tyrannies est plus que jamais d’actualité. En tant que ville libre, Berlin est consciente de la responsabilité qu’elle porte. »

Boris Rhein, ministre-président du land de Hesse, d’où ont décollé un grand nombre de «  Rosinenbomber », est allé dans le même sens. Le pont aérien de 1948/49 « s’est inscrit dans la mémoire collective des Allemands comme un symbole fort de la serviabilité, de la volonté de sacrifice et de la bravoure illimitées de notre amis alliés », a-t-il rappelé.

Cet épisode a également montré que la solidarité demande parfois de l’endurance, a-t-il ajouté. « Dans le contexte de la guerre d’agression sans nom menée par la Russie contre l’Ukraine, le pont aérien de Berlin nous rappelle à quel point il est important de s’engager inconditionnellement pour la liberté et la justice ».

A.L.

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